Les deux font la paire (partie 2)
Moite de sueur, Lola se laissa retomber contre le torse de Kévin. La respiration haletante, les amants restèrent ainsi un long moment, serrés l'un contre l'autre.
— Tu es à moi pour toujours, bafouilla Kévin d'une voix à peine audible.
Il déposa un baiser sur ses cheveux humides avant d’emprisonner très fort son amour dans ses bras, limite à lui faire mal. Puis, fermant les yeux, il inspira profondément et s'imprégna de son parfum et de la chaleur de sa peau. Rassuré, il relâcha son étreinte. Paupières closes, Lola s'abandonna contre son torse qu'elle parcourut de doux baisers.
Quelques heures plus tard, ils prolongèrent leurs caresses en se douchant ensemble.
Le cœur léger, Lola commença ensuite à déballer ses cartons. Kévin lui avait réservé la moitié de son dressing pour ranger ses vêtements. C'était bien plus qu'il ne lui en fallait… la pièce était si vaste. Elle termina son installation dans ce nouveau « chez elle » avec la touche finale : la brosse à dents dans le verre, à côté de la sienne.
Kévin s’affairait en cuisine. Comblée et sereine, la jeune femme le rejoignit.
Il terminait de dresser la table.
— J'espère que tu as faim ? la questionna-t-il, le regard amusé.
Elle opina du chef, n'osant pas lui avouer qu'elle mourrait de faim comme toujours. Il lui décrocha un large sourire puis d’un geste galant, il tira la chaise afin qu'elle s'asseye.
Kévin aimait faire la cuisine. Il était même très doué. La jeune femme fut admirative du repas qu’il avait préparé. Elle était certes, une piètre cuisinière mais elle était un fin gourmet. Elle ne fit qu’une bouchée des délicieuses noix de Saint-Jacques aux poireaux cuites juste à point et du tendre tournedos accompagné de ses fagots d'haricots verts qui lui fondit dans la bouche. Pour le dessert, elle se régala d’une coupe de fraises à la chantilly maison.
Lola se délecta de ce festin de reine.
— Tu as vraiment tous les talents, le félicita-t-elle, essuyant délicatement de sa serviette la commissure de ses lèvres. C'était délicieux !
— Merci, répondit-il, tout simplement.
Ils débarrassèrent la table et firent la vaisselle ensemble puis rejoignirent le salon. Kévin laissa Lola choisir un DVD dans sa vidéothèque personnelle. Elle porta son choix sur « Sur la route de Madison » de Clint Eastwood.
La jeune femme passa ainsi son après-midi, la tête posée sur l'épaule de son compagnon, une boîte de kleenex à portée de main.
*****
Au matin, ils se préparèrent respectivement pour leur journée de travail. Kévin était en retard, il avala un café vite fait, attrapa sa sacoche de documents puis embrassa Lola.
— Bonne journée ! À ce soir ! Je t'aime ! lui lança-t-il avant qu’il ne file.
Lola lavait les tasses du petit-déjeuner dans l'évier. Elle souriait bêtement, se moquant d’elle intérieurement.
« Ce que j’ai pu être stupide d'appréhender cette vie à deux. Ce n’est pas si terrible finalement. L'appartement est agréable, spacieux et Kévin est adorable avec moi. Il est l'homme parfait ! Il est mon prince charmant ! J’aurais vraiment été folle de prendre le risque qu'il me quitte, juste parce que je manque de confiance en l'avenir mais surtout en moi. Je tiens à lui bien plus qu'à ma propre vie. »
À l'instant précis où elle prit conscience de cette vérité, elle sut qu'il avait gagné. Elle lui appartenait… corps et âme !
*****
Lola gara sa voiture sur le parking privé réservé aux employés. Elle empruntait la porte de service au moment où Fanny et Sylvia arrivèrent. Toutes les trois prirent un « Expresso » dans la salle de repos. Après les avoir saluées, Monsieur Meyer actionna le rideau métallique de la devanture de la boutique.
La jeune femme habillait un mannequin dans la vitrine d'un magnifique chemisier de soie lorsque son supérieur la prit au dépourvu.
— Je vous trouve radieuse Lola ! Vous avez passé un excellent week-end ?
— Oui Monsieur, un excellent week-end. Merci Monsieur.
Il la fixa un court instant le regard amusé puis il tourna les talons sans attendre particulièrement d’explications. Il se dirigea aussitôt vers la caisse où une cliente attendait d'être encaissée.
Interloquée, Lola le regarda s'éloigner avec des yeux ronds comme des billes. Ça se voit tant que ça ? pensa-t-elle en rosissant légèrement. Elle était si heureuse, si amoureuse ! Comment faire taire le langage de son corps ?
La journée défila lentement. La clientèle était peu nombreuse. L’après-midi, Lola fut chargée d'inspecter les stocks et éventuellement de passer commande des articles manquants aux fournisseurs.
Elle aurait mille fois préféré le contact humain des quelques clientes venues mais les ordres étaient les ordres ! Puis elle devait se familiariser avec toutes les ficelles du métier si elle voulait progresser. Elle passa donc son après-midi, les yeux rivés à l'ordinateur, sous l'œil formateur de son responsable.
Son travail terminé, Monsieur Meyer l'autorisa à sortir plus tôt. Pour peu, Lola l'aurait embrassé tellement elle était contente mais elle s'abstint de ce geste de familiarité déplacé. Elle se contenta donc de le remercier tout en massant sa nuque endolorie par sa position statique devant l'écran.
Arrivée à l'appartement, Lola était vermoulue. Rester assise une bonne partie de la journée devant un PC était un vrai supplice… Elle qui ne tenait pas en place une minute.
La jeune femme fila directement dans la chambre où elle se dévêtit à la hâte puis se dirigea vers la salle de bain. Elle se fit couler un bain aux sels relaxants. Elle avait tant besoin d’évacuer la tension accumulée dans ses muscles. Immergée dans l'eau chaude, elle se détendit, enfin. La tête appuyée sur le rebord de la baignoire, elle ferma les yeux, recouvrit ses paupières d'une serviette chaude et se laissa envahir par la fragrance de la lavande.
Vingt minutes plus tard, elle sortit de l'eau avant de finir fripée comme un pruneau. Elle passa une tenue décontractée : jean et tee-shirt puis brossa sa chevelure qu'elle laissa cascader sur ses épaules. Elle termina en appliquant quelques gouttes de parfum derrière le lobe de ses oreilles et à l'intérieur de ses poignets.
De retour dans le salon, elle inséra un CD dans le lecteur. Des accords de rock du groupe anglais Muse résonnèrent aussitôt dans l'appartement. Dans la cuisine, Lola chantonnait et bougeait au rythme de la musique en préparant le repas du soir. Elle prépara quelque chose de simple, espérant que cela convienne à Kévin. D’ailleurs, il n'allait pas tarder à rentrer du travail.
Il était dix-neuf heures. La jeune femme débouchait une bouteille de vin lorsqu'elle entendit les clés dans la serrure. Kévin jeta sa sacoche sur le canapé et la rejoignit.
— Bonsoir mon amour ! Tu as passé une bonne journée ? lui demanda-t-elle dès qu'il eut franchi la porte.
Son homme se plaça dans son dos, enlaça sa taille de ses bras, glissa ses mains sur son ventre et enfouit son visage dans son cou. Il ferma les paupières et respira profondément son parfum. L’odeur de sa peau lui avait tellement manqué.
— Je suis crevé ! Je n'avais qu'une envie, c'était d'être auprès de toi après cette rude journée, lui chuchota-t-il en l'embrassant dans le creux de l'épaule.
Lola se retourna, posa ses mains à plat sur son torse et, se hissant sur la pointe des pieds, elle pressa ses lèvres contres les siennes.
— Va t'installer sur le canapé, je t'apporte un verre de vin, ordonna-t-elle gentiment.
Elle le rejoignit au salon avec deux verres de vin blanc qu'elle posa sur la table basse. La tête renversée sur le divan, Kévin, les yeux grands ouverts, scrutait le vide. Il semblait absent, totalement perdu dans ses pensées. Dans un piètre sourire, il se redressa lorsque Lola s'approcha. La jeune femme l'observa un instant : son visage était marqué par la fatigue. Elle s'assit alors dans son dos et encercla sa taille de ses longues jambes. Elle commença à masser délicatement ses larges épaules nouées par le stress puis ses mains effectuèrent une pression circulaire tout le long de sa colonne vertébrale. Ses muscles s'assouplirent et petit à petit Kévin se sentit mieux. Il se détendit et la tension de la journée se libéra comme par magie.
— Tu te sens mieux ? souffla-t-elle contre son oreille.
— Hum… Merci… C'était divin ! Tu as des doigts de fée !
Contente d'elle, la jeune femme lui offrit un sourire radieux et porta son verre de vin à ses lèvres.
Ils décidèrent de dîner au salon. Lola s'excusa pour la simplicité du repas préparé : croque-monsieur et salade verte mais cela convenait parfaitement à Kévin. Il lui avoua n'avoir pas très faim. Elle lui promit, tout de même, de faire mieux une prochaine fois.
— Du moment que tu es à mes côtés… tout me va, la rassura-t-il, les yeux débordants d'amour.
Lola sentit le feu lui monter jusqu'à la pointe de ses oreilles. Gênée, elle baissa la tête. De son index, Kévin lui souleva le menton et appuya ses lèvres sur les siennes mais il ne put retenir un rire taquin devant sa mine rouge. Pour toute réponse, il reçut un petit coup de coude.
La soirée se passa agréablement. Chacun raconta sa journée à l'autre. Lola fut très impressionnée d'apprendre que Kévin et son équipe, dont Lucas faisait partie, travaillaient sur la conception d'un logiciel qui promettait une révolution dans l'informatique à sa sortie. Pourquoi ? Comment ? Cela échappa à la jeune femme pour qui, tout ce jargon était pareil à la lecture de hiéroglyphes mais elle ne se lassait jamais de l'écouter parler. Il était si passionné et passionnant !
— Et toi ? Comment s'est passée ta journée ? s'enquit-il auprès d'elle. Tu me sembles aussi crevée que moi.
À son tour, elle lui commenta sa journée. Bien qu'elle sache que toutes ces histoires de chiffons lui étaient obsolètes, Kévin s’intéressait vraiment à ce qu'elle racontait mais elle observa qu'il était encore bien plus fasciné par le mouvement de ses lèvres.
Si ce n'est pas de l'amour ça… ça y ressemble beaucoup, songea la jeune femme, amusée.
À onze heures, tout le monde était au lit. Rassérénée contre son torse chaud, Lola plongea rapidement dans un sommeil paisible.
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