La nuit fut longue pour nos deux glorieux héros. Arthur n'eut de cesse de se lever à intervalles réguliers, persuadé d'avoir entendu un bruit craquer à l'étage, terrifié à l'idée de regarder sous son lit ou d'aller aux toilettes. Tartiflette ne l'a pas quitté pas d'une semelle, ce qui le rassurait et l'énervait en même temps !

• Psshi ! Zou ! Laisse moi vivre ! ..... Non.. attends ! Reviens !

Répétez cette boucle, à raison d'une tirade toutes les trente-trois minutes, et vous aurez un bon résumé de la nuit passée. Heureusement qu'on est dimanche ! Le soleil arriva tard, comme à son habitude en fin d'année. Arthur attendait ses premiers rayons avec espoir, la couette remontée jusqu'au nez en surveillant les ténèbres de sa chambre. Dès qu'il put voir la pièce commencer à s'illuminer, il bondit hors de son lit ! Avec la lumière s'évapora ses peurs de la nuit.

La matinée passa tranquillement. Il récupéra même une petite heure de sommeil sur son canapé en regardant une quelconque série à la télé. Enfin, vers 11h, il sortit de chez lui pour voir si la fameuse lettre était toujours là.

Il avait encore neigé cette nuit. La neige fraîche avait effacée les traces de la veille et c'est donc en terrain vierge qu'Arthur évolua jusqu'à sa boite aux lettres. Lorsqu'il l'ouvrit... rien ! Quelqu'un l'a prit ! Il regarde tout autour de lui, s'attendant à voir surgir une créature de derrière une butte de neige ... Rien.

Enfin, si.

Il y a d'autres traces de pas dans la neige. Ni une, ni deux, il se mit sur cette piste. Il finit par arriver devant une autre maison de sa rue, face à la postière ! Elle était en train de placer délicatement un colis dans son réceptacle et ne l'a visiblement pas entendu arriver.

• Dites ! Elle se retourne en sursautant et l'observe de ses grands yeux verts où perce une sourde colère.
• Le garçon au chat noir ! Prévenez quand vous arrivez dans le dos des gens ! Elle le repousse du plat de la main. Arthur vacille, mais est trop absorbé par son mystère pour se vexer.
• Oui désolé. Enfin, euh... C'est vous qui avez pris la lettre ?
• Quelle lettre ?
• Celle dans ma boite aux lettres !
• Oui je me doute bien que vous parlez de votre boite aux lettres vu que vous causez d'une lettre !
• Et ?
• Que dalle.

Elle lui répond en croisant les bras, les lèvres pincées. Elle est clairement en colère, voir carrément furieuse. Arthur en oublie son problème l'espace d'un instant pour poser la question la plus bête du monde.

• Ça va ? Elle lève les yeux au ciel en soupirant.
• A votre avis ? On est dimanche et je me coltine une tournée dans le froid.

Elle qui était si gentille à leur première rencontre... Arthur se recroqueville sur lui. Sa tête de chien battu doit fonctionner vu qu'elle se calme aussitôt. Elle paraît honteuse de ses actes, s’excuse.

• Désolée… C’est cette nouvelle politique de la maison mère pour contrer ces maudites livraisons… on livre sept jours sur sept depuis le 19 novembre…
• Ah... moi, je commande rien… trop d’emballage.
• Oh ? Monsieur a une conscience enviro' ? Elle sourit.
• Euh... Bah ouais ! Pas t.. v-..vous ? Il bafouille, elle se met franchement à rire, un son joyeux qui casse le silence les entourant.
• Bah oui, comme tout à chacun ! Elle pousse un autre soupire, mais plus détendu que le premier. Bon, je vais m'y remettre. Elle commence déjà à se détourner.
• Et puis… ça me permettra de vous voir tous les jours comme ça ! Il ne sait pas pourquoi il a dit ça, rougit d'un coup, on pourrait le confondre avec une boule de Noël. Elle l'observe en biais, l'embrasse sur la joue puis s'éloigne avant qu'il ne comprenne ce qui vient de lui arriver.

"Scrch scrch scrch..." font ses pas dans la neige. Elle a laissé le garçon sur place. Ce dernier pose une main sur sa joue, surpris. Il prend la direction du chemin de retour, marchant comme dans un rêve. Il en a totalement oublié son histoire de lettre.