L'amitié, la sociabilité, les groupes, voilà des phénomènes qui construisent la société. Généralement, chaque homme et chaque femme a ce qu'on appelle un périmètre. Il s'agit d'une zone que les autres personnes ne doivent franchir sous aucun prétexte. C'est une règle universelle, absolue et qui date de la nuit des temps. Mais qu'est-ce qui transcende cette règle ? C'est ce phénomène étrange que l'on appelle l'Amitié. Un lien entre deux personnes qui se forge au cours du temps et qui, peu à peu, devient indéfectible. Lorsque les relations deviennent de plus en plus fortes, l'amitié se mue en amour. Lorsque l'amitié se forme entre plus de deux personnes, on assiste à la naissance d'un groupe. Il s'agit là de quelque chose de beau et de poétique. Mais est-ce vraiment indispensable ?

 Il y a bien longtemps, le philosophe Aristote disait que l'homme est un animal grégaire, qu'il vit pour créer des groupes et être sociable. S'il disait vrai, cela voudrait-il dire que je ne suis pas humain ? D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais ressenti le besoin, ni même l'envie de me faire des amis ou d'intégrer un groupe. Être avec les autres, vouloir faire quelque chose tous ensemble, voilà ce que la plupart des personnes de mon âge aspirent à faire. Malheureusement – ou fort heureusement – ce n'est pas mon cas. Aussi ai-je une devise qui, selon moi, résume bien mon mode de vie :

« La solitude est le remède à tous les maux ».

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 C'est avec cette pensée que je marche vers le lieu dans lequel je vais passer au moins trois ans : la Cité Étudiante. Cet endroit pourrait aussi bien être une ville entière. Au total, une école primaire, un collège, deux lycées, une université, un conservatoire musical et un laboratoire de recherche constituent cet énorme campus, en plus des multiples boutiques et centres de loisirs. Toute personne qui désire un avenir radieux et une insertion professionnelle assurée y postule. Le cœur intellectuel du Japon bat dans cet endroit hors du commun.

 L'établissement dans lequel je me suis inscrit est le Lycée Nishi. Il est en concurrence avec le Lycée Higashi mais la seule raison pour laquelle je l'ai choisi est qu'il n'y a pas de concours d'entrée. Ainsi, il sert à regrouper les étudiants moins bons plutôt que de les confronter aux excellents étudiants qui vont généralement dans l'autre lycée.

 Tout autour de moi, des groupes d'amis marchent, crient, rigolent, se disputent et parlent de leurs vacances. Les cerisiers sont en fleur à cette époque de l'année, et ils délivrent une pluie rose au premier abord magnifique mais qui s'avère vite dérangeante lorsque les pétales viennent à la rencontre de mon visage. Ce genre de cliché de manga me déplaît beaucoup et c'est donc avec une mine assez remontée que j'entre dans l'établissement. Mes yeux se tournent brièvement vers la liste de répartition des classes : 1-B, c'est donc là que je vais passer mon quotidien. Après avoir pris connaissance de cela, il est temps pour moi de me diriger vers le gymnase. La cérémonie d'ouverture va bientôt commencer.