Absent

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 Le soleil est sur le point de faire profil bas. Yamatori était parti du domaine Horikawa en courant, laissant le président pensif et intrigué. Où donc se précipitait le jeune homme ? Cette question lui triturait l’esprit, mais il avait du travail à faire. Il lui fit confiance et alla rejoindre les invités qui arrivaient.

 De plus en plus de nobles, de riches, d’aristocrates peuplaient les lieux. Une des innombrables salles de la maison était réservée à ce genre d’évènement. Il est courant d’organiser des réceptions lorsque l’on est un homme influent. Le président de la Cité Étudiante se devait de montrer une bonne image de lui.

 Sa fille, quant à elle, était bloquée dans une chambre, avec plusieurs domestiques qui l’aidaient à se préparer. La jeune lycéenne détestait cela, elle préférait de loin porter des vêtements simples plutôt que des robes de soirée. Se maquiller n’était aussi pas vraiment dans ses habitudes. Malheureusement pour elle, il fallait se faire violence, sous peine d’entacher la réputation de sa famille et de son père. En soupirant, elle enfila sa robe après s’être lavée. Les domestiques l’examinaient sous toutes les coutures, dans le but d’avoir un résultat parfait. Nakashima était comme un produit que l’on allait exposer en vitrine, il lui fallait être la plus belle, car cette réception était en son honneur.

 Alors que la jeune fille se maquillait, sa mère entra dans la chambre. Nakashima alla à sa rencontre pour lui demander si tout était prêt.

  • Oui, ma chérie, nous avons tout préparé avec ton père, répondit la mère avec douceur, tu es vraiment la plus belle…
  • Arrête, Maman, c’est embarrassant ! J’aime pas trop ce genre de vêtements…
  • Ça te va pourtant tellement bien…
  • Merci… Et Yamatori, il fait quoi ?

Le visage de Murasaki se crispa au simple fait d’avoir entendu ce nom.

  • Yamatori… Qu’est-ce que tu lui trouves ? Tu es amoureuse de lui ?
  • Hein ?! Non pas du tout ! C’est juste qu’il m’a beaucoup aidée, et je lui en suis reconnaissante… répondit-elle en rougissant.
  • Il est asocial, misanthrope et fainéant, il n’a vraiment rien pour lui…
  • Ça se voit que tu le connais pas, maman ! Il est intelligent, fort et gentil !
  • J’en doute… Il ne t’a même pas amené de cadeau…
  • Ah bon ? Bah… en même temps on l’a prévenu assez tard… C’est pas grave, c’est pas comme si je manquais de quoi que ce soit ! dit-elle avec un grand sourire.

 La mère embrassa sa fille avant de quitter la pièce. Elle alla voir les invités qu’elle salua humblement, de ce sourire figé qu’elle affichait en permanence. Presque tout le monde était là, il ne manquait plus que la personne à l’honneur : Nakashima Aiko.

 Cette dernière se dépêcha de se préparer en vitesse lorsqu’elle réalisa qu’elle était en retard, avant de descendre enfin rejoindre les autres. Elle les accueillit chaleureusement, puis monta sur une petite estrade qui lui était réservée. Elle chercha Yamatori du regard sans le trouver. Son père semblait lui aussi le chercher.

  • Tu sais où est Yamatori, Papa ?
  • Non, il est parti en courant tout à l’heure en disant qu’il allait te chercher un cadeau mais il n’est pas revenu, je commence à m’inquiéter…
  • C’est vrai que c’est bizarre mais bon, faisons lui confiance, il reviendra sûrement !
  • Oui, tu as raison.

 La fête se déroulait sans encombres. Les invités étaient tous enjoués et l’ambiance était bonne. Adrian Bambel, le garçon anglais qui avait tant énervé Yamatori, se pavanait dans tout la salle, faisant des éloges de sa fortune qu’il a héritée de son père, un noble ami de Horikawa.

 Il décida d’aller parler à Nakashima, qu’il espérait courtiser.

  • Good evening, Nakashima Aiko ! Je vous souhaite un joyeux cumpleaños !
  • Oui… Bonsoir, Bambel… répondit la jeune fille.

Elle avait toujours eu du mal avec ce personnage excentrique et c’est pourquoi elle n’était pas emballée à l’idée d’entretenir une conversation avec lui.

  • Combien de years, cela vous fait-il, my sweet honey ?
  • Euh, seize ans…
  • Magnifico ! Nous avons le même âge ! J’ai hâte que vous découvriez le geschenk (cadeau) que je vous ai amené !
  • Euh… Oui… Merci...

Il tenta de lui baiser la main mais le président l’en dissuada d’un simple regard.

 La soirée passa vite, le moment que tout le monde attendait arriva : l’ouverture des cadeaux. Cela ressemblait plus à une compétition qu’à un véritable anniversaire. Les invités étaient plutôt là pour étaler leur richesse. Il était donc question de celui qui allait le mieux satisfaire Nakashima. Cependant, il manquait une personne à l’appel.

  • Attendez, et Yamatori Kei, il n’est toujours pas là, on ne peut pas commencer sans lui ! déplora la jeune fille.

Les autres réagirent alors.

  • Yamatori ? C’est une famille connue ?
  • Qui cela peut-il être ?
  • Quelle impolitesse de ne pas être à l’heure !

Soudain, Adrian Bambel s’avança au milieu de la salle.

  • Yamatori Kei ? C’est ce young roturier ? Pourquoi devrions nous nous inquiéter ? S’il n’est pas là, c’est juste qu’il a eu peur du monde des rich people !
  • Oui, c’est vrai ! ajoutèrent les autres nobles.

Le président se tourna alors vers sa fille. La mère était restée silencieuse depuis le début.

  • Ce n’est pas grave, ma fille, nous n’avons pas le choix, il faut commencer, il t’offrira son cadeau plus tard. De toute façon, il préférerait sûrement être éloigné de ces gens, non ?
  • Hmm… Oui, tu as raison !

 La « cérémonie » de remise des cadeaux commença donc. Le premier à passer fut le jeune anglais, Adrian Bambel.

  • Here it is ! Voilà pour vous, my dear Aiko !

Il frappa alors deux fois avec ses mains comme pour appeler quelqu’un, puis un domestique rentra dans la salle, en poussant une sorte de chariot qui portait un grand objet recouvert d’un drap blanc. Il faisait environ trois mètres et impressionnait toute l’assemblée. Adrian tira le drap d’un coup, ce qui dévoila une grande statue à l’effigie de Nakashima, une statue entièrement faite d’or.

  • J’ai vu les choses en grand ! Rien n’est jamais trop bien pour vos beaux yeux, honey !

Tout le monde resta bouche bée. Les invités étaient tous impressionnés.

  • Il est allé loin, cette fois !
  • Cela va être difficile de faire aussi bien…

Adrian s’approcha de Nakashima avant de lui poser la main sur l’épaule.

  • Alors ? Ce present est-il à votre goût ?
  • Euh… Eh bien…

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. La porte s’ouvrit et un garçon aux cheveux noirs entra dans la salle. Ses yeux bleus ne reflétaient aucune lumière, aucune émotion n'en ressortait. Ses vêtements étaient déchirés et sales à plusieurs endroits. Les mains dans les poches, il s’avança jusqu’à la statue en baillant. Nakashima se mit à sourire : c’était Yamatori Kei qui était enfin là.

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