Les messagers de Fafnir

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J'ouvris les yeux dès le premier chant du coq. Chovsky était déjà debout, achevant de sangler son armure. Me voyant réveillé, il jeta un œil sur moi.

— Ah, Erik. Enfin, tu es réveillé. Il faut partir, si on veut arriver à Zatchevo bien avant que le jour s'obscurcisse.

Il avait raison. N'ayant aucune envie d'affronter Ulfasso dans le noir, je sautais rapidement hors du lit. Au passage, mon capitaine me saisit par la tignasse, puis il me colla un baiser langoureux.

— C’est peut-être la dernière fois qu’on se retrouve dans une chambre si confortable tous les deux, murmura-t-il avec un sourire en coin, irrésistible. Il faut en profiter, tu ne crois pas ?

Je ne me fis pas prier. Chovsky garda son armure, mais il défit le laçage de cuir de sa braguette pour en sortir son vit, déjà raide. Je m’agenouillai en face de lui pour le saisir dans ma bouche : Chovsky se laissa faire en rejetant la tête en arrière, mais il m’arrêta rapidement pour me pousser contre le lit. Là, il me prit, à quatre pattes, comme une captive de guerre. Il parvint au faîte du plaisir en même temps que moi, et couvrit mon cri d’un long râle rauque.

Nous avalâmes un copieux déjeuner en quatrième vitesse, puis quittâmes l'auberge, avec des provisions pour la route. Chovsky n'acheta pas de nouveaux chevaux, ne trouvant pas ceux de l'aubergiste assez bons et préférant garder les nôtres, encore en bonne condition, pour aujourd'hui. Grimpant sur sa monture, il quitta la cour de l'auberge au petit trot, moi à sa suite.

La région, assez désolée, annonçait les Carpates dont nous pouvions voir les premiers sommets au loin. Chovsky, qui se sentait d'humeur poétique face à la givrée blanche qui habillait les champs, se mit en devoir de me raconter les légendes de chez lui.

— Sais-tu ce qu'on dit, en Tartarie, sur les montagnes ? me lança-t-il en me jetant un coup d'œil enjoué par-dessus l'épaule. On dit qu'elles sont le corps de dragons endormis. Chaque sommet est un morceau émergeant du corps serpentin de ces créatures célestes...

Avec ses yeux d'un bleu de mer, éclairés par la lumière du soleil du matin qui émergea soudain de derrière les montagnes, Chovsky semblait songer aux verts pâturages de sa région natale. Je savais qu'il n'y était pas retourné depuis qu'il l'avait quitté à quinze ans, pour monter à Moscou embrasser le glorieux destin qui était sien. Maintenant, il en avait vingt-six.

— Et toi, Erik, qu'est-ce qu'on dit sur les montagnes dans ton pays ?

Je baissai la tête, alors qu'apparaissaient sous mes yeux les lacs immenses, les fjords majestueux et les sommets enneigés du pays où j'étais né et où j'avais grandi. Reverrais-je un jour ce paysage taillé par la main des dieux ? J'en doutais quelque peu.

— Au nord de la Suède d'où je viens, répondis-je en levant à mon tour les yeux sur la ligne des Carpates devant nous, on dit que les montagnes sont creuses, et qu'elles abritent des mines immenses, peuplées par des nains qui creusent sans relâche jusqu'aux profondeurs de la terre pour en extraire des métaux rares et précieux. Leurs forêts denses sont habitées par les älfes, des créatures supérieures à forme humaine, et c'est de leur sommet qu'on peut gagner Asgard, la demeure des dieux, en empruntant le bifrost, le pont de l'arc-en-ciel. Quant aux pics vraiment escarpés, aux formes étranges, on dit généralement que ce sont le corps des trolls pétrifiés, ou de géants figés pour l'éternité par Odin dans l'attente du Ragnarok, la fin des temps. Il y a une forêt pétrifiée près de chez moi, on dit que c'est toute une armée d’Ases, des héros épiques, qui a été figée là par le roi des dieux pour être réveillée lors de l'ultime bataille contre le dragon Fafnir. Un rocher énorme, de forme particulière, est même donné pour être le marteau de Thor lui-même, et c'est pourquoi on a appelé mon village Trondheim, qui signifie dans ma langue « pays du marteau ». C'est avec ce marteau que Thor pourra contrôler le loup Fenrir, celui qui, seul, pourra venir à bout de Fafnir.

Je me tus enfin, m'étant aperçu que mon ami avait ralenti pour se mettre à mon allure, et qu'il m'écoutait en silence.

— Désolé, murmurai-je. Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça… Je crois que mon pays me manque, finalement.

Chovsky me regarda, une expression enthousiaste sur le visage.

— Mais non, Erik ! s'écria-t-il. Ne sois pas désolé ! Les légendes de ton pays sont magnifiques… Et tu racontes tellement bien ! J'ai vraiment cru voir ces paysages apparaître devant mes yeux, avec le bikrost ou je ne sais pas comment tu as dis. C'est merveilleux Erik, tu devrais devenir poète !

Je souris, rougissant à son compliment.

— Le bifrost, corrigeai-je gentiment. Oui, c'est ce que je voulais faire au début, devenir scalde, c'est-à-dire un conteur qui raconte des histoires épiques en les chantant aux autres avec un luth. Mais ce sont les sagas, les histoires de chez moi, qui m'ont poussé à quitter mon village pour m'engager dans l'armée. Je voulais devenir un héros… Au départ, j'étais parti pour n'être qu'un simple forgeron, et non un guerrier digne de ce nom.

— Et tu le seras, sois-en certain, dit gravement Chovsky. Ulfasso lui-même me disait toujours… Non, oublie Ulfasso. En tout cas, tu en as toutes les capacités. Il te suffit juste de grandir un peu… Tu es jeune, Erik. Moi aussi, à ton âge, je voulais devenir un héros, et c'est pour ça que je suis monté à Moscou. J'ai pris avec moi l'honneur de mon père, ce yatagan qu'il m'a confié, et je me suis imposé là-bas, à la force de mon bras. Toi aussi, Erik, tu pourras faire tes preuves. Tu as déjà montré un grand courage, à de nombreuses reprises.

— Je ne suis pas fait de l'étoffe des héros, Anton, lui avouai-je. Je le sais, maintenant. Moi, je suis celui qui observe et raconte, c'est tout. Pas celui qui court au combat le sourire aux lèvres et y verse son sang… Je suis faible, et je… j'ai peur. J'ai terriblement peur.

Ce dernier posa sur moi un regard grave.

— C'est précisément cela qui fait de toi un héros, Erik, dit-il gravement. Tu arrives à surmonter ta peur, tu l'affrontes et la regardes en face. C'est là précisément ce qu'on appelle courage. Celui qui ignore la peur n'a pas le cœur empli de ce sentiment.

— Je ne sais pas si j'aurais le courage d'affronter notre général, Anton, murmurai-je en réponse.

Chovsky plissa les yeux, le regard à présent tourné sur les montagnes qui se rapprochaient.

— C'est moi qui me charge d'Ulfasso, répondit-il. Toi, tu restes en retrait, et tu ne me seconderas que si c'est nécessaire.

Vers midi, nous arrivâmes enfin en vue de la forêt dont nous avait parlé l'aubergiste. Elle se dressait, immense et dense, juste en face de nous.

— Les messagers de Fafnir, remarquai-je tout haut en apercevant une volée de corbeaux au-dessus des arbres, bien enfoncés dans la forêt.

— Chez nous, les corbeaux sont de bon augure, fit Chovsky rapidement, ignorant mon air préoccupé. Allons-y Erik, il nous faudra du temps pour traverser cette forêt.

Nous prîmes sur la droite, quittant la route, et nous y entrâmes. À l'intérieur, elle n'était pas si sombre qu'elle en avait l'air de prime abord. C'était les chênes, les peupliers et les sapins, qui gardaient leurs feuilles consistantes même en hiver, qui l'avaient fait paraître sombre. Mais à l'intérieur, il y avait de nombreux arbres blancs, sans feuilles, aux branches délicatement dentelées de givre.

Sa densité ne nous permettant pas de la traverser au galop, nous restâmes au pas, admirant en silence sa beauté glacée, qui semblait bien éloignée des préoccupations terrestres qui nous habitaient. Elle comptait en effet des arbres centenaires et vénérables qui, ignorant les conflits de ce monde, attendaient paisiblement la fin de ce dernier.

— Chez nous, reprit Chovsky, on dit que les arbres sont vivants. Nos chamans peuvent leur parler, et à ceux qui savent écouter leurs murmures, ils apprennent des secrets bien gardés.

Je hochai la tête. Dans ma Carélie natale, on disait la même chose. Je devinais que cela devait être partout pareil. Les arbres sont les poumons de notre planète, l'expression même de sa force de vie.

— J'ai peine à croire qu'Ulfasso soit passé par là, fis-je, changeant de sujet. Je ne sens pas sa présence.

Chovsky se tourna vers moi :

— Comment ça ? Tu peux sentir sa présence ?

— Oui… Ici, c'est trop paisible.

Chovsky retourna la tête devant lui, gardant le silence. Face à nous, la forêt perdait de sa lumière, devenant plus dense, et ses arbres, plus hauts. De nombreux rochers couverts d'une mousse épaisse gênaient notre progression. Soudain, surgit devant nous un grand surplomb, surmonté par les ruines d'un bâtiment antique : quelques colonnes mousseuses, une arcade à demi écroulée.

— Arrêtons-nous là pour manger, décida Chovsky. Il nous faut nous restaurer, et reposer un peu nos chevaux.

M'arrachant à la contemplation de ces ruines étranges, je me tournais vers mon capitaine. J'étais admiratif de son sang-froid et de son sens du commandement : même maintenant, il gardait les pieds sur terre.

Chovsky et moi contournâmes le surplomb par la droite, y accédant par une pente aiguë au sol tapissé de feuilles mortes. Plus d'une fois, mon cheval faillit buter sur les pierres qui hérissaient cette montée, et je souhaitais soudain avoir l'un de ces épais poneys de chez moi. Mais Chovsky n'eut aucune difficulté, et je parvins finalement à le rejoindre sans mal.

Nous mangeâmes nos provisions, du pain, des tranches de porc séché accompagnées de lait et de fromage en silence, les yeux posés sur le paysage devant nous. Puis Chovsky, se laissant aller en arrière, les bras croisés, voulut faire une sieste de trente minutes. Pour ma part, j'en étais incapable. Achevant de grignoter mes provisions, je le laissais dormir, puis allais explorer les ruines plus avant.

Ces constructions, qu'on pouvait voir partout en Europe à cette époque, étaient ce qui restaient des temples païens qui étaient nos églises avant que n'arrive de Rome cette religion venue du Levant, qui avait fini par s'imposer partout et était parvenu à faire oublier les anciens dieux, vidant leurs temples et les laissant à l'abandon. Mais pour nous paysans suédois, les anciens dieux étaient seulement endormis, et nous continuions à les respecter tout en vénérant également le dieu unique venu du sud. Je souris en constatant que c'était pareil ici, puisque sur un rocher, je pus voir les restes d'une offrande de fleurs. J'y ajoutais un morceau de mon quignon de pain, puis joignis les mains en fermant les yeux, murmurant une rapide prière.

— Donnez-moi la force d'affronter Ulfasso et d'en sortir victorieux, anciens dieux !

J'ignore s'ils m'avaient entendu, mais lorsque je rouvris les yeux, je constatai que le paysage avait quelque peu changé. Le soleil avait disparu derrière les montagnes, laissant la place à un ciel gris chargé de nuages. Je sentis soudain une goutte de pluie épaisse s'écraser sur ma main, et songeai qu'il était plus que temps d'aller réveiller Chovsky. Je retournai alors sur mes pas, remontant le col de mon caftan sur ma nuque.

Soudain, un cri féroce me fit tendre l'oreille. Après un instant de flottement, je me précipitais vers le camp, devinant que ce cri, suivi de bruits de batailles, venait de la bouche de mon ami. Dégainant mon épée, j'arrivais au milieu du demi-cercle formé par les ruines, trouvant celui-ci aux prises avec des guerriers recouverts d'un épais manteau noir, qu'il combattait à un contre sept.

— J'arrive, Chovsky ! hurlai-je, le sabre au clair, avant de pousser un hoquet d'horreur en apercevant le visage de nos adversaires, maigre et décharné, sous la capuche. La façon qu'ils avaient de combattre, raide et brutale, prouvait qu'ils étaient drogués, ou sous l'emprise de quelque sorcellerie. Cependant, Chovsky les affrontait comme il le ferait de n'importe quel adversaire, et fendant l'air de sa large lame, il en coupa deux à la suite en plein milieu du torse. Voir les morceaux s'écrouler à terre me donna une vigueur nouvelle, et je me précipitais à ses côtés en hurlant, tranchant de mon épée la main squelettique de l'un d'entre eux. Nous retrouvant rapidement dos à dos, nous parvînmes à venir à bout de ces monstres, lesquels s'évanouirent à peine tombés au sol, devenant un simple tas de poussière.

— Par les mille enfers, qu'est-ce que c'était que ça ? murmura Chovsky, les yeux révulsés par l'horreur.

Je lui jetai un regard bref, rengainant ma lame.

— C'est la sorcellerie d'Ulfasso, tout simplement, répondis-je. Ne t'avais-je pas dit que c'était un sorcier ?

Chovsky tourna un visage blanc de colère vers moi :

— La sorcellerie n'existe pas, Erik ! hurla-t-il. Ulfasso est un homme de chair et de sang, comme toi et moi !

Je me précipitai sur lui, le secouant par les épaules.

— Quand est-ce que tu vas ouvrir les yeux, par tous les démons du Nifelheim ! m'écriai-je en le regardant. N'as tu pas eu assez de preuves ? Si tu continues à ignorer les pouvoirs maléfiques et surhumains d'Ulfasso, tu cours droit à ta perte, Chovsky !

C'était la première fois que je me permettais une telle familiarité avec mon capitaine. Mais nous n’en étions plus à ça près, et il était nécessaire de le réveiller une fois pour toutes.

Et soudain, un bruissement nous fit tourner la tête à tous les deux. Sortant des arbres autour de nous, ce n'étaient plus sept de ces monstruosités qui s'avançaient, l'épée droit devant eux, mais une bonne vingtaine.

Immédiatement, nous nous replaçâmes dos à dos, dégainant nos sabres.

— Tu avais raison, Erik, murmura Chovsky. C'est de la magie noire.

Face à nous, les créatures se rapprochaient, et malgré leurs mouvements inhumains, ils tenaient bien sur leurs deux jambes.

— Pour la Russie ! hurla Chovsky en levant son yatagan à deux mains, alors que le premier fondait sur lui.

— Thor ! invoquai-je à mon tour, le nom du dieu de la guerre de mes ancêtres étant le premier mot qui m'était venu aux lèvres, dans cet enfer digne du Ragnarok.

Les monstres se ruèrent sur nous, nous encerclant. Le sabre de Chovsky tranchait à la volée, alors que je me découvrais, avec la rage et la peur, une force insoupçonnée. C'était toujours dans les pires moments, alors que j'étais acculé et n'avais plus d'espoir, que Thor, ou qui que ce soit d'autre, daignait emprunter le bras du petit forgeron qui était censé être son descendant. Les dents serrées dans un rictus de pure rage, le sang impur de ces créatures giclant sur mon visage, je découpais les chairs putrides, tranchais les os, hurlant non plus en russe mais en norrois. Mais plus nous en tuions, plus il en réapparaissait, cela n'avait pas de fin. En réalité, je ne tardais pas à m'apercevoir que c'étaient toujours les mêmes, et que ceux que nous croyions tuer ne faisaient que disparaître pour mieux réapparaitre ailleurs. Chovsky le réalisant également, il me lança :

— Dis donc, l'érudit ! Toi qui sembles en connaître un rayon sur la magie avec tes vieux bouquins poussiéreux, tu n'aurais pas une idée pour nous débarrasser définitivement de ces monstres ?

Je réfléchis rapidement, faisant défiler dans ma tête toutes les sagas et les légendes que j'avais lues où des créatures d'un tel type étaient successibles d'apparaitre.

— Le feu ! m'écriais-je soudain. Il faut les brûler, Chovsky !

Jetant un coup d'œil sur notre foyer qui rougissait encore, Chovsky acquiesça.

— Très bien ! Je m'en occupe !

Ces monstres ne nous laissaient pas un seul instant de répit. C'était comme si Ulfasso en personne leur avait insufflé une parcelle de sa férocité, qui, même réduite dans ces cadavres ambulants, était bien suffisante à nous anéantir.

Chovsky réussit à bondir vers le foyer après avoir décapité pour la énième fois une de ces créatures, et tandis qu'il tentait de faire partir les flammes sur une torche improvisée, je me retrouvais seul face à l'ennemi, qui ne tarda pas à me déborder.

— Dépêche-toi ! lui hurlai-je. Je ne tiendrais plus longtemps !

Mais Chovsky ne parvenait pas à faire partir une flamme suffisante pour rôtir ces créatures. Et soudain, traversé par une idée brillante, il sortit un fond de vodka de son sac et en aspergea les soldats fantomatiques, avant d'y jeter une braise.

— Que le feu de l'enfer vous réduise en cendres, pourritures ! hurla-t-il alors que les cadavres noircissaient en silence dans les flammes, non sans continuer à avancer sur nous.

Horrifié par ce spectacle morbide, je trébuchai et perdis l’équilibre. Une de ces silhouettes terribles s'approchait de moi en titubant, et voyant sa jambe disloquée, rampa vers moi avant de m'attraper la cheville. Je poussai un hurlement d'horreur, juste avant que Chovsky ne se précipite, et tranche le bras de l'indicible d'un coup sec de son yatagan comme on le ferait avec un couperet à poisson. Finalement, les horreurs finirent de rôtir, révélant à nos yeux révulsés leur état de squelette, et bientôt, ces derniers ne bougèrent plus. Serrant les dents, je me précipitai sur ma jambe pour en desserrer l'horrible étreinte, n'y parvenant qu'au terme d'une lutte acharnée. Dégoûté, je jetais au loin le sinistre appendice, avant de bondir sur mes deux pieds, le sabre abaissé devant moi. Chovsky, comme moi, attendait, le souffle court, les yeux agrandis, en position de combat.

Mais il n'en arriva plus. Mon plan avait fonctionné : c'était bel et bien le feu qui était finalement venu à bout de ces créatures de l'enfer.

— Je te dois une fière chandelle, Erik, fit Chovsky, encore tout retourné. Sans toi… J'ignore ce que je serais devenu. Je suppose que mon propre squelette aurait fini à blanchir ici, dans ces hautes herbes !

Je lui jetai un rapide regard.

— Pareil pour moi. Tout seul, je n'aurais pas survécu à ça.

Chovsky me regarda, son beau visage trempé de sueur, puis il se mit à rire.

— On fait une fière équipe, quand même !

Je souris piteusement. Je ne parvenais pas à être joyeux dans des circonstances pareilles, même face à un si beau compliment.

Chovsky jeta un œil rapide sur les squelettes calcinés.

— Ne trainons pas ici, murmura-t-il d'une voix sombre. Filons vite de cet endroit maudit.

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