L'inspiration
J’habite au dernier étage d’un petit immeuble perché sur une colline. Depuis la fenêtre de la cuisine, la vue est imprenable sur la rue, les jardins, le parc arboré et le bassin ouest de l’Ile-de-France. Chaque matin, une grande tasse de café à la main, je regarde passer les gens et les saisons, je laisse les idées me saisir, je titille l’inspiration.
Au printemps, les arbres nus se parent peu à peu de leurs habits ; gris et bruns cèdent leur place au camaïeu exaltant des verts audacieux, tandis qu’explosent des gerbes d’or, de mauves et de grenats. La renaissance est partout, il suffit d’observer.
En été, l’horizon bleuté semble infini, je peux voir et rêver jusqu’au bout du monde. L’air vibre et le bourdonnement des insectes comble le silence des voisins absents. Je les imagine, quelque part, respirer d’autres usages, vivre d’autres réalités.
En automne, le parc flamboie sous la course des nuages, sur les vitres glissent des larmes, entre deux éclaircies. L’eau et le feu s’affrontent devant mon reflet assoupi ; je m’accroche aux images, aux odeurs de cheminées.
En hiver, tout est moche et gris, j’ai le souffle court, la muse en berne. Mes yeux s’abîment entre le ciel vide et la terre inféconde, rien ne vient, pas même un passant ; mon cerveau gèle comme le pare-brise des voitures ; mon café refroidit.
Bordel, ce que je déteste l’hiver.
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