Chapitre 16
Hello, je suis de retour avec deux chapitres :), un troisième viendra cette semaine. Je n'ai pas encore corrigée !
Abasourdie, je regardais Danaos. Ses traits étaient tendus à l'extrême de même que la corde de l'arc, que j’avais laissé tomber quelques instants auparavant.
Il tremblait légèrement, et lorsque l'on est effrayé on est capable de tout, même de menacer la mauvaise personne.
Mon père resta calme et demanda d'un ton ferme :
—Lâche cette arme mon garçon, je ne suis pas ton ennemi !
Cerbère qui était à ses côtés, commença à gronder et gratter le sol de sa patte. Il était effrayant avec les babines retroussées. Danaos, ne savait plus où donner de la tête, il oscillait entre mon père et le chien des enfers.
Je décidais d'intervenir avant que la situation ne tourne au vinaigre.
—Dano, détends-toi, c'est mon...
Il me coupa et m'ordonna :
—Prend Rally et venaient derrière moi, je vous couvre !
J'adressai un regard confus à mon paternel, qui hocha la tête. J'attrapai Rally qui n'était plus que l'ombre d'elle-même et me positionnai derrière Danaos, qui tenait toujours en joue nos sauveurs. Je me dirigeai dans le salon qui jouxtait la cuisine et installai Rally sur une chaise que je venais d'extirper des décombres et plus ou moins en bon état. Ses yeux étaient vides, c'était comme si la vie l'avait quitté. Son état m'effrayai, la peur de ne plus voir mon amie rire comme avant, me rongeai.
Je m'adressai à elle, avec douceur en effleurant sa main, ses doigts étaient crispés sur les accoudoirs.
—Rally, est-ce que tu m'entends ?
Elle hocha faiblement la tête.
—Très bien, je vais empêcher Dano de faire une erreur en tirant une flèche sur mon père et je reviens !
Elle se mit à se balancer d'avant en arrière en psalmodiant la même litanie :
—Me laisse pas toute seule, me laisse pas toute seule,…
—Chut, tout va bien ! Tu es en sécurité, ma chérie.
Je posai sa tête contre ma poitrine et la berçai.
—Non, non, non, Il va revenir, il va nous tuer…
Elle commençait à faire une crise de panique et j'étais désemparée. Elle se laissa choir au sol et je retins sa chute pour éviter qu'elle ne soit blessée par les débris. Sa respiration était entrecoupée des convulsions secouaient son corps chétif. J'essayai tant bien que mal de l'aider en lui murmurant des paroles apaisantes, mais rien ne fonctionnait.
—Papa, hurlai-je, Rally fait une crise.
Il apparut presque immédiatement dans un nuage de flamme et pris la situation en main, en s’agenouillant auprès de Rally et en posant une main sur son front, ce qui l’apaisa quelque peu.
—Éloigne toi, ma poupée, je vais utiliser ma magie pour l’aider, déclara-t-il en me repoussant, avec délicatesse.
Danaos accouru et cria :
—Ne la touchez pas !
Je lui agrippai la manche de son pull pour le retenir.
—Dano, c’est mon père, il ne lui fera aucun mal, tu ne vois qu’il essaie de l’aider, lui reprochai-je exaspérée.
Les larmes affluaient à torrent sur mes joues rougies par la colère et la peur. Je reculai et percutai quelque chose de dur et chaud. En relevant la tête et j’aperçus Danaos, il m'enlaça fort contre lui. (Je pense que ça va pas ça mdrr, ça se suit pas ! )
—Je suis désolé, j’ai paniqué quand j’ai vu cet homme et le chien, j’ai cru qu’ils vous menaçaient, chuchota-t-il son souffle caressant mon oreille.
Ce fut le visage enfoui dans le cou de Dano et les yeux emplis de goutte d’eau, que je vis le corps de mon père s’illuminer, tel des centaines d'étoiles. Il avait les paupières closes et le front ridé de concentration. Ses mains passaient au-dessus du corps de Rally qui s’éleva dans les airs. Elle lévitait, sa longue chevelure balayant le sol, ses bras ballants. Elle ressemblait à la belle au bois dormant. Toute trace de la crise avait déserté ses traits fins de poupée, elle semblait à présent apaisée. La lumière se tarit peu à peu et elle redescendit au sol. Mon père rouvrit ses yeux et pris Rally dans ses bras, afin de la déposer avec soin sur un sofa qui avait été épargné par la catastrophe. Il fit apparaitre une couverture du néant et la recouvrit.
—Papa, comment elle va ? le questionnai-je d’une voix rendu faible par mes pleurs.
Il se tourna vers mois et se pinça l’arête du nez.
—Elle est traumatisée, ma poupée, j’ai dû lui effacer ces souvenirs... Elle se rappellera juste qu’il s’est passé quelque chose de grave ici, qu’il y a eu des morts, mais pas tous les détails macabres auquel elle a assistée. Elle va dormir encore un certain temps, mais lorsqu’elle se réveillera elle ira mieux.
Je hochai la tête reconnaissante et soulagée de ce qu’il avait fait pour mon amie. Je me détachai de l’étreinte de Dano, pour aller embrasser mon père avec effusion.
—Merci papa !
Il me caressa la tête et observa Dano qui se tenait derrière moi.
—Je tiens à m’excuser mon seigneur, je ne savais pas que c’était vous. J’ai vraiment cru que Hestia et Rally étaient en danger, je n’ai pas réfléchi et j’ai foncé.
Il se frotta l’arrière de la nuque un air contrit affiché sur son visage.
Papa s’avança vers mon Dano et lui tendit la main.
—Tu es tout pardonné mon garçon, ton attention était louable. Tu as protégé ma fille, j’ai une dette éternelle envers toi !
Ils échangèrent une poignée de main virile et se retournèrent dans ma direction.
—Ma chérie, tu vas rester auprès de ton amie avec Cerbère qui va veiller sur vous.
Ce dernier aboya en signe d’assentiment.
—Tandis que Danaos et moi, allons tuer Python ! m’apprit-t-il.
Ah, oui pourquoi est-ce que les hommes devaient toujours croire que les femmes étaient faibles ? Moi aussi, je voulais me battre ! Avec mon père à mes côtés je n’avais pas peur ! Je voulais venger Peter, et tous les autres qui étaient morts. C’était un besoin viscéral qui me grignotai depuis que je savais que Python avait été envoyé pour me tuer.
—Non !
Ce seul mot retenti avec puissance dans la pièce. Mon père m'adressa un regard confus et demanda :
— Non ?
Je hochai la tête et répliquai :
—Je ne vois pas pourquoi c’est moi qui doit rester en retrait, en sécurité, fis-je en mimant des guillemets.
—Je suis autant capable que Dano de me battre et ne me dis pas que toutes ces années à m'entraîner n'ont servi à rien !
Je croisai les bras sur ma poitrine et les toisai d'un air impérieux.
—Hestia s'est trop dangereux pour toi et...
Tenta de me dissuader Dano, mais je l'interrompis d’un geste.
—Tous ces gens sont morts parce que je suis là devant toi ! Parce que je respire...je vis ! Ce monstre dehors, était venu pour me tuer ! Sauf, que je suis toujours là et qu'il a tué des innocents ! Il est hors de question que je reste à l'abri ! Hors de question d’attendre que vous le tuiez ! Non ! Je veux me battre ! Je veux qu'il souffre pour ce qu'il a fait ! Je me fiche de savoir que c'est un larbin, envoyé par le Seigneur des Cieux. Je veux venger tous ceux dont l’existence s’est éteinte aujourd'hui !
J'étais essoufflée après cette tirade, mais il fallait que ça sorte.
Mon père m’observa, un moment pensif, avant de me donner sa réponse.
—Très belle plaidoirie ma chérie, tu m'as convaincu ! Tu m’aideras à terrasser Python. Père et fille réunit pour un combat épique, déclama-t-il une lueur de fierté dans ses obsidiennes.
—Mon seigneur, loin de moi l’idée de vous offenser, mais je crains que ça ne soit une mauvaise idée, annonça Danaos, en se triturant les mains.
Je lui lançai un regard noir. Il était vrai que je ne contrôlais pas la magie me venant de papa, mais je savais utiliser celle que j’avais héritée de ma mère : l’air, la terre et l’eau. Je pouvais faire léviter des objets, faire pousser des arbres, des fleurs, créer des vagues, … Même si mon apprentissage magique s’était avéré faible, en raison du fait qu’à tout instant on pouvait me découvrir, je savais me débrouiller.
La sentence tant attendue ne tarda pas à se faire entendre.
—Ma décision est prise et elle est irrévocable, Hestia viendra avec moi et toi, Danaos, tu assureras la protection de Rallyeso avec Cerbère !
file:///C:/Users/SELMAH~1/AppData/Local/Temp/msohtmlclip1/01/clip_image002.pngLe ton catégorique utilisé par le maitre des enfers, laissa Dano sans voix. Il s’inclina en signe de respect et de défaite et vint vers moi, comme pour me faire des adieux.
Son front posé contre le mien, il murmura :
—Soit prudente, petite danseuse, je ne veux pas te perdre…je ne m’en remettrai pas…
Ses prunelles mordorées luisaient de perles salées. Je lui caressai la joue et l’embrassai avec toute l’affection que je ressentais pour lui.
—Je te le promets !
Sur ces derniers mots, je m’en allai rejoindre mon père, le cœur gros mais déterminée comme jamais !
Nous avancions avec précaution dans le dédale qu’était devenu le jardin. J’avais la gorge sèche et les mains crispées sur l’arc, l’arme que j’avais choisi pour combattre le monstre. Un malaise commençait à s’insinuer peu à peu en moi et le décor que nous traversions n’aidait pas, il était d’un sinistre sans nom. Néanmoins, la présence de mon père, qui cheminait silencieusement à mes côtés, m’apaisai.
Le ciel au-dessus de nous était d’un sombre angoissant. Aucune étoile n’y apparaissait ce qui rendait difficile notre parcours, nous étions comme aveuglés. Nos pieds étaient invisibles sous l’épaisse fumée qui se dégageait du sol en raison de la lave qui l’avait léchée. Les arbres autours de nous semblaient nous oppresser avec leurs branches qui ne cessaient de craquer.
Tout était effrayant, le moindre son était synonyme de sursaut et le moindre cri, d’appréhension.
Nous arrivâmes, près d’une fontaine délabrée, des morceaux de marbre étaient éparpillés un peu partout. La végétation était inexistante, brulée par la langue de feu du serpent. Une légère odeur de soufre se fit sentir et vint m’agresser le nez, tandis que nous approchions du labyrinthe. J’observai avec attention ce dernier et remarquai des taches carmin disséminées un peu partout.
__Papa, il y a des traces de sang par ici, murmurai-je en désignant l’entrée du lacis.
Il hocha la tête et me fit signe de m’éloigner. Il adopta sa vision de nuit, puisque ses yeux se teintèrent d’une jolie couleur rouille. Il semblait inspecter les moindres recoins, attentif à tout ce qui clochait.
Soudain, son corps se raidi et il se dépêcha de tourner la tête dans ma direction, ses mains se mirent à grésiller et une énorme boule de feu apparu. Il la lança derrière moi et la lumière fut, éclairant tout ce qui se trouvait dans un périmètre de cinq mètres. Il n’y avait aucun bruit, même la nature semblait s’être tue, les animaux avaient disparus depuis longtemps.
Je n’ai jamais vu les enfers, l’antre de mon père, mais l’environnement dans lequel nous nous trouvions semblait rivaliser avec sa demeure.
Une étrange haie capta mon regard, elle était difforme et semblait bouger. Je plissai les yeux pour mieux l’apercevoir et…
__ Hestia à terre, hurla mon père.
Trop tard !
La haie s’était transformée en serpent vert et il fonça à toute vitesse sur moi. Je n’eus pas le temps de m’écarter et fus projetée dans les airs, pour ensuite allait m’écraser contre les décombres de la fontaine. Le choc fut violent. Je retins un cri de souffrance lorsque des éclats de marbres lacérèrent mon dos, qui n’était recouvert que de ma robe rouge. Une douleur sourde se répandit dans tout mon corps. Ma respiration se coupa, ma vue se brouilla, je luttai pour ne pas sombrer dans l’inconscience. Mes côtes me faisaient horriblement souffrir, il devait y en avoir quelques-unes de cassées.
J’ouvris les yeux, l’atmosphère s’était transformée en enfer, du feu m’entourait, synonyme de la colère de mon père. Des hurlements gutturaux provenant du monstre faisaient trembler la terre. Un voile rouge vint obstruer mon œil gauche, mon arcade sourcilière ayant pris un sacré coup. Je restai un bref moment allongé pour reprendre mon souffle, mais la chose énorme qui venait à pleine vitesse dans ma direction, coupa court à mon repos. J’opérai une roulade à droite, mes mains venant s’écorcher sur les débris qui jonchaient le sol et me dépêchai de me relever. La queue de Python s’abattit à l’endroit même, où je me tenais quelques instants auparavant. Je n’avais plus mon arme sur moi, elle était tombée durant mon vol plané, de même que les couteaux que j’avais rangé dans la poche ventrale du tablier subtilisé dans la cuisine. Heureusement, je n’avais pas été blessées par les lames tranchantes, il ne manquait plus que ça.
J’étais à présent, très énervée et j’allais le lui faire payer. Mettant de côté le mal que je ressentais dans tout mon être, je me concentrai sur immense pierre au bout tranchant. Je la fit léviter dans les airs et la propulsait sur le monstre. Mon projectile atteignit sa cible en plein figure et avec une telle violence, qu’elle se retrouva projeté sur plusieurs dizaines de mètre. De là où je me trouvais, je pus apercevoir du sang vert et suintant qui s’écoulait de la plaie que je lui avais infligée. Bien fait !
Je reculai pour me mettre à couvert, sauf que le terrain glissant et accidenté ne me faciliter pas les choses, je ne cessai de trébucher.
La bête blessée et ivre de colère se précipita sur moi en feulant :
—Misérable, tu vas le regretter !
—Ah oui, ricanai-je
Ce qui le fit hurler de rage, l’adrénaline me rendait téméraire et plus courageuse que je ne l’étais en réalité.
J’ancrai bien mes talons dans la terre ferme et j’élevai mes deux bras paumes ouvertes vers l’avant, afin d’invoquer mes pouvoirs. Le vent commença à souffler avec force, balayant tout sur son passage et je le dirigeai vers le feu qui crépitait. Les flammes se mirent à grandir et formèrent un mur infranchissable qui me protégeait. Durant combien de temps ? Je ne le savais pas, mais la fatigue et mes blessures se faisaient sentir. J’en fis abstraction et redoublai d’effort.
—Papa, où est tu ? m’exclamai-je.
Mon père était certes, le seigneur des enfers, sauf qu’à cet instant, il était aux abonnés absents, alors que j’avais besoin de lui.
—Continue comme ça ma poupée, je suis fière de toi, déclara-t-il.
Non, c’était une blague ! Je me tuais à la tâche et lui restai là, les mains dans les poches !
Il n'avait aucune séquelle du combat. Rien ! Il était tout beau, tout propre et ressemblait à un mannequin d'une publicité pour parfum avec sa pause nonchalante et son regard ténébreux. Tandis que moi, j'étais dans un sale état. Ma robe n'était plus que l'ombre d'elle, en lambeaux et noircie par la terre et le sang qui s'écoulait de mes blessures. Mon corps ce malheureux était courbaturé et meurtri.
—Papa ! Tu vas m'aider, oui ?! On est pas dans un jeu ! Tu ne vois pas que c'est dur pour moi de maintenir cette barrière en place ?! vociférai-je avec rage.
Le pire c'est que ma voix intérieure se moquait de moi :
—Tu as voulu te montrer brave, héroïque. Regarde-toi tu es pathétique ! Danaos aurait déjà terrassé ce monstre !
—Ferme-là stupide conscience, lui répondis-je en pensée.
Mon géniteur croisa les bras et me répondit d'un air grave :
—Considère ceci comme un apprentissage. Python est certes dangereux, néanmoins il l'est beaucoup moins que certains monstres. Sa captivité l’a rendu faible ! Maintenant que Zeus sait qui tu es, il n'hésitera pas à envoyer à tes trousses les pires créatures possibles et imaginables.
Je serrai fort les dents, à tel point que j'avais peur qu'elles ne se cassent. Je venais de comprendre qu'à partir de ce jour ma vie avait pris un tournant majeur et ne serai plus pareille. Sauf que là, il me laissait me débrouiller face à un mastodonte qui faisait dix fois ma taille, alors que c'était ma première bataille ! Un père formidable que j'avais là. Il ne bougeait toujours pas, se contentant de m'observer, dans l'attente de quelque chose. Quoi ? Je n'en avais pas la moindre idée.
Mes bras ne tiendraient pas plus longtemps, il commençaient à se faire lourd et à se tétaniser.
—Pauvre petite chose ! Je vais bientôt me régaler de ta chair qui m'a l'air si tendre, si délicieuse ! De ton sang qui a une si riche effluve ! J'en ai le venin à la bouche. Tsss, susurra Python.
Je ne répondis pas, trop agacée par sa remarque et surtout trop occupée à maintenir le bouclier en place. Pour la peine, je lui envoyai une nouvelle slave d’air et le feu rugit tel un lion faisant fuir le misérable Python.
—Si j’étais toi, je ne la chercherai pas. Elle est très énervée et tu risques de le regretter, conseilla mon père au serpent, un brin moqueur.
Il ne manquait plus que ça, bientôt ils allaient jouer aux cartes et rire ensemble, tant qu’ils y étaient. Malgré cela, je profitai de l’occasion qu’ils m’offraient pour relâcher ma magie, afin d’attraper le poignard magique qui se trouvait dans ma botte. Contre toute attente, le brasier ne se dissipa pas, au contraire, il redoubla de vigueur et d’intensité, créant une barrière infranchissable et opaque. Je jetai un regard à mon cher papounet et il me fit un clin d’œil complice. Ah, il daignait enfin m’assister !
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