Une flamme, un peu d'oxygène, il n'en faut pas plus pour que se crée un incendie

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Les flammes s'élèvent dans le ciel. La fumée l'obscurcit. L'air est âcre, presque irrespirable. La chaleur se répand, brûle mon visage, assèche mes larmes.
Un brasier.
Voilà tout ce à quoi est réduit ma maison.
Mon point d'ancrage.
Ma vie.
Les pompiers me crient de reculer.
Je ne bouge pas. Je suis fascinée, incapable de faire un pas, détourner mon regard.
Ils insistent. Je ne veux pas. Ne peux pas.
C'est ma maison qui brûle.
Ce sont les pièces qui m'ont accueillie pendant des années qui disparaissent.
C'est le foyer qui m'a vu naitre qui s'efface du monde.
Des souvenirs me reviennent.
Ma chambre, mon cocon, mon coin à moi.
Le mur blanc sur lequel j'ai dessiné quand j'étais petite.
La cuisine où l'on se rassemblait tous au moment du souper.
Les escaliers où je suis tombée, me cassant le poignet.
La salle de bain où je dansais et chantais, me prenant pour une vraie star.
Tellement de choses brûlent à cet instant.
Tant d'objets auxquels je tenais. Si importants dans leur aspect si simple.
Tant de souvenirs.
Une vie entière consumée en quelques secondes.
On prend tellement de temps pour bâtir notre vie qu'on oublie qu'elle est tellement fragile, que tout peut s'effondrer en un rien de temps.
Je n'imagine pas demain. Car c'est comme si les flammes avaient commencé à me happer. Cela peut paraître délirant de matérialisme, mais j'ai l'impression que sans tout ça, je ne suis plus rien.
Je n'imagine pas demain. Car une autre maison ne sera pas la mienne.
Et les objets que j'ai amassés ne pourront pas être remplacés.
Cette fois, deux mains lourdes tombent sur mes épaules et me tirent en arrière. J'ai appris que lutter ne servait à rien. Je ne maitrise pas le feu, j'aurais beau contempler ce brasier, il ne cessera pas.
Je n'imagine pas demain. Car demain, il ne restera que des cendres. Et soudain, je n'ai plus du tout envie de me trouver là. Toute proche du feu. Je ne peux en supporter davantage. Je suis reconnaissante à ce pompier de m'avoir délivrée de ma contemplation hypnotisante.
Je me retourne. Tourne le dos à ma maison. Au passé. Et enfouis mon visage dans la veste rêche du pompier. Il semble un temps désarçonné avant de m'entourer de ses bras.
A force d'être confronté à ce genre de situation, il doit s'y être habitué. Il en a vu sûrement des gens brisés car ils venaient de tout perdre. Il a du en maitriser de ces gens qui, désespérés, tentaient de jouer aux héros. Leurs propres héros. Il a du en contempler des vies réduites à rien.
Il est silencieux, lui, alors que le craquement d'une maison qui brûle est assourdissant.

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