correspondance de scarlett à Rhett Butler par Patrice Lucquiaud

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Chère Scarlett,

Des regrets des larmes, c'en est donc fini de vos sarcasmes, de vos insolentes répliques, de vos regards scandalisés, de vos gestes brusques de "vestale" effarouchée.
C'est maintenant, après tout ce chemin de vie parsemée de vos hargnes, de vos railleries et provocations en tous genres mais aussi d'engagements jusque dans cette terre que vous avez retournée, ensemencée et fait proliférer, après vos refus, vos rebuffades, vos faux-semblants, vos appétits, vos caprices, c'est maintenant que vous vous rendez compte que je vous manque vraiment, c'est maintenant que vous avouez m'avoir toujours aimé et ce, sans jamais vous l'avouer et me le dire franchement...

Mais, chère Scarlett, n'est-il pas trop tard, pensez-vous que les blessures infligées et que l'amour-propre de chacun va maintenant se plier à ce nouveau caprice, à cet ultime revirement ?

Dominer, vous avez toujours voulu dominer, même les êtres qui vous étaient le plus cher, et moi qui subissait sans cesse vos incartades, vos paroles acérées, vos affronts impromptus, vos embrasements aussi soudains qu'éphémères, vos colères, vos pleurs, vos dépits d'enfant gâtée, j'aurai tout donné et le meilleur de ma personne pour avoir, au-delà de la moindre reconnaissance, un peu de votre tendresse, de vos élans du cœur à ces moments d'étreintes torrides où vous vous abandonniez pour votre unique plaisir.
Un seul mot d'amour, spontané, sincère, jamais, Scarlett,  je ne l'ai entendu de votre bouche. Des pleurnicheries,  des « Oh Rhett » sans suite, des soupirs, des petits cris, des râles d'extase non partagée voilà ce à quoi j'ai eu droit dans nos instants d'intimité et jamais un seul « je t'aime » n'a sonné à mon oreille et étourdi mon cœur.

Oui, je suis un homme au regard franc mais jamais dur, oui, mes lèvres sont en permanence habillées d'un  sourire enjôleur et narquois mais jamais indifférent, oui, mes yeux sont pétillants de malice et d'amusement mais jamais vraiment moqueurs. Il n'y a pas de place pour la fourberie et la duperie dans mon cœur. Il a toujours battu pour vous, rien que pour vous, malgré votre ingratitude avérée si méticuleusement entretenue pour me tenir à distance du vôtre.

Vos chimères, vos inconvenances, vos bluffs, vos mensonges, votre inconséquence de tout remettre à demain comme si le futur, ayant à subir vos contradictions, devait en outre, apporter les solutions qui vous arrangent, à chacun de vos dilemmes, j'ai tout accepté et pardonné mais malgré cela, vous m'avez traité par le mépris comme si nous n'étions pas fait l'un pour l'autre... ce à quoi vous vous refusiez toujours de croire...

Et maintenant votre lettre vient m'avouer le contraire !…
Pourquoi, à cet instant, ne douterai-je pas de votre sincérité ?... Pourquoi remettrai-je mon existence sur la même voie que la vôtre ?

Ne nous sommes-nous pas trop meurtris et épuisés à force de rencontres et de passades sans véritables partages, sans l'ivresse sacrée de réels sentiments amoureux de votre part.

Voulez-vous encore me faire souffrir ?

Scarlett je dois me forcer à vous oublier et vous revenez sans cesse, obsédante créature... vos grands yeux émeraudes scrutent mon âme et la supplient de céder à votre nouveau désir...

L'Amour sans la Paix, sans la Liberté, est-ce encore de l'Amour ?...

Rhett

(AUTEUR : PATRICE LUCQUIAUD )

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