UNE INCROYABLE AFFAIRE DE CONTREBANDE

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09:22 Commissariat de police de Cristal Capital

Les cris de joie emplissaient l’endroit alors même que Johnson, Shepard et Escuella arrivaient. Les flics hurlaient et sautaient partout. Le shérif se rapprocha de son commandant :

  • Que se passe-t-il, chef ?
  • C’est Raph et Jim, ils ont fait un sacré coup, ils ont trouvé de la coke dans un des camions de l’entreprise Frangine.
  • Quoi ? Mais, comment ça ?! s’exclama Gravier.
  • Je ne connais pas les détails, je viens d’arriver et ils m’ont servi un verre en hurlant qu’aujourd’hui, on ferait la fête.
  • Allons les voir.

Les trois compagnons se dirigèrent vers les deux flics qui sourirent à leur arrivé :

  • Johnson !
  • Jim.
  • Shepard !
  • Jim.
  • Escuella !
  • Jim.
  • Johnson !
  • Raph.
  • Shepard !
  • Raph.
  • Escuella !
  • Raph.
  • Alors, qu’est ce qui vous amène ? Vous avez entendu parler de notre prouesse ?
  • Oui, le chef vient de nous en parler. Que s’est-il passé ? demanda Johnson.
  • Nous avons arrêté le camion pour un contrôle de routine et alors que nous le passons au crible, notre abeille renifleuse a senti un truc pas net. Alors là, ni une ni deux, on l’arrête et on désosse le camion. Et qu’est-ce qu’on trouve ?
  • Huit cent grammes de coke cachés parmi la tonne de farine ! C’est clairement le coup du siècle !
  • Et pour l’entreprise, vous allez faire quoi ? demanda Gravier.
  • Le chef est d’accord pour que la BITE fasse une intervention au sein de Frangine. Ils n’ont qu’un seul entrepôt, ça devrait être facile.
  • On dirait que ton souhait va se réaliser, Escuella, annonça Shepard en souriant. Et le nôtre aussi, Michel.
  • Oui. Est-ce qu’on peut se joindre à vous pour l’attaque ? Nous enquêtons sur eux depuis quelque temps.
  • Bien sûr ! Venez, la réunion a lieu d’ici dix minutes.

20:00 Entrepôt Frangine, ZI Cristal Capital

Sous la lumière d’un lampadaire, les agents attendaient Escuella dans une ruelle.

  • Tu penses qu’il va mettre longtemps ? demanda le shérif.
  • Non, il est discret et on a déjà bien repérer les lieux cet après-midi.

Long silence…

  • Tu as déjà songé à avoir un enfant ?
  • Comment ça ? s’écria le shérif. Tu es enceinte, Michelle ?
  • Ne crie pas mon prénom, comme ça ! On va se faire repérer…
  • Oups… désolé.
  • Non, je ne le suis pas.
  • Tu es sûre ? Pourtant tu avais des nausées hier et tu m’as même dit avoir fait des montées de minéraux et…
  • Mais arrête un peu ! souffla l’adjointe. C’est à cause de ce qu’on a mangé, c’est tout.
  • Bon, très bien… dommage.
  • Dommage ? répéta Shepard tout sourire.
  • Ça signifie que tu voudrais que l’on ait un enfant, Michel ??
  • Oui, bon, enfin, non, mais, peut-être que, si c’était le cas, alors oui, mais seulement et seulement si…

Shepard lui sauta autour du cou.

  • Je t’aime, mon caillou !
  • Oui, mais tu sais bien que moi aussi, ma caillette, ahah !

Quelqu’un se racla la gorge derrière eux.

  • Si je dérange surtout dites le moi…
  • Quoi ? Gravier ? Ce n’est pas ce que tu crois, on était juste…
  • Qu’as-tu découvert ? intervient Shepard.
  • Il y a des escaliers derrière qui mènent au toit. Il y a également quatre entrées et je n'ai vu aucun garde à l’extérieur. Aucune idée du nombre à l’intérieur.
  • Bien… On va prévenir Jim et Raph dans ce cas, mais nous ne serons pas assez, on va appeler également la CHATTE en renfort.
  • Oh ! Regardez ! s’écria Escuella. Une berline noire sort !

En effet, une voiture sortit à ce moment-là de l’entrepôt et les trois agents reconnurent Rocky à l’arrière de la voiture.

  • Merde, on n’a pas l’appareil photo ! s’écria Shepard.
  • Fais chier ! On aurait pu l’avoir ! Bon, même s’il est partit, il y a sans doute encore du monde à l’intérieur, appelons vite des renforts et attaquons ! Nous aurions dû mieux nous préparer, je ne pensais pas que Mouse en personne était présent !
  • Il reste peut-être un autre de ses lieutenants à l’intérieur. Peut-être même Heinrich… déclara Escuella d’un ton glaçant.
  • Si jamais c’est le cas, tu vas devoir te canaliser, Gravier. La vengeance n’a pas sa place dans notre travail.
  • Oui, oui…

Shepard utilisa le téléphone de la voiture afin d’appeler des renforts.

19:47 Entrepôt Frangine, ZI Cristal Capital

Dans l’entrepôt, les machines étaient toutes à l’arrêt, sauf une : un immense tapis faisait avancer la coke. Plusieurs caillettes en maillot de bain, sous la surveillance de quatre galets bien costaud, s'affairaient à mettre en sachet la marchandise.

  • Beeil dich ! hurla une pierre. Il faut que la production soit finie pour une heure et demi !

Les salariés, pour la plupart des cailloux venus d’Italie, travaillaient d’arrache-pied pour piler le cristal de roche, ingrédient principal de la coke, et l’ajouter à la farine.

  • Heinrich ! appela une voix grave au léger accent italien.

Le caillou à la petite moustache accouru aussitôt dans le bureau de son patron. Ce dernier avait le visage caché par l’ombre de la nuit, mais le reste du corps éclairé par les néons. Il y avait une fourmi qui ronronnait à côté de lui lorsqu’il la caressait.

  • Je dois bientôt partir, pour une affaire urgente. Je te laisse mon fils, Kevin. Il est étrange depuis quelques jours et parle d’un ange qui serait venu dans sa chambre, dans ma demeure de Malachite. J’y ai envoyé des cailloux afin de vérifier s’il y avait une trace d’infraction mais ils n’ont rien trouvé. Néanmoins, je préfère ne pas prendre de risque et l’emmener plutôt dans ma demeure d’Opale. Mets le devant la télé jusqu’à ce que je revienne.
  • Très bien, monsieur Boboa !
  • Où en est la production ?
  • Les filles devraient avoir fini dans la nuit. Néanmoins, la perte des huit cent grammes de ce matin ne sera pas rattrapé avant la semaine prochaine.
  • Bien, souligna-t-il en caressant sa fourmi de compagnie. Je vais aller me renseigner sur cet incident. Je vous souhaite que tout se passe bien cette fois-ci, sinon, demain des cailloux tomberont.

Sur ses mots, la fourmi hérissa ses poils et souffla, synonyme de danger. Mouse, toujours caché par la nuit, quitta l’entrepôt et rejoignit sa berline noire. Heinrich retourna auprès des employés.

  • Komm schon ! Si tout n’est pas fini, demain il y aura des licenciements ! On se dépêche !

À peine avait-il fini sa phrase que la fenêtre à côté de lui explosa et les portes principales cédèrent sous la charge d’un bélier laissant trois cailloux entrer.

  • Was ist…

Heinrich n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il se passa, qu’il fut aussitôt attrapé par Gravier, arrivé derrière lui par la fenêtre, flingue à la main.

  • Que tout le monde reste calme ! hurla Johnson. Nous sommes la BITE et vous l’avez dans le cul !
  • Nous venons démanteler votre entrepôt de cocaïne ! cria à son tour Shepard.

Un peu plus loin, un caillou italien jeta son sac de farine au sol.

  • Ma che ? De la cock ? Je croyais qu’on faisait de la farine, ici !

Les flics commencèrent leurs arrestations. Néanmoins, malgré leurs efforts, beaucoup ne comprenaient rien, car ne parlant pas la même langue.

  • Franckforlot ! pesta Heinrich. Yé soui italiano, to ! É inaccepatablio ! Yo parto toti ! tenta-t-il de faire avant que Gravier ne ressert son étreinte.
  • Oh, non ! Toi tu restes, ici !
  • Vous n’êtes vraiment que des schnüffler !
  • De quoi ? demanda Johnson.
  • Je crois que c’est un légume, mais on dit “choux-fleur”… souligna Shepard.
  • Mais non, c’est une race de chien ! leur cria Gravier.
  • Nein ! Nein ! Nein ! C’est un schnoodle, ça ! Schnüffler c’est un fouille-merde !
  • Dans ce cas, on va faire notre travail de truc-au-fleur, dit Johnson. Shepard va fouiller le bureau, nous on reste ici.

Pendant que son adjointe fouillait, un des italiens sortit un flingue de dessous sa table de fabrication et se mis à tirer. Heinrich profita de l’occasion pour désarmer Gravier et se battre avec lui. Johnson se mit rapidement à couvert et tira à son tour.

Shepard commença également à ouvrir le feu depuis le bureau du Boss. Après plusieurs minutes d’échanges de coup de feu, des cailloux en kevlar explosèrent les velux, balancèrent des grenades aveuglantes et descendirent par cette nouvelle entrée, attachés à des cordes. L’un d’eux hurla :

  • Ici la CHATTE, plus un geste ! Vous êtes fourré dans le mauvais trou !

Aussitôt, tous les employés jetèrent leurs armes au sol. Tous, sauf Heinrich qui avait réussi à s’enfuir après avoir malmené Gravier. Une fois tous les contrebandiers arrêtés, Shepard sortie des bureaux :

  • C’est bon ! J’ai trouvé des documents avec le logo de l’entreprise, signé par Mouse et Heinrich en personne !
  • Michelle…
  • Bah, qu’est ce que tu as ?
  • Heinrich a profité de la fusillade pour partir mais il a tiré sur Gravier…

Shepard se rapprocha et vit Escuella allongé sur le sol.

  • Je crois que c’est fini pour moi… mais nous avons accompli notre mission... Sand Dy n’est pas morte en vain…
  • Oui… ne t’en fais pas, nous allons aller jusqu’au bout, nous allons arrêter tout le monde et ta femme n’échappera pas non plus aux conséquences de ses actes.

Gravier regarda une dernière fois les deux amoureux et leur fit un dernier sourire avant de succomber à ses blessures. Michelle éclata en sanglots et Michel ne put s’empêcher de lâcher une petite larme également. Un agent de la CHATTE s’approcha d’eux :

  • Inspecteurs. Excusez-moi de vous déranger, mais il se trouve que l’on a trouvé un enfant dans le sous-sol.
  • Un enfant dis-tu, Hank ? demanda Shepard.
  • Oui, il était devant un épisode de Cap’tain Plouf, mon gosse raffole de ce dessin animé, lui aussi. Il semblerait que ce soit l’enfant de Rocky “Mouse” Boboa. N’empêche qu’avec les gars on se disait qu’il serait sans doute plus sage de le placer. Vous avez un avis ?
  • Tu as raison, Hank, soutena Shepard. Avoir un père tel que lui ne peut pas être bon pour l’enfant.

Jim s’avança vers eux :

  • Les gars, je viens de recevoir un appel du commissariat. On relâche tout le monde, les preuves ne seront pas reçues.
  • Attends, quoi ? Comment ça ?
  • Je n’en sais rien… je ne fais que transmettre les ordres. Le chef veut qu’on relâche tout le monde. Apparemment, notre opération était illégale et on va tous être jugé en cours martiale, notamment vous deux.
  • Nous ? demanda Johnson. Mais c’est insensé…
  • C’est n’importe quoi ! hurla Shepard. On se casse le cul pour faire notre job, on trouve de quoi faire arrêter l’homme le plus influent de la pègre et on veut nous en empêcher ? Mais qui est le salaud qui s’est vendu à eux !
  • Et bien, si vous voulez tout savoir, c’est moi.

Tout le monde se retourna et vit Raph avec son arme braquée sur eux et toute la CHATTE derrière lui.

  • Enfoiré… cracha Hank.
  • T’en fais pas mon gars, on a prévu de juste te rétrograder vu que t’es quand même un bon flic, rigola le traître. Quant à vous autres… et si vous nous rendiez l’enfant ? Si vous le faites, on vous épargnera… peut-être, ajouta-t-il plus doucement.
  • Ne le lâches pas, chuchota Johnson à Henri Shrapnel.
  • Préparez-vous à courir, j’ai trouvé les clés de la voiture de sport garée devant. Mouse en a tellement, qu’il se paye même le luxe d’en mettre une ici…
  • Je te couvre, chérie.

Le shérif poussa une étagère pleine de coke et de farine et tira dessus. La poussière qui s'ensuivit fut si épaisse que les cailloux purent s’enfuir à l’extérieur. Shepard ouvrit la voiture et Hank mit l’enfant à l’intérieur.

  • Merde, y’a que deux place ! Comment on fait ? s’écria Johnson.
  • Tu conduis, Shepard prendra le gosse sur ses genoux, ordonna Jim.
  • Et vous deux ?
  • T’en fais pas, il faut bien que quelqu’un couvre votre cul, rigola Hank. Allez, foncez.

Après un bref instant d’hésitation, des tirs se firent entendre dans leur direction ce qui mit fin au débat.

  • Roule le plus loin possible de cet endroit, ce gamin à le droit de connaître une vie plus plaisible que celle-ci, dit Jim. Vous devriez également changer de nom et le sien aussi.
  • Nous le ferons, assura Johnson. Merci. Merci à tous les deux.
  • Vous nous le revaudrez ! Maintenant, partez ! hurla Hank.

La voiture vibra et Michel accelera, s’éloignant en un éclair. Shepard regarda par le rétro et hurla lorsqu’elle vit Henri trébucher et tirer sans le vouloir dans le dos de Jim qui s’effondra.

***

Voilà plus d’une heure qu’ils roulaient. L’enfant avec eux s'était endormi et la nuit obscurcissait désormais l’horizon. Johnson brisa le silence :

  • Tu as une idée d’où on peut aller ?
  • Non… continuons pour l’instant mais nous allons devoir changer de voiture.
  • Oui… et de nom.
  • Et de prénom.
  • Et pour lui ? demanda le shérif en désignant Kevin.
  • Je ne sais pas… c’est si soudain. Après ce qui s’est passé, nous ne pouvons pas l’abandonner, ce serait trop cruel.
  • Je suis d’accord. Et nous allons devoir l’emmener voir un hypnotiseur pour lui faire oublier tout ça.
  • Oui, j’ai entendu parler de plantes également qui pouvaient altérer la mémoire. Cela pourrait être une solution même si je n’aime pas trop l’idée.
  • Moi non plus mais cela sera mieux pour lui. Sans compter qu’avec les années, il va sans doute oublier également de lui-même.
  • Où on est ? demanda l’enfant à peine réveillé.
  • Ne t’en fais pas, on va bientôt s’arrêter, le rassura Shepard.
  • Oh, c’est toi ? Tu es l’ange de la dernière fois ?
  • Oui, c’est moi.
  • Wouah, tu es jolie… dit-il avant de refermer ses yeux fatigués.

Une larme coula le long de la joue de Michelle. Elle se tourna vers Michel :

  • Lorsque j’étais petite, mon père nous a abandonnés ma mère et moi. Elle est morte quelques années plus tard et j’ai fini dans les bas-fond de la ville où je vivais. J’ai fait la manche des années, jusqu’à ce qu’un caillou me prenne sous sa tutelle. Il s’est occupé de moi et a agit comme un père alors qu’il aurait très bien pu continuer comme tous les autres. Finalement, c’est la maladie qui l’a emporté mais il a fait de moi la pierre que je suis aujourd’hui.
  • C’est une jolie histoire… comment s’appelait-il ?
  • Justin.

Michel se contenta de sourire.

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