Au cœur de l'humain sommeille une vieille légende, révélant qu'au début de sa création, il n'était ni mâle ni femelle. Sous sa forme originelle, l'androgyne en tant qu'âme universelle était à l'image des Dieux dont il tirait le pouvoir exponentiel. Tel un roi, sa face était semblable à une étoile, et sa lumière instruisait toutes les créatures de son royaume de Conscience. Certes, c'était en souverain qu'il représentait sa propre nature psychique. Mais, c'était en Conscience Collective qu'il l'incarnait, car chaque âme consciente de sa nature exprimait une infime part de lui-même. Ainsi, à elles toutes, elles formaient l'androgyne, composé de cinq grands duchés auxquels un élément était associé : eau, feu, terre, air, éther. Larva dominait les créatures aquatiques : les émotions. Ego gouvernait les créatures ardentes : les raisons. Karma dirigeait les créatures terrestres : les actions. Logos inspirait les créatures célestes : les discernements. Enfin, Verus guidait les créatures éthériques : les intuitions.

Cependant, pour que la symbiose soit durable et profitable au royaume, tous les éléments devaient être parfaitement dosés entre eux. C'est pour cela que les âmes figuraient comme des maillons, conscientes de l'importance de se tenir la main. Il n'y avait qu'à ce prix que l'androgyne pouvait assurer la pérennité de son équilibre psychique. Or un jour, une guerre éclata entre le duché du feu et celui de l'air, car Ego annexa Larva à petit feu sans l'ordre du roi. Une bataille millénaire qui ne manqua pas de faire réagir Karma, rentré lui aussi dans la ronde belligérante. Seul Verus fut miraculeusement épargné, car sa haute vibration le protégeait de toute agression extérieure.

Depuis, Ego avait perdu la guerre. Mais son poison avait perverti les âmes de Larva et Karma. Elles étaient mortes, ou plutôt inconscientes tant elles s'étaient nourries de son ignorance. Cela ne fut pas sans conséquence. Toutes ces divisions au sein de l'androgyne, l'ont réduit à néant, qui devint dès lors un spectre de lumière morte. Dès l'instant où son univers psychique perdit l'équilibre, il perdit aussi sa pluralité. Son âme-puzzle se fractionnait en une infinité de conscience, ce qu'on nomme aujourd'hui très précieusement “individualité” ou “personnalité”. Des maux derrière des mots propres à l'ego, pour tenter d'effacer le fait que l'être humain actuel n'est qu'une infime part de sa véritable nature. Mais, ce n'est qu'en se reconnectant à la source du Grand Tout, qu'il retrouvera l'éclat primordial de sa Singularité.