Cauchemar
Mon pire cauchemar, je l'ai encore fait cette nuit. C’était affreux. Je n’ai jamais ressenti de telle chose. Cela ne m’est jamais paru aussi réel, aussi effrayant, aussi près de la réalité, ma réalité. Je ne me rappel pas de tous les détails, c’est encore flou, c’est aller trop vite, j’ai perdu le fil, je n’arrivais plus à réfléchir je n’ai pas enregistré… J’étais chez moi pourtant, dans ma chambre, je pensais que rien ne m’arriverait ici, j’ai eu tords. Je n’avais pourtant pas laissé dépasser mon pied de la couette. J’avais pourtant bien prié ma bonne étoile. J’avais pourtant bien placé mon attrape rêve au-dessus de ma tête. J’avais pourtant fait tout ce qu’il fallait, je n’avais rien oublié cette fois. Mais il a quand même réussi à rentrer. Il a quand même trouvé la faille dans tout ça. Je l’ai senti s’énerver. Je l’ai senti me regarder avec ce regard qui ne présageait rien de bon. J’ai essayé de me cacher, de faire en sorte qu’il m’oublie, de m’excuser, mais il m’a quand même attrapé le monstre, il m’a quand même pris la cheville pour me faire sortir du lit et tomber à plat ventre sur le parquet ciré. Il a crié, si fort que j’en ai eu mal à la tête. Il parlait, de plus en plus fort, de plus en plus rapidement, laissant cette odeur présente dans les bars emplir mes narines. Je me suis recroquevillée, priant pour qu’on vienne me sauver de ces griffes. Il s’est mis à hurler quand les larmes ont commencé à rouler sur mes joues. Et tout a basculé, j’ai me suis perdu dans la suite des événements, je ne me souviens plus… Je n’arrivais pas à rouvrir les yeux. Je n’arrivais pas à me réveiller. J’étais bloquée là. J’étais perdu. Puis les impacts sont arrivés, la douleur m’a submergé, me frappant à des endroits différents. Je me ne rappelle plus si j’ai pleuré, si je lui aie hurlé de partir, au monstre, si je l’ai supplié d’arrêté. Je ne sais plus si je me suis mise à saigner, si oui, à quel endroit en premier. Je n’arrive plus à me souvenir lequel de mes os a craqué en premier, comment j’ai fait pour me cogner contre la penderie, si je me suis relevé après. Je ne sais plus si je me battais encore, ou si la terreur faisait de moi une victime parfaite. Je ne sais plus à quel moment le noir à décider d’enfin m’envelopper, à quel moment, il m’a enfin ramené dans le sommeil, loin du monstre, loin de l’odeur d’alcool, loin de ses cris, loin de la douleur, du cauchemar. Je ne sais plus à quel moment je me suis senti soulager, en sécurité, à quel instant j’ai décidé de ne plus le laisser me réveiller… Pourtant il le faut, je dois m’occuper de la maison, aller au travail. Mais je n’arrive plus à me sortir de ma léthargie, le noir, l’obscurité ne veut plus me laisser partir maintenant, ils veulent me garder en sécurité. Je n’arrive plus. Puis d’abord quelle heure est-il ? Quel jour sommes-nous ? Ou suis-je ? Mon corps ne me répond plus… Mon esprit ne réagit plus… Pourtant j’y suis toujours arrivé, après chaque nuit… Cette fois-ci encore, ce n’était pas un cauchemar. Cette fois-ci encore, ce n’était pas un monstre. Il est encore rentré saoul, il s’est encore énervé, il est encore venu me trouver, j’ai encore été son exécutoire…Pourtant, il me répétait sans cesse qu’il m’aimait… Mais cette fois-ci, je n’aurais pas d’excuses à trouver pour les marques qu’il me laissait sans cesse… Qu’avais-je oublié encore ? Je ne le saurai jamais…
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