À la boulangerie
Il peut être six heures, sept heures, huit heures, ou encore douze heures ce sont des heures auxquelles je me lève pour aller au travail. Parfois, mon corps est lourd et semble enraciné dans mon lit. Parfois, je mets une alarme, je me lève et me rajoute trente minutes de plus. Et parfois, je me lève avant l'alarme.
Une fois prêt, j'attends que mes parents le soient à leurs tours et ils vont me conduire au travail. Le paysage est magnifique. Pour sortir de ma petite ville, je dois contourner un lac reflétant le soleil, les arbres et les nuages, puis une fois sorti de la ville je vois des montagnes. Beaucoup de montagnes. On voit même les intallations du ski, utilisées pendant l'hiver.
Une fois rendu, je dis au revoir à mes parents et me retrouve face à ce qui ressemble à une grande maison en bois chaleureuse. Cependant, ce n'est pas ça. Ceci est mon lieu de travail : une boulangerie. J'aimerais dire que je sens l'odeur du pain depuis l'extérieur, mais mes vêtements étaient déjà imprégnés de cette odeur puisque je portais exactement les mêmes habits que j'utilisais la veille pour travailler.
J'entre dans la boulangerie et dépendant des jours et des heures cela va du silencieux au bruyant.
Lundi au mercredi; silencieux. Du jeudi au dimanche; bruyant. De six à dix heures; silencieux. De onze à treize heures; bruyant.
Cependant, peu importe le bruit, mes collègues me saluent toujours des divers surnoms qu'ils m'ont donnés.
« Salut Oli, Oliver, Olimel, Olibel, Petit Bonhomme » C'est comme ça que m'appellent mes collègues, pourtant personne ne m'appelle par mon vrai prénom : « Olivier. » Après tout, c'est si amusant de faire des jeux de mots avec des noms de marque de nourriture... Cependant, ces petits surnoms me font sourire et je les salue tous un par un sans exception, car mes collèges sont très gentils ou devrai-je plutôt dire : « Gentilles. » Car à ma boulangerie, il n'y a quasiment que des filles. Pourtant, aucune loi n'interdit aux garçons de travailler à la vente et pas seulement en cuisine...
Vous l'aurez deviné, je ne fais pas de pain, de viennoiserie, de pâtisserie, ou encore de sandwich. Je le vends et tant mieux comme cela puisque j'ai cuit des pâtes qu'une fois dans ma vie... Parfois, lorsque je sers un client, je l'entends dire : « C'est magnifique ici ! On dirait une carte postale ! » Et je dois admettre qu'il n'a pas tort. Là où je travaille, on dirait une carte postale.
La boulangerie où je travaille est typiquement française, même si on est au Québec, mon patron et sa femme sont français et sont très gentils. Celui qui fait les pizzas, le fils du patron, est tout aussi gentil. Il est très drôle, je me souviendrai toujours la fois où il a imité l'accent québécois et à ma grande surprise... il parlait mieux québécois que moi naturellement... Par contre... Son ami... lui... il me tape sur les nerfs avec son air supérieur ! Bref, passons... Les boulangers, ce sont les abysses de la boulangerie. Je ne leur parle presque jamais à l'exception de quand : « Il ne nous reste presque plus de pain de mie ! Il nous reste plus de pain nordique ! Il ne nous reste presque plus de pain kamut ! » Et il y a les pâtissiers, ils sont tous très gentils et sympathiques. De plus, ils font des gâteaux délicieux ! Et le nouveau pâtissier fait même de la crème glacée et des sorbets ! Ils sont succulents ! Surtout celui à la fraise.
Je ris souvent avec mes collègues ou devrais-je dire, pour certains, mes amis, de ce que nous disent ou demandent les clients. On ne peut pas ne pas lâcher un petit rire quand un client nous dit : « Je vais prendre une chocolatine aux chocolats ! » ( Bien évidemment qu'elle est au chocolat ta chocolatine... ) Ou encore quand ils nous demandent : « C'est quoi qu'il y a dans ta chocolatine ? » ( Il y a de l'uranium avec un peu d'ammoniaque... Mais non ! Il y a du... Chocolat ! Ce n'est pas pour rien que cela s'appelle une CHOCOLATINE ! )
Après avoir fait face à plusieurs clients pour certains plus intelligents que d'autres... On fait la fermeture. On range les pains dans des grands sacs plastiques et on met les baguettes au congélateur dans un sac de farine. On met les viennoiseries en les mettant sur des plaques pour ensuite les mettre au congélateur. On remplit le présentoir à pâtisserie et on emballe les sandwichs invendus. Finalement, on passe le balai, on compte le pourboire et on raconte comment s'est passé, pour nous, cette journée avant de se séparer et de retourner chez nous. Et moi... j'attends pendant vingt minutes que mes parents viennent me chercher alors qu'on habite à cinq minutes de mon lieu de travail... Heureusement, cela me permet de profiter du beau paysage, d'enlever mon tablier et de me dire que je suis heureux de travailler dans cette boulangerie.
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