Up In Smoke 

4 minutes de lecture

Oh no the bottle's low

And I can't feel my face no more

Oh no we up in smoke

And I can't feel my face no more

C'était invariable et systématique, cette chanson lui rappelait Dante et leurs années folles. Cette chanson avait un goût de nostalgie et de joie, certes décadente, mais simple. Elle lui rappelait des nuits trop courtes, des éclats de rire à n'en plus finir. Elle lui rappelait les courses effrénées à travers Londres, quand le moteur de vieille Harley Davidson de Dante vrombissait à s'en faire exploser le réservoir. César revoyait le Londres nocturne de ces années-là défiler sous ses paupières entrouvertes. Il pouvait presque sentir le vent qui lui fouettait le visage, les muscles tendus de Dante sous ses mains alors qu'il s'accrochait à sa taille.

Oh no the bottle's low

And I can't feel my face no more

Oh no we up in smoke

And I can't feel my face no more

Invariablement le refrain lui rappelait leurs frasques communes. Les nuits passées à boire et à fumer, à rire et à s'engueuler. Le refrain avait un goût de fumée et d'alcool, comme les lèvres de Dante. Le rythme entrainant lui rappelait l'impatience de son ami, sa respiration qui s'accélérait à mesure que César se déshabillait pour

Temps bénis où tout était plus simple. Où si l'envie lui prenait de l'embrasser, personne ne pourrait y trouver quelque chose à redire.

Oh no the bottle's low

And I can't feel my face no more

Oh no we up in smoke

And I can't feel my face no more

César renversa la tête en arrière, laissant un sourire étirer ses lèvres alors qu'il accueillait avec plaisir les souvenirs qui remontaient par vagues, aussi régulièrement que le refrain de la chanson.

Oh no the bottle's low

And I can't feel my face no more

Oh no we up in smoke

And I can't feel my face no more

C'est drôle comment sa vision de Dante avait changé au fil du temps. D'inconnus complets, le dorénavant camé s'était installé comme un élément essentiel et irremplaçable dans la vie de César. Même maintenant alors que la drogue commençait lentement à resserrer ses griffes sur Dante, alors que chaque dispute devenait plus violente, César ne pouvait pas dissocier son ami de l'image d'un camé, d'un dealeur, d'un toxico. C'était péjoratif, mais c'était comme ça qu'il le voyait. Et c'était de bonne guerre finalement, Dante l'avait toujours traité de soûlard. À raison d'ailleurs.

Oh no the bottle's low

And I can't feel my face no more

Oh no we up in smoke

And I can't feel my face no more

Un souvenir plus clair se démarqua de la masse informe de sensations et de courts moments volés à sa mémoire qui - par habitude - empêchait des souvenirs précis de remonter à sa conscience.

31 Octobre, Halloween. Ils avaient acheté des bougies plus tôt dans la journée. Maintenant leur appartement était éclairé par une trentaine de frêles petites lumières et pour éviter de mourir asphyxié par la fumée, ils avaient laissé la fenêtre entrouverte. Un courant d'air désagréable fit frissonner César qui revint se blottir dans les bras de Dante, lui piquant au passage la cigarette qui tenait en équilibre au coin de ses lèvres. César en aspira une longue bouffée et recracha lentement la fumée, les yeux dans le vague. Il n'avait pas envie de bouger, mais déjà la bouche de Dante venait se poser sur sa nuque et ses mains remontaient jusqu'à ses cuisses. Un fin sourire étira les lèvres de César qui pencha la tête, offrant son cou à Dante qui le mordit, incapable de résister à la peau pâle de son ami qui se savait désirable. Alors commençait leur jeu de séduction, celui qui durait depuis des mois, et dont aucun des deux ne pouvait se lasser. La règle était simple ; le premier à prononcer les mots magiques avait perdu. César était confiant, Dante n'avait aucune patience, et pour peu qu'il joue la carte du soumis réactif, sa victoire était assurée. Mais cette nuit-là fut différente. Peut-être que Dante en avait marre de perdre, après tout. Ses caresses étaient plus lentes, plus calculées, son sourire plus taquin, son regard plus prédateur. Il le voulait, mais il ne dirait pas les mots, pas cette fois.

Oh no the bottle's low

And I can't feel my face no more

Oh no we up in smoke

And I can't feel my face no more

Un frisson parcourut l'échine de César alors que, allongé sur son canapé, il se rappelait la lenteur délibérément sadique de Dante. Les vêtements trop couvrants, trop difficiles à enlever. Son impatience grandissante et enfin les trois petits mots qu'il avait haleté alors que la bouche humide de son ami laissait sa peau brulante aux endroits touchés et insupportablement froide aux endroits délaissés.

« Je te veux » avait dit César.

Le sourire presque victorieux de Dante le faisait rire en y repensant.

Ça n'avait été qu'une victoire de courte durée - il le lui avait prouvé dès le lendemain - mais cette nuit-là, Dante avait eut ce qu'il voulait ; le corps de César, entièrement soumis, entièrement à lui, enfin.

Oh no the bottle's low

And I can't feel my face no more

Oh no we up in smoke

And I can't feel my face no more

Mais cette époque insouciante était terminée depuis longtemps, pour le meilleur et pour le pire. Une chose n'avait pas changé, pourtant. Qu'importe l'heure, qu'importe la demande, Dante répondrait toujours présent.

Pour le meilleur et pour le pire.

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