05. Une plume assombrit
Ce démon était des plus agaçant. Camille avait envie de l’envoyer chier à chaque fois qu’il lui parlait, comme s’il était un enfant. Cette façon qu’il eut de lui ébouriffer les cheveux juste avant de partie l’avait prodigieusement agacé. Il se remit les cheveux en place avant de se retourner face à l’appartement vide. Il s’était habitué à la présence du démon malgré tout, il avait peur de s’ennuyer. Ses ailes étaient loin d’être guéries et il ne pouvait pas encore voler, sinon il serait retourné au paradis depuis un moment pour subir sa peine.
Il se demandait comment les autres anges le voyaient, comme un lâche qui avait fui pour échapper à tout ça. Alors qu’il avait simplement été poussé par quelqu’un. Qui avait osé le maudire ainsi, car cette marque dans son dos était une malédiction pour lui. Elle lui faisait encore un peu mal, mais les pansements que lui avait donnés Kolrarid avaient le don de faire effet. Il s’assit dans le canapé face à la télé éteinte, il avait vu comment l’allumer, mais actuellement il avait la tête ailleurs. Son travail lui manquait, car il savait ce que c’était contrairement à ce que pouvait penser le démon. Il travaillait au paradis même s’il n’avait aucune rémunération comme pour les humains. Il commença à jouer avec l’une de ses mèches, avant de finalement sortir sur la terrasse pour observer la vie de la rue.
Les boutiques étaient ouvertes, la rue très animée, rien à voir avec la nuit où il était arrivé. Il avait envie de se mêler à la foule, de goûter au fruit sur les étalages. Il avait envie de se mêler à la foule et de découvrir ce monde inconnu qui le fascinait tellement. Il rentra dans l’appartement pour se vautrer de nouveau sur le canapé. C’est à ce moment-là qu’il se dit que finalement il n’écouterait pas le démon, il n’avait pas à l’écouter après tout. Il était un ange pas son chien, pas sa chose et encore moins un enfant. Prenant alors le double des clefs sur la table à manger, il se rua sur la porte d’entrée, pour la refermer derrière lui. Les couloirs de l’immeuble étaient déserts, rajustant le col de son manteau tout propre, il sortit.
Dans la rue il fut happé par le bruit, les gens qui courent, parle fort ou se dépêche pas ne pas être en retard a un rendez-vous. Il y avait beaucoup de vie, cela grouillait comme dans une fourmilière. Contrairement au paradis ou personne ne se précipitait ou tout le monde parlait à voix basse de peur de déranger les autres, dans la rue humaine on y vivait avec animation. Les âmes ne lui avaient pas menti, la vie en ville était bruyante, mais cela ne le dérangea pas. Un grand sourire aux lèvres il fit quelque pas, se faufilant entre les gens, se faisant se retourner quelque personne sur son passage. Car oui, un ange ne passait pas inaperçu même sous des traits humains, il restait un être à la beauté irréelle.
Il découvrait le monde avec des yeux grand ouverts, regardait les couleurs sur les étalages. Il avait envie de prendre les fruits, mais savait que cela serait de la vole. Il déambula alors dans les villes, écoutant les passants, regardant les affiches. Il prit même le bus pour essayer les moyens de transport. Il voyagea dans la ville toute la matinée jusqu’à ce que finalement son ventre crie le désespoir de la faim. Se disant qu’il devait rentrer à l’appartement il se retourna, sauf qu’il comprit bien trop tard quelque chose. L’ange c’était perdu dans la ville, il n’avait aucun sens de l’orientation, a par se faire des repères il avait juste marché avec curiosité.
Il était midi, il avait faim, une sensation qu’il ne connaissait pas de base et il était perdu. Il regarda autour de lui s’il n’y avait pas de plan de la ville. Si le démon apprenait qu’il était sorti et qu’il s’était perdu, il risquait de se faire tirer les oreilles, enfin non, le démon n’avait rien à dire après tout. Il essaya alors toute la journée de retrouver son chemin, son ventre tordu par la faim, mais toutes ses tentatives furent veine. Il finit par s’asseoir sur le banc d’un grand parc, le seul de la ville a ce qu’il avait compris. Il regarda le ciel, celui-ci s’assombrissait de plus en plus jusqu’à laisser voir la douce lune et sa robe d’étoile. Il lâcha un soupir, il aurait mieux fait de reste a l’appartement, sa curiosité était son plus grand défaut.
Heureusement pour lui, ou non, le démon rentrait justement par ce parc. Car a vrai dire, Camille était juste à côté de l’appartement, il ne reconnaissait juste pas les lieux. Fermant les yeux la tête en arrière il inspira un grand coup en même temps que le bruit de son estomac. C’est ce moment précis que le démon l’aperçut et décida de le sermonner.
- Tu es sortie alors que je t’avais dit de ne pas le faire ?
L’ange sursauta, ouvrant grand les yeux en voyant Kolrarid devant lui. Il se redressa du banc pour lui sauter au cou, en gémissant. Il ne s’attendait pas à le revoir, encore moins ici, il pensait être totalement perdu et mourir de faim. Il savait que les humains pouvaient mourir de faim, car certaine des âmes qu’il avait accueillit étaient mortes de ça.
- Hey, mais qu’est-ce que tu as ? demanda le démon en fronçant des sourcils en repoussant Camille délicatement.
- Bah… Je suis sortie… Et je me suis perdu, murmura-t-il.
- Depuis quand ?
- Ce matin.
Kolrarid se frottât le visage désespérer, il avait facilement deviné que Camille n’avait pas mangé depuis le matin.
- Tu es totalement inconscient tu le sais ça ? Tu es un ange, les humains voient parfaitement que tu n’es pas comme eux, si y’avait eu un malade qui t’avait enlevé, ou un autre démon ? Je ne suis pas le seul démon à me balader en ville.
- Mais… raya Camille. Mais tu m’énerves je suis adulte, je suis peut-être inculte en ce qui s’agit de la culture humaine, mais je suis capable de me défendre. Je suis un être céleste et les démons de pacotille comme toi ne me faites absolument pas peur.
Il se retourna, grimaçant de colère en croisant les bradés sur sa poitrine. Il marmonna dans sa barbe avant de finalement prendre les clefs dans sa poche et de les lui balance.
- Je n’ai pas besoin de ton aide, merci pour hier, mais je ne vais pas me rabaisser aux directives d’un démon de bas étage de ton genre.
Cela aurait pu être crédible si son estomac n’avait pas crié famine à ce moment-là, dans un bruit qui résonna dans tout le parc. L’ange qui était ignorant cette sensation se plia en deux presque de douleur. Le démon quand a lui se mis a gloussé sadiquement, comme si le voire souffrir le satisfaisait.
- Le démon de bas étage a de la nourriture chez lui, et est aussi passé prendre à manger avant de rentrer, répond-il en agitant un sac en papier kraft.
- Je peux me débrouiller seul.
- Vraiment ? Tu n’es pas crédible cupidon, tu n’as pas réussie à manger ce midi tu n’auras pas plus de succès ce soir. À moins que tu te prostitues.
Camille redressa la tête, ce mot lui était totalement inconnu, ça ne pouvait donc pas être quelque chose de mauvais.
- Comment je fais ça ? Me prostituer comme tu dis ? C’est une sorte de travail chez les humains ?
- Quoi ? Mais… Mais non je disais pas ça pour que tu le fasses, aller viens on rentre a l’appartement et on va manger. Demain… Demain on te trouvera un petit travail, au pire… Il cherche un autre serveur à mon bar, ça sera mieux que rien.
L’ange grimaça avant de finalement suivre le démon docilement. Il avait senti l’énervement de celui-ci, en lui disant que c’était un démon de pacotille. D’un coter lui aussi n’aurait pas aimé qu’on le traite d’ange de pacotille. Une fois dans l’appartement, il ne mit pas longtemps à engloutir son repas, malgré le fait que le démon lui disait d’y aller doucement. La sensation de faim était quelque chose qu’il détestait, après les démons évidemment. Il finit par brisé le silence après ce être calé dans son siège repu.
- Ça consiste en quoi serveur dans ton bar ?
- Tu vas devoir apporter les boissons aux clients, c’est aussi simple que ça. Tu vas gagner de l’argent et tu vas pouvoir payer à manger tout seul.
- Oh, et se prostituer c’est quoi ? demande-t-il en toute innocence.
Le démon manque de s’étouffer avec un morceau de pain, face à cette ignorance de l’ange. Après tout Camille n’y connaissait rien, il posait des questions toute plus ou moins délicate et déplacer sans s’en rendre compte.
- C’est… Quelque chose qui ne te plairait pas.
- Okay, mais c’est quoi ? Pourquoi tu ne veux pas me dire ? Je ne suis pas un fragile jeune homme que tu dois préserver des choses horribles du monde des humains.
- D’accord. C’est du sexe, plaisir de la chair, pour de l’argent. Tu connais ça le sexe ? La luxure ou les trucs du genre ? À moins que les anges soient tout puceaux.
Camille eut la mâchoire qui se décrocha, il ne savait pas s’il devait s’énerve face au sarcasme de son hôte, ou se cacher sous la couette pour oublier tout ça.
- Puceau ? Les anges ont fait vœu de chasteté dès le moment de leur création. Alors oui nous somme vierge et nous en somme fiers pas comme vous les démons qui véhicule des maladies de toute sortie en vous accouplant avec tout ce qui bouge même les animaux.
Il avait finalement décidé de s’énerver, si bien qu’il s’était levé et sous le coup de la colère avait déployée ses ailes. Une plume vient voleter devant ses yeux, une plume grise sans aucune nuance de blanc. Il écarquilla les yeux avant de regarder ses ailes, elles n’étaient plus blanches, mais grise.
- Quoi ? Mes… Ailes… Elles
Une larme coula sur sa joue, quand l’éclat des ailes d’un ange se ternissait, cela ne voulait dire qu’une chose. Camille était devenu un ange déchu, à défaut d’avoir subi le sort de redevenir humain, il avait été banni du paradis. Ses ailes allaient s’assombrir de plus en plus jusqu’à devenir totalement noir, et lorsqu’elles seront totalement noires il sera plus proche du démon que de l’ange. Comme Lucifer il y a de ça des millénaires. Il rangea ses ailes avant de courir pour se cacher dans la salle de bain. Retirant son haut pour se retrouver torse nu, il se retourna devant la glace pour regarder la marque dans son dos. Celle-ci avait légèrement noirci, donc Kolrarid avait raison, c’est la marque du bannissement.
Il s’écroula à genoux, ses larmes coulaient de ses yeux en silence. Camille était totalement anéantie, il était donc coincé dans le monde des humains. Même s’il avait pris plaisir à le découvrir, ce n’était pas sa place, il ne voulait pas être un ange déchu. Il voulait reprendre sa place au paradis, rependre son travail de jardin du paradis, se faire pardonner et subir une peine pour redevenir un ange. Il ne voulait pas sombrer dans la déchéance.
Dans la rue un peu plus loin, un homme ou plutôt un démon avaient suivi Camille toute la journée. Il l’avait vu sortir du bâtiment, se perdre jusqu’à ce qu’un autre démon le recueille. Ce n’était pas normal, ils étaient trop familiers, trop proches. Même s’il avait remarqué une certaine tension, il avait vu le démon invité l’ange chez lui. C’était inadmissible, les deux espèces ne pouvaient pas s’entendre. Les anges et les démons se vouaient une guerre sans merci depuis des millénaires, alors même une simple amitié ne pouvait pas naître entre eux. Il fallait qu’il fasse le rapport auprès de ses supérieurs, qu’il en parle à l’autre démon du secteur, qu’un ange était tombé du ciel et qu’un démon semblait l’avoir pris sous son aile.
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