Mes doigts glissaient doucement sur les touches du piano. La musique passait doucement à travers mon âme, faisait le tour de mon sang, m'anésthésiant. Le bouquet de fleurs posé à côté de ma partition tremblait lors des grosses notes. Je jouais au rythme de mes sanglots, cherchant à le sortir de mon esprit. J'avais du mal, à chaque mélodie je semblait entendre son nom. Il me hantait comme jamais.

Mais c'était trop tard, le ciel l'avait emporté. Trop tard, le mal était fait. Trop tard...

Je jouais de plus en plus vit, mes sanglots s'accéléraient. La musique fendait mon coeur, fendait mon âme, fendait mes sentiments. J'avais envie de me tirer une balle tant c'était triste.

Seule dans l'auditorium, le son résonnait et personne ne pouvait partager mon douleur. J'était seule face à la destinée. Seule face au monde cruel. Seule face à la douleur, dans un palais de glace et de souffrance. Je m'étais blessée en voulant aimer. Jamais je ne commettrais de nouveau cette erreur.

Mais en serais-je capable ?

Oui. Il fallait que je crois en moi si je voulais avancer.

Mais comment croire en soi, quand on est dévoré par le terrible poison qu'est la culpabilité ?