Les bons côtés de tourner la page

5 minutes de lecture

Tout le monde a eu un moment dans sa vie où il lui est arriver de prendre l’importante décision de tourner la page. C’est finalement ce que j’ai fait en quittant mon pays natal, mon travail, ma famille, mes amis et tout ce qui m’était cher.

Il y a des gens qui tournent la page pour oublier totalement le passé et tout ce qui tourne autours. Je ne leur en veux pas, la vie n’est pas parfois facile et qui ne s’est pas dit à un moment donné de sa vie « J’aurais aimé que ce ne soit pas arrivé, j’aurais aimé ne pas t’avoir rencontré... ». Mais si j’ai appris quelque chose il y a longtemps, c’est que le passé revient toujours et que nous devons donc apprendre de nos erreurs et embrasser la vie que nous avons car, il arrive souvent que tout ne dépend pas de nous.

Je vais vous raconter l’une de mes retrouvailles les plus incroyable que j’ai eu en arrivant vivre à Paris. Pour cela, je préfère garder l’anonymat sur leur identité mais qu’à cela ne tienne, je parle ici de mon oncle et sa merveilleuse épouse que je ne connaissais pas compte tenu des circonstances familiales dans lesquelles j’ai grandi.

Mes premiers souvenirs d’enfance ne sont pas heureux comme j’aimerais le dire. Mon premier souvenir est basé sur l’arrivée de plusieurs policiers et une assistante sociale frappant à la porte et annonçant qu’ils sont venus nous chercher moi et mes deux sœurs en nous séparant de notre mère. C’est ainsi que nous avions été placées dans un centre pour mineurs de mes 3 ans jusqu’à mes 15 ans. J’ai grandi dans ce centre avec une éducation disciplinaire, strict et sans amour. Je peux dire que c’est grâce à ce centre et aux braves femmes qui travaillent là-bas sans relâche nuit et jour que je suis devenue la femme que je suis aujourd’hui.

J’ai grandi avec le sentiment que ma seule famille était mes sœurs, mais j’avais tort. Quand j’ai décidé de venir vivre à Paris, un oncle maternel m’a dit qu’il avait un grand frère qui vit à Paris et que je pouvais le contacter. Et la vérité est que ce n’était pas facile pour moi car, je ne me sentais pas à l’aise de demander des conseils ou de l’aide à un monsieur que je ne connaissais pas du tout et de surcroît, que c’est mon oncle. J’ai toujours su que ma mère avait 5 frères et sœurs. Durant mon enfance, je les détestais tous parce que je pensais qu’ils nous avaient abandonnés à cause des erreurs de ma mère. Puis j’ai grandi et ma pensée a changé, j’ai commencé à penser que peut-être ils ne pouvaient pas accueillir trois filles ou peut-être qu’ils ne savaient même pas que nous existions. Et c’est vrai que j’ai tourné la page et que j’ai voulu oublier beaucoup de choses liées à ma mère et à mon père.

Mais en arrivant vivre à Paris m’a donné l’occasion de rencontrer quelqu’un de ma famille et même si cela signifiait pour eux, « rouvrir la boîte de Pandore » avec tout ce qui concernait ma mère, cela n’en valait pas la peine. Ils voulaient nous aider dans cette étape de notre vie. C’est mon mari qui est venu en premier pour en point tout ce qu’il fallait pour notre installation et il n’arrêtait pas de parler de mon oncle et sa femme. Il n’arrêtait pas de me dire à quel point ils étaient des bonnes personnes. Un jour, mon mari m’a dit, tu sais quoi ? « Vous avez une famille incroyable » Et la vérité est que cela m’a rendu triste de l’entendre dire ça. Parce que je ne m’attendais toujours pas à avoir un membre de famille à moi de la sorte que décrivait mon mari.

C’était vraiment drôle parce que comme je ne me sentais pas à l’aise, mon mari a initié ce contact et dès le premier jour où mon oncle et sa femme ont rencontré mon mari, ils l’ont accueilli comme un fils. Il est arrivé six mois à l’avance et ils l’ont vraiment aidé à chercher un appartement, faire la rénovation et l’adapter à notre famille. Ils l’ont également aidé à faire les premières démarches administratives. Depuis mon arrivée à Paris, petit à petit j’ai appris à les connaître et au fil du temps, ils sont devenus ces parents que je n’ai jamais eu et des magnifiques grands-parents pour nos trois filles.

Je suis très reconnaissant de les avoir ici et de tout ce qu’ils font pour nous. On dit que tout arrive pour une raison et peut-être sans le savoir en nous installant à Paris m’a permis de les retrouver et connaître de plus.

À Paris, il y a aussi une partie de la famille de mon mari et bien que nos différences culturelles continuent parfois d’être un obstacle mais petit à petit, nous apprenons à nous connaître, à nous adapter et ma conception de la famille a changé. L’une des choses qui m’a changée aussi est la réaction de nos filles avec la famille. Quand je vois mes filles qui aiment et sont heureuses avec toutes ses personnes totalement nouvelles pour nous, je réfléchis et je dis que la chose la plus importante dans ce monde est le respect mutuel entre les humains et même si les choses ne sont pas toujours comme nous le voulons, l’important est de vous donner l’occasion de vous connaître en respectant nos différences et faire de nos différences un atout mais pas une source de division.

Mon mari est mon présent et j’espère qu’il sera mon avenir, et bien que ces différences culturelles nous affectent également, nous finissons toujours par nous adapter car notre relation est basée sur le respect, l’amour et considération.

Paris, c’est aussi la famille que l’on choisit, des amis. Dans la clinique dentaire, j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens formidables, mais en particulier, il y a deux personnes qui, après avoir quitté la clinique il y a presque 2 ans, nous sommes toujours en contact et sont devenues des personnes très importantes pour moi.

Le premier jour des classes de mes filles en France, j’étais inquiète et un peu perdue mais une merveilleuse femme m’a aidé en faisant la traduction entre moi et les encadreurs de l’école de mes enfants puis après cela, nous sommes allés prendre un café et depuis ce jour, nous sommes devenus des véritables amies. Il y a quelques mois qu’ils ont déménagé dans une autre ville, mais toujours nous nous voyons souvent et nous sommes devenus une véritable famille.

À l’hôpital, j’ai aussi rencontré et je continue de rencontrer des gens merveilleux. Avec le temps, il peut aussi y avoir quelqu’un qui deviendra la famille que l’on choisit, si ce n’est pas déjà fait.

Mais tout ce qui concerne mon travail là-bas a encore beaucoup à dire. Être qualifié en Espagne en tant qu’assistant social et exercer à Paris n’est pas si facile...

Commentaires

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Maria Cherif Lorente ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0