Le choix du sujet pour notre projet en binôme avait été un champ de bataille, jusqu'à ce que nous découvrions par hasard notre intérêt commun pour les jeux vidéo. Cela semblait être le seul terrain sur lequel Sarah et moi pouvions nous rencontrer sans conflit.

Nos sessions de travail se tenaient chez moi, sous l'œil attentif de ma mère, Houda. Elle accueillait chaleureusement Sarah et sa mère, Iman, tentant de tisser des liens. Mais l'atmosphère était chargée, Sarah restant distante, répondant avec une politesse froide à chaque tentative de conversation.

Les premières réunions furent tendues. Sarah avait ses propres idées sur la direction du projet, et chaque fois que je proposais quelque chose, elle le rejetait presque instantanément. Elle était directe, parfois tranchante dans ses réponses, me faisant souvent me replier dans un malaise silencieux.

Pour compliquer les choses, ma mère, espérant alléger l'atmosphère, partageait des anecdotes embarrassantes sur mes maladresses d'enfance. Chaque histoire me faisait rougir de honte, et je pouvais sentir le regard de Sarah sur moi, oscillant entre amusement et pitié.

Cependant, au fil des rencontres, nos discussions sur les jeux vidéo ont commencé à briser la glace. Partager nos expériences et nos jeux favoris a créé un espace où nous pouvions interagir sans tension. Petit à petit, j'ai vu un intérêt sincère s'allumer dans les yeux de Sarah, et nos échanges devenaient progressivement plus fluides.

Malgré les débuts rocambolesques, nous avons réussi à assembler un exposé détaillé et bien structuré. Sentir que nous avions accompli quelque chose ensemble, malgré les obstacles, était une satisfaction nouvelle pour moi. Pour la première fois, j'ai eu l'impression d'avoir établi une vraie connexion avec Sarah, malgré son attitude parfois distante.

Le jour de la présentation, debout côte à côte devant la classe, une confiance inhabituelle m'habitait. La présence de Sarah, forte et assurée, me donnait du courage. Peut-être que ce projet n'était pas juste une tâche scolaire après tout. Peut-être était-ce le début d'une amitié compliquée, mais potentiellement enrichissante.