— Salut les Troll-spectateurs ! Bonjour, ma chère Janette !

— Bonjour chers Troll-spectateurs ! Bonjour, cher Marcel...

— Je veux une manette sous forme de gros Desert Eagle !! Ou sous forme d'un gros fusil à pompe New Age !! Chargeur, percuteur etc... toutes ces fonctions sur une arme à feu, remplaceraient les touches fonctions de la manette ! Le rêve ! Charge : enter to the game - Charge, encore : let's go... déplacements : touches sur la crosse pour avancer et jump, touches sur le chargeur pour droite/gauche... Ou mieux, casque avec micro et tout à commande vocale. Le gun ne sert qu'à entrer dans le jeu et tirer sur tout ce qui bouge, ou pas... il faudrait caller une lame au bout, pour les coups de sabre en cas de chagement d'arme ! Le rêve absolu, j'y suis déjà !!!

— Je sens que vous avez investi dans un game... Doom Eternal, je présume ?

— Comment vous avez deviné ??

— J'y joue.

— Janette, vous ne cessez de me surprendre.

— C'est l'effet que je produis sur les hommes, cher Marcel. L'article ? Ou vous allez encore faire l'enfant ?

— Go !

*

LE DESSEIN DES SEPT

Je ne tiens plus. Mon libraire m'a parlé d'un livre : Le Déchu Originel. Écrit par l'Éthéré avant sa disgrâce. Je dois savoir. S'il a écrit ce huitième tome, il me le faut. Et cela me donnera l'occasion de revoir mon sorcier. Je me souviens qu'il faisait froid mais, la journée était lumineuse, même sans soleil. J'entre. L'architecture du royaume de l'imaginaire a changé. J'aime. Je dois faire un tour afin de découvrir les nouveautés. Je retrouve mon coup de cœur du premier jour de ma venue dans cette librairie : « Le Sang des Rapaces ou le Dessein des Sept ». Un jour je l'achèterai.

— Vous avez changé la déco ? dis-je à mon dealer de savoir.

En effet il a interverti la place des livres de sorts et des annales mystiques. C'est plus lumineux. Plus spacieux. J'ai l'impression qu'il a gagné de l'espace. Je vois un grand livre dangereusement penché, prêt à s'écraser sur deux autres plus petits. Il risque de les faire basculer dans le vide. Je m'affaire à le caler de façon à ce qu'il soit stable, sans gâcher l'esthétique de l'organisation. Il faut reconnaître que cette tour de Pise improvisée fait tâche dans le décor et me titille l'œil depuis un moment.

— Ne vous embêtez pas, ça ne restera pas rangé longtemps, hélas, me lance-t-il en volant à mon secours.

On ne me surnomme pas la Monk pour rien. Je ne peux m'empêcher de tout remettre au carré, c'est pathologique. Le pire c'est quand vous rangez le bureau du type qui vous fait passer un entretien d'embauche (mais penser que j’allais être condamnée à faire des sandwiches tout le restant de ma vie, m’avait angoissée au plus haut point). Pourtant, à cet instant mon toc n'est plus une malédiction. Cela me gêne, tout de même. Je repère une encyclopédie des entités mystiques et imaginaires à la reliure superbe. En tissus rouge sang. Je n'ai plus le sous. Quelle tristesse. Je m'approche du comptoir, puis pose enfin la question qui me brûle les lèvres. (Non je ne lui demande pas s'il est célibataire). Samaël a bien écrit ce dernier volume. Je réserve le huitième tome, ravie d'avoir une raison de revoir mon beau geek. Aujourd'hui je me fais plaisir. Tant pis, je mangerai des pommes de terre. Je me jette sur Le sang des Rapaces. Tenant amoureusement l’édition dans mes bras je me dirige vers la caisse. Rowena, qui passe son temps à dessiner dans un carnet magique entre deux clients, me le montrant en l’ouvrant discrètement, m'annonce avec ferveur :

— Ah celui-ci c'est mon coup de cœur, il renferme une multitude de révélations !

En effet, j'ai longtemps tourné autour, mais il va enfin finir dans ma bibliothèque. Ou plutôt à mon chevet. Je sors, heureuse.

Quelques jours seulement s'écoulent. Je galope joyeusement dans les rues de la cité Chimère. Le dernier livre du Déchu est livré. Mon coup de coeur m'attend comme à son habitude. Je découvre qu'il a exposé Les mémoires d’une guerre infinie. Oh mon dieu ! J'ai l'excuse toute faite pour revenir.

— Est-ce que vous avez, L’imaginaire de Loki ?

Il me montre les ouvrages. La conversation s'engage au sujet de la beauté des illustrations. Il m'apprend que le créateur de l'une des meilleures chroniques de ce monde est censé publier la suite. Je m'esclaffe qu'elle traîne un peu pour la sortie, son dernier volume a été édité il y a bien sept ans. Je lance ma brioche sur Chant de l’aube au crépuscule et nous nous laissons emporter dans l'univers de Meredith Donovan. Son huitième tome tarde à venir au monde, comme pour L’imaginaire de Loki. Mais mon libraire adoré me rassure :

— Elle devrait sortir les tomes huit et neuf en même temps, c’est prévu.

— Mais elle n'est plus toute jeune, et sa santé n'est pas des plus radieuses.

Elle a, selon les rumeurs, engagé un avocat qui devrait se charger de la publication en cas de funeste sort. Autrement le récit tomberait entre les griffes de Kabus, le démon des illusions.

— Bref, il ne nous reste plus qu'à acheter des carnets magiques et matérialiser son univers, à sa place !

Nous rions. J'apprécie sa compagnie. Chacun de ces rendez-vous est des plus précieux à mon cœur. Je ne sais pas où l'avenir nous mènera. Nulle part, je suppose. Alors, je savoure chaque instant.

Je n’ai plus trop envie de quitter ce monde. Reverie se promène dans ma rue. Je le vois qui lève la tête vers ma fenêtre. Que me veut-il. Dois-je continuer à chercher Sloan Carter ?

— Gareth Alderic.

Les chroniques de la cité Chimère - « Mélodie de l'univers »

DEARDON pour TROLL MAG INFINI-TEA

*

— Ce Reverie me fascine ! C'est un mystère enrobé de mystère...

— Je vous rejoins, ma chère Janette.

— Ce petit libraire...

— ...vous donne chaud ?

— Un peu, oui... À la semaine prochaine chers Troll-spectateurs et ne trollez pas trop devant l'écran !