Acte 42 : LE SANG DES RAPACES - Constance St John
— Salut les Troll-spectateurs ! Bonjour, ma chère Janette !
— Bonjour, bonjour, chers Troll-spectateurs ! Bonjour, mon petit Marcel !
— Vous êtes toute guillerette, ma petite Janette !
— Le végétarisme c'est de la dynamite !! J'arrive même à faire des pancakes sans oeufs ! Ce petit confinement a du bon ! Hier, orgasme culinaire avec boudin antillais de betterave et simple petite salade batavia, oignon grillés, champignons crus et moutarde ! Ce matin, pancakes citron. Je passe la peau au smoothie, zéro déchet ! Et crème de pavot ! Je découvre que le pavot fait du lait ! J'ai enfin réussi mon café au lait sans lait de vache !! Miracle !!
— Oh ! Il faudrait créer une rubrique culinaire ! Végétarisme de luxe ! J'en parle au patron dès ce soir !
— Mon cher Marcel, vous êtes une crème !
— Vous en doutiez ?
— Envoyer l'article !
*
Mélodie de l'Univers
Rada interroge un suspect. Un tueur en série sévit dans le quartier des ombres. Il élimine ses victimes en absorbant leur énergie vitale. Il ne reste plus d'elles qu'une silhouette noire sur le mur, comme s'il avait peint leur souvenir avec leurs cendres brunies par une combustion instantanée.
— Où étiez-vous hier soir à vingt-et-une heures ?
— Chez moi, s'esclaffe l'homme.
— Ça vous fait rire ? Huit enfants ont été assassinées en moins d'une semaine et ça te fait marrer, pauvre con !
Thorne se lève puis cogne à la vitre teintée. Un policier entre dans la minute qui suit.
— Madame.
— Mettez-moi ça au trou, surtout, jetez la clé.
— Oui, madame.
— Hé, t'es sérieuse là ?
— J'ai l'air de rire ? lance-t-elle en souriant. Oui, en fait... maintenant, je me m'éclate.
Rada quitte la pièce. Elle regarde autour d'elle. Son collègue n'est pas au commissariat. Levant les yeux vers l'horloge mécanique au-dessus de sa tête, elle constate qu'il se fait tard. L'heure du crime, se dit-elle. L'inspectrice sort. Observant le soleil couchant, la jeune femme pense à Warren.
— Que fait-il, cet égoïste égocentrique ? S'il faut être deux pour passer les dimensions dans cet univers, le garçon risque de rester longtemps bloqué ici. L'orgueil. C'est bien la faiblesse des mecs !
Rada tourne la tête vers sa gauche. Reverie lui tient compagnie depuis quelques instants.
— Tes pensées frôlent la solution. La question n'est pas qui, mais pourquoi ?
— Merci Reverie, maintenant j'en sais encore moins qu'avant. Que veux-tu dire par, pourquoi ?
L'étrange individu vêtu de noir a disparu.
— Bien sûr, le jeu serait trop facile...
***
Dans les rues du quartier des ombres, un héros guette. Huit morts déjà, Gareth arrive en retard de quelques secondes, à chaque fois. Un hurlement déchire soudainement l'atmosphère pesante du lieu. L'homme se téléporte vers la source des cris.
— Enfin, je te tiens, chuchote le héros.
Le tueur serre sa victime à la gorge. Agenouillée devant son tortionnaire, l'adolescente tremble de tout son être. Les veines de l'agresseur strillent son corps calciné, telles des rivières de lave au pied d'un volcan en éruption. Gareth dessine un symbole mystique dans l'air. Une étoile à l'aspect humanoïde d'un bleu éclatant apparaît, puis se rue aussitôt sur l'entité maléfique. Il lâche la fillette, qui s'effondre, sans vie. Poussant un grognement indéfinissable, l'assassin de l'ombre se retourne, menaçant. Gareth reste dressé devant le monstre, prêt à riposter. Hélas, le héros a présumé de ses pouvoirs. Il sent son énergie le quitter progressivement. C'est la fin.
Ce n'est pas possible, je vais mourir ici, dans ce monde étrange, sans avoir trouvé le portail pour m'en échapper. Au premier niveau.
— Quelle tristesse.
Gareth connait cette voix. Brusquement, la cage thoracique du démon éclate dans un bruit fracassant. Le héros se relève tandis que le tueur tombe à ses pieds, un trou béant à la place du cœur, que tient Constance dans sa main gauche.
— Vous ? Que faites-vous ici, à cette heure ? s'exclame le libraire, ahuri.
Elle écrase l'organe entre ses doigts, puis jette ce qu'il en reste par terre, comme on secoue une saleté.
— Vous êtes encore en vie ?
— Et pourquoi devrais-je mourir.
— Le coeur d'un radioactif est un poison mortel, même pour un expert comme Sloan Carter ! lance-t-il, une pointe d'horreur dans le timbre de sa voix.
— Tu connais Sloan Carter ?
— Qui ne le connaît pas ?
La jeune femme regarde sa main avec dégoût.
— Pour cela il faudrait que je culpabilise. Tuer est ma profession depuis que j'ai son âge, lance-t-elle en basculant sa tête vers l'adolescente, gisant toujours inconsciente.
Constance s'éloigne dans les rues sombres de la cité Chimère.
— Au fait, ton pêché est bien la colère ? demande-t-elle en s'arrêtant soudain.
— Oui, répond l'homme, désarçonné par tant de froideur.
La tueuse disparaît entre les murs de la ville infernale.
Les chroniques de la cité Chimère - « Les enfers du siècle »
DEARDON pour TROLL MAG INFINI-TEA
*
— On passe à l'action ! C'est de plus en plus prenant !
— Oh oui, mon cher Marcel ! Cette cité Chimère est pleine de secrets, tous plus intriguants les uns que les autres !
— Et cette jolie Constance... Mmmmh...
— Les femmes sont votre cryptonite... À la semaine prochaine chers Troll-spectateurs et ne trollez pas trop devant l'écran !
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