Acte 39 : LE SANG DES RAPACES - Sloan Carter
— Salut les Troll-spectateurs ! Bonjour, ma chère Janette !
— Bonjour, bonjour...
— Qu'y-t-il ma chère Janette ?
— Une amie. Je me rends compte qu'elle n'a pas de conversation. Quand je l'appelle, ça me raconte des émissions TV dont je me fous complètement. Le pire c'est quand elle me raconte la vie de sont chats. Le vétérinaire, la marque de sa bouffe, de sa litière... Et alors attendez Marcel, elle me demande comment ça va, j'ai à peine commencé à répondre qu'elle me coupe la parole pour papoter avec sa bête ! Elle ne sait même pas que je travaille sur INFINI-TEA channel ! Et Noël dernier, elle m'a plantée, alors que nous devions faire le repas ensemble. Pas même un appel pour s'excuser. Je suis une solitaire, je ne suis pas sociable, donc on peut laisser choir sans prévenir, puisque de toute façon je ne fête rien. Je n'ai pas de famille. Encore une preuve qui me conforte dans mon refus de sociabilisation ! Heureusement que je vous ai, mon cher Marcel.
— TROLL tv, c'est la famille. Vous savez que vous pourrez toujours compter sur nous tous !
— Merci, très cher.
— C'est normal. C'est pas tout, mais l'heure tourne, il faut lancer l'article !
— C'est évident, mon petit Marcel !
*
Le pouvoir de la pensée, la magie des mots.
Gareth rangeait les livres sur les étagères, après avoir déballé les cartons. L’endroit était paisible. Après vingt heures, la librairie était complètement vide. L’homme s’adossa un moment contre la cloison du local qui le séparait de son rayon. Il pensa à sa cliente aux cheveux d’or mêlé de cuivre.
— Sois pas stupide, sermona-t-il agacé.
Il reprit son ouvrage. Soudain un recueil tomba à ses pieds, puis s’ouvrit. Le libraire ramassa l’objet en prenant soin de garder la page. Il pouvait y lire :
« Vois celui qui traverse l’ombre. Entends son murmure dans tes songes. Ecoute l’éther et trouve ton alter égo. Ainsi tu passeras le Stix qui sépare les sept royaumes. »
— Qu’est-ce que … ?
Il referma le livre, le rangea sur l’étagère.
— Ne devriez-vous pas être rentré chez vous ? Il faut se reposer, même dans un monde aussi absurde que celui-ci !
Gareth se retourna brusquement. Devant lui se tenait la jeune femme qui lui commandait chaque semaine les Chroniques de Samaël.
— Comment êtes-vous entrée ?
— Quelques petits secret bien gardés, m’ont soufflé un sort spécial à l’oreille, lui susurre-t-elle en s’approchant de lui.
Elle se colla au maître des lieux, qui ne put reculer davantage. Pris en étau entre le mur et son assaillante, l’homme sentit la chaleur brûler ses joues. Constance sourit à la vue de ce visage empourpré. Elle glissa doucement ses doigts le long de l’avant bras de ce gentil garçon tant convoité. Gêné par la situation, il resta figé. La jeune femme l’embrassa tendrement. Elle ne voulait pas le malmener. Il lui paraissait sensible, aussi délicat qu’un objet de céramique chinoise. Tous deux se retrouvèrent soudainement enfouis sous des draps blancs de soie fine. L’amant affectueux, la prend avec douceur. Découvrant ce suave univers de tendresse, Constance se laisse aller à des émotions inconnues. Son corps expérimente des sensations jamais éprouvées, auparavant. Elle n’a jamais connu l’amour.
— Oh, mon dieu !!!
Je me réveille en sursaut. En sueur. Ce monde va me rendre folle. Brusquement, je sors mon arme de sous mon oreiller pour braquer une ombre dans le coin de mon studio.
— Tu sais très bien que ça ne fonctionne pas, ici, ma biche.
Sloan Carter se lève du fauteuil, réglisse à la bouche. Je me rassois, dépitée.
— T’es mon alter ?
— Non, ma chérie.
— Qu’est-ce que tu fous là, alors ?
— Écoute l’éther. Tu sens bien que tu as changé ici.
Le chasseur de chimères ouvre une faille.
— Oh, ma douce ! Un de ces quatre, tu devrais m’inviter dans tes rêves, je me suis régalé, t’es vraiment une bombe !
— Hé !!
Je me lève, en colère. Trop tard. Le traqueur a disparu dans son vortex artificiel. J’aimerais apprendre à faire comme lui. Demain je passe à la librairie, chiner quelque grimoire qui pourrait m’enseigner cet art.
Je n'en peux plus de cette sphère...
Les chroniques de la cité Chimère - « Melodie de l'univers »
DEARDON pour TROLL MAG INFINI-TEA
*
— Sexyyy, ce Sloan Carter !
— Aaaah, ça vous remonte le moral, ma petite Janette !
— Et comment ! Ouh ! J'ai chaud, tout à coup.
— Tenez, un Ice Tea, supplément glaçon. À la semaine prochaine chers Troll-spectateurs et ne trollez pas trop devant l'écran !
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