Pour le trouver, il faut savoir où chercher. Ce n’est pas le genre de personnes qu’il suffit de pinger pour avoir sa localisation. Mais on connait toujours quelqu’un qui lui a débloqué un portable coincé, ou qui a trouvé une solution quand rien d’autre ne fonctionnait. Personne ne sait comment ca fonctionne, mais ca fonctionne, comme si il leur suffisait de ne pas faire comme tout le monde et que cela créait des solutions.

On m’avait confié son adresse sur le ton du secret. Nul ne savait très bien si l’existence des rebooteurs était autorisée ou non. Certaines des choses qu’ils faisaient ne l’étaient vraisemblablement pas.

Il habitait quelque part à l’extérieur de la ville, dans une zone de petites maisons individuelles à la périphérie de la ville, telles qu’on n’en construisait plus depuis le tournant du précédent siècle. Personne n’aurait voulu vivre là. Pas de transports publics pour la mobilié. Pas d’agents d’entretiens pour la propreté. Pas de caméras de surveillance pour la sécurité.

La plupart des maisons des alentours étaient à l’abandon, et des ouvriers inconnus étaient venus s’y servir. Portes fenêtres, et les luxueuses cuisines aménagées que l’on reconvertissait maintenant en meuble à vivre dans nos espaces partagés. Derrière la maison, il me semble apercevoir un carré aménagé où poussent des plantes. Un bruit de plumes et de pattes, comme si de gros oiseaux se déplaçaient dans leur cage de grillage. J’enfonce le bouton de la sonnette, qui retentit d’un son de cloche vintage.

L’homme qui me reçoit n’a rien de particulier. Il pourrait être un collègue ou un partenaire de yoga. Si on me demandait de le décrire, que pourrais je dire ? Il n’y a rien à en dire. Le visage passe-partout d’un avatar généré par ordinateur Mais voilà, c’est lui le rebooteur, et il n'a pas l’air surpris de ma demande.