Chapitre 4
J’entrouvris mes paupières, me rendant compte que je m’étais assoupie. Où étais-je ? Je me redressais en sursaut, émergeant d’un profond sommeil. Autour de moi il faisait jour. Comment cela était-il possible ? Il n’y avait aucune fenêtre dans ma chambre ! Quelques nombreux coup de cloches, résonnant non loin, me surprirent les uns après les autres, contrastant avec la quiétude du silence qui avait pris l’habitude de m’accompagner. Pourquoi ? Tout me semblait nouveau, je ne reconnaissais rien. Avais-je été transférée ? Où l’avais-je été ? Je ne voyais que cette option qui pourrait expliquer ce changement soudain de lieu.
En détaillant la pièce minutieusement en quête de détails où d’indices, je ressentit une vague impression de déjà vu. Sûrement un lieu où Elizabeth a du aller et dans lequel je n’ai jamais du me rendre. Pour que j’ai cette impression, il faut que ce soit un lieu qui fasse partit de son quotidien. Un quotidien qui m’est inconnu.
Je me demandais qu’elle était cette pièce, à quel endroit elle se situait dans l’hôpital ? Peut être un endroit dans lequel je ne devrais pas être. Certainement même, c’était l’endroit typique qui regroupait tout les interdis de l’établissement.
Il y avait un jeune homme à côté de moi qui dormait paisiblement. Il n’avait l’air de se soucier que de son rêve, et encore. Je l’observais rapidement. Le teint un peu mate, les cheveux bruns, et plutôt longs par rapport aux gens que l’on trouve de nos jours, mi longs pour être exacte. La couette a moitié sur lui laissait entrevoir le haut de son torse et ses jambes nus. Il avait l’air d’un roi qui avait tout ce qu’on lui donnait et à qui tout était dû. Il dégageait un certain charme, et m’inspirait la confiance, si bien que je décidais d’attendre son réveil pour comprendre où j’étais. Voulant sortir du lit en toute discrétion, je me dégageais de la couette veillant à ne pas le déranger avant de me précipiter à nouveau en-dessous, surprise.
J’étais nue. Pourquoi ? En détaillant la chambre, je constatais mes vêtements, jetés en boule dans un coin. Veillant que l’autre soit bien endormis, j’allai les récupérer avant de m’installer sur le fauteuil non loin. Je savais que personne ne pouvais vouloir de moi, alors pourquoi ? Je n’étais pas l’apothéose quant à mon physique, ni celle qui est la plus stable mentalement. Il fallait un grain pour m’accepter et encourir le risque que les psychiatres nous voient ensemble de si bon bon matin. Nus qui plus est. J’observais alors à nouveau la chambre, cherchant un recoin où me cacher en cas d’urgence. Si on me surprenait ici, je risquais de perdre définitivement l’espoir de sortir un jour de ce calvaire. Il ne me resterait en option, qu’a faire un pacte avec le diable.
Je me perdis dans mes pensées. Que faisions nous ici ? Après réflexion, ça ne ressemblait pas à une chambre d’internat. C’était même son contraire en tout genre de par la couleur des murs et le nombre d’affaires présentes qui me confortaient dans mon idée. Pourquoi ces consoles se trouvaient-elles là ? Et cet écran ? Sans compter l’ordinateur portable, posé en travers du lit ainsi que les téléphones portables posés côte à côtes non loin. Les portables. Quelque chose ne collait pas. Pourquoi deux pour une seule personne ? Deux consoles à la rigueur mais deux téléphones ? Ça me semblait absurde. Je sais bien que certains les cumulaient mais mon instinct me disait que ce n’était pas le cas. Je les examinais plus en détails. Ils n’étaient clairement pas de la meilleur marque, mais non plus de la pire. Un noir. L’autre rouge. Ce dernier me disait vaguement quelque chose. Curieuse, j’allais le chercher pour le détailler davantage.
En le saisissant, je fut prise d’un retours de souvenirs. Des éclats de rire, des larmes, de l’inquiétude. Un peu de tout. Je me rappelais l’avoir déjà utilisé avant. Avant qu’il n’ait disparût. Avant que je ne me retrouve enfermée pour une durée que je ne connais pas moi même. Il faut dire que rester entre quatre murs, sans aucun accès au monde extérieur nous coupe totalement la notion du temps. Peut-être y étais-je depuis un mois, peut-être un an ? Bien que mon instinct me souffle que ce soit seulement deux mois. Deux mois de torture.
Je devais être en train d’écrire un message. Les yeux rivés sur l’écran je ne prêtais pas attention aux vagues paroles qui résonnaient à mes oreilles. Un énoncé de règles je crois. Je ne sais plus. Une main c’était alors tendue après qu’un mots comme « interdit » fut prononcé. Je l’avais alors remis à la personne qui me faisais face après avoir envoyer rapidement mon texto. Les souvenirs flou, je ne me rappelle plus ce que j’avais écris. Ni même si l’on m’avait répondu, peut être la réponse se trouvais t-elle à l’intérieur ?
Mon visage s’illumina, je pouvais le savoir ! Je le déverrouillais, devinant sans difficulté le code. Instinctivement. Plus de doute, il s’agissait de mon ancien téléphone ! Je n’avais que deux raisons valables qui pourraient expliquer que je le retrouve. Deux uniques raisons. Soit j’avais été transférée dans le secteur réinsertion ce qui pourrait expliquer que je ne suis pas seule, ou alors que j’étais définitivement sortie d’affaire !
Impatiente de découvrir ce qu’il s’était passé, j’ouvris les derniers messages cherchant quelques indices. Je vis une conversation avec un certain « Kemono », signifiant « bête sauvage » en japonais. Certainement affectif, je me demandais alors ce qu’il pouvait avoir de spécial pour qu’il soit en tête de liste. En ouvrant la conversation, j’eus les larmes aux yeux. Il m’avait envoyé plusieurs messages, de manière plus ou moins régulière, tout au long de mon séjour. Ses derniers messages cependant me laissèrent sans voix.
« On va essayer de te sortir de là ! »
« T’as pas intérêt à crever, ou à m’avoir oublié pouffiasse ! Tu me manques ! »
« Très chère, tu n’as plus d’issue ! Tu rentre, et je ne te laisserais plus jamais partir ! On a réussi à les convaincre de te laisser sortir et crois moi je vais t’enfermer dans ma cave, tu ne t’en iras plus jamais ! »
Je restais un instant immobile, stupéfaite. A quel point pouvait-il tenir à moi ? Je suis complètement tarée, personne ne restait bien longtemps avec moi. Déjà que réussir à devenir mon ami relève d’un exploit et le rester encore plus… Mais mon copain ? Il devait clairement avoir une case en moins… Ou être aussi fou que moi. De plus que j’ai du être absente pendant des mois, des mois sans donner de nouvelles, pourquoi ne m’avait-il pas oubliée ?
Relevant les yeux, je vis qu’il me regardais, qu’il m’observait. Et en croisant son regard, je sus que c’était lui. Il était venu me chercher.
J’étais dans une salle. Blanche. En face de moi, un bureau immaculé avec des piles de dossier dessus, quelques stylos et un carnet posé devant moi. Derrière, des meubles remplis de paperasse eux aussi, classé par dossiers et par années. Au sommet, des plantes vertes contrastaient avec la pâleur des murs. J’étais assise sur une chaise. Comment m’étais-je retrouvée là ? Encore une fois, j’atterris de nulle par dans un lieu inconnu. Les seules salles dans lesquelles je me retrouvais de façon régulière étaient la salle à manger et les douches.
Observant la pièce jusque dans ses moindres recoins, mon regard se posa sur la quadragénaire adossée au mur un peu plus loin. Habillée en tailleur, les cheveux courts et le visage peu marqué par les années, elle donnait l’air d’une enfant perdu dans l’asile au milieu des fous. Cependant, son regard ferme, droit et sa posture témoignaient de son assurance dans une telle situation. Sûrement une des psychologues constamment en contacte avec nous.
Elle me regarda et me dévisagea de bas en haut avant de rejoindre lentement le fauteuil présent de l’autre côté du bureau en face de moi. Elle s’installa et se décida à m’adresser la parole. Elle se présenta comme la psychologue Mme Fernand, et comme ma tutrice en ce lieu. Ses ordres sont indiscutables et m’y soustraire serait renoncer à tout espoir de quitter l’établissement un jour. L’écouter était synonyme de salut d’après ce qu’elle me disait. Comprenant cet enjeux, et ce point déterminant pour mon séjour, je ne l’interrompais pas. Si je voulais réaliser mon vœux de quitter cet endroit le plus rapidement possible, il me fallait prendre sur moi-même et me montrer docile. Je décidais donc de l’écouter attentivement et de faire mon possible pour répondre à ses demandes.
Mes précédents examens m’avaient menée ici, supposant que ce serait le meilleur endroit où je puisse me développer sans faire de vague. Leur but, était de m’aider à avancer avec mes pathologies afin de procédé plus tard, dans le meilleur des cas, à une réinsertion dans la vie active. Ce qu’ils ne disaient pas, c’est que chacun de leur test, et des travaux qu’ils nous donneraient à faire consistaient à nous faire rentrer peu à peu dans le moule de la société.
Elle m’expliqua également que j’avais plus exactement neuf personnalités qui se dégageaient, moi étant l’une d’elles. Certaines étaient totalement indépendantes, tandis que d’autre pouvaient se remémorer les souvenirs de certaines. Il s’agissait de la neuvième séance. Et de la première que je faisais. J’en conclus alors qu’elle avait répéter sa présentation à chacune d’elles et que j’étais la dernière a passer.
Elle me tendis le carnet. Je devrais consigner dans celui-ci mes journées et tout les évènements qui se réaliseraient et le laisser avec les autres. Ainsi, lorsqu’un changement de contrôle sera opéré, je pourrais avoir accès a ce que les autres ont vécu. Par la suite, elle me précisa nombre de recommandation que j’écoutais d’une oreille distraite avant de quitter la salle en marmonnant un vague « Au revoir ».
Pensive, je rentrais, suivant un chemin aléatoire parmi les nombreux couloirs qui sillonnent le bâtiment. Un vrai dédale quand on y pense. Les murs blancs semblaient se refermer sur vous, et plus vous vous y enfoncez, plus l’ambiance devient oppressante. Un nouvel arrivant aurait tôt fait de sombrer dans la folie, ou simplement de se perdre si ce premier état faisait déjà partit intégrante de lui.
Arrivant devant ma chambre, j’ouvris la porte avec la détermination de trouver les huit autres carnets, peut être en saurais-je plus sur moi-même. Enfin, nous-même devrais-je dire. J’entrais. La pièce, toujours étroite, dégageait maintenant une atmosphère familière. J’avais pu compléter mon simple matelas d’un édredon et de coussins moelleux. Les murs vides comprenaient quelque étagères sur lesquels trônaient des livres en tout genre, le bureau comprenait deux piles de feuilles, l’une entièrement vierge, et l’autre présentant des notes ou de bref gribouillis.
Je me dirigeais vers ce derniers, cherchant dans les quelques tiroirs la présence des carnets. Un seul était présent. Curieuse je décidais de l’ouvrir avant de continuer mes recherches et allai m’installer dans mon lit.
Elizabeth, 1er carnet.
Je reviens du bureau de Mme Fernand. La psychologue. Elle pense qu’écrire aideras mes différentes personnalités à communiquer afin qu’aucune ne manque des informations intégrées par une autre. Je ne vais pas détaillé ce passage, je pense que vous l’aurez toutes subit.
Je vais me présenter, tel que je me connais vous allez me trouver prétentieuse et revendiquer ma place, mais je suis Elizabeth, la personnalité mère, qui vous as créées en quelque sorte. Je pense que chacune d’entre vous devrait choisir un nom, afin que l’on se reconnaisse.
Je pense que dresser mon portrait physiologique ou mental ne vous intéresseras pas, nous nous connaissons toutes, et vous avez certainement toutes eu l’occasion de nous observer dans un miroir. Je vais donc vous raconter, pour commencer, une rencontre majeure de ma vie que je ne veux pas oublier, donc s’il vous plaît, retenons la pour toujours.
Il s’appelle Lucian, c’est notre copain. Vous allez me dire que depuis que je suis ici il à du m’oublier, ou peut être même me remplacer, mais je ne veux pas le croire. Il est ce qui m’empêche de sombrer on ne peut plus dans la folie. Alors ne réduisez pas mes espoirs à néant, il le vaut mieux pour nous toutes. Un jour on sortiras de cet endroit. On en sortiras, et on retourneras le rejoindre avant de se venger. Il nous faut juste patienter encore un peu.
Vous le reconnaîtrez dès que vous le verrez, légèrement plus grand que nous, il dégage une aura unique. En le regardant, en rencontrant son regard ; Un simple échange de regard, et vous saurez. Il est unique, et jamais vous ne pourrez vous y tromper.
M’extirpant peu à peu de mes souvenirs, je me rendis compte que je le fixais. Toujours immobile il semblait m’analyser, essayant de comprendre ce qu’il se passait. Il était récessif à chacun de mes mouvement, craignant de faire un geste qui pourrait me déranger, mais dans son regard, on pouvait lire une lueur qui ne tromperait personne, et je compris pourquoi Elizabeth tenais tant à lui, il était vraiment unique.
Elle avait raison, on le reconnaît entre mille. Lucian. Je pouvais enfin mettre un nom sur ce jeune homme qui avait accompagner mon réveil. Je lui souris, et tandis qu’il me rejoignait pour s’asseoir à mes côtés, je sentis peu à peu Elizabeth reprendre le contrôle de notre corps.
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