2- La faucheuse fait du shopping.
Dalia Curson, plus connue sous le surnom de la faucheuse, avait terriblement envie de se refaire une nouvelle garde robe et bien évidemment son chauffeur et bon à tout faire, Roger, était obligatoirement de la partie.
— Comment me va cette robe ?
Le ouistiti était posé nonchalamment dans un fauteuil de la boutique, lunettes de soleil sur le bout du nez, un cure-dent au coin de la bouche, il paraissait ennuyé de voir que sa patronne prenait un peu trop les traits d'une humaine.
— Comme toujours Dalia, tout te va. Cette robe moule parfaitement ton squelette, la longueur est dangereusement attrayante et le noir est ta couleur.
La faucheuse semblait cependant hésiter. Il était évident qu'elle était un brin trop confiante et que par conséquent elle n'écoutait pas vraiment l'avis de Roger, mais ce jour-là il lui manquait du piquant.
— T'es vraiment pas fun aujourd'hui Roger, il va falloir y mettre du tien si tu ne veux pas finir en miettes.
Se déhanchant vulgairement, la faucheuse arpentait la zone d'essayages. Mais ne voyant pas l'éclair de désir chez le ouistiti, elle décida de sortir le grand jeu. Prenant l'apparence d'une sublime femme, elle se dirigea ensuite d'une démarche prédatrice vers les hommes humains présents dans le magasin.
Les regards masculins se tournant automatiquement vers elle, son sourire ne fit que grandir lorsqu'elle remarqua que les femmes lui souhaitaient de terribles morts mais manque de chance pour ces humaines, la faucheuse est immortelle et décide de tout.
Démarche chaloupée, regard de braise, Dalia s'approcha d'un homme dont elle connaissait parfaitement la vie de débauche et de crimes.
— Salut mon beau, ça te dirait de faire un tour dans les cabines d'essayages avec moi ?
L'homme à l'oeillade libidineuse se mordit les lèvres d'envie, tandis que la faucheuse promenait lentement ses ongles momentanément manucurés à la perfection, le long des bras musclés et couverts d'encre du criminel.
— Tu sais parler aux hommes, poupée.
Elle lui empoigna le col de chemise avant de le traîner jusqu'aux cabines, toujours dans une démarche provocatrice, ce qui ne fit que blaser le ouistiti, impuissant, face aux décisions de sa patronne.
— Roger, occupe-toi d'empêcher quiconque voudra me déranger.
— Entendu.
Refermant les rideaux derrière l'homme impatient, elle sourit malicieusement à Roger, qui se levait déjà pour bloquer les salariés du magasin voulant déloger Dalia.
— Retournez à votre boulot, il n'y a rien à voir.
— Monsieur, avec tout mon respect, je ne suis pas idiot et je sais que les deux personnes qui viennent d'entrer là-dedans ne vont pas essayer des vêtements.
— Avec tout mon respect, tu es idiot mon grand. Je t'ai demandé de retourner travailler et tu insistes. Je crois que tu n'as pas bien compris. Attention, ma patience a des limites.
L'homme s'approcha de Roger, pour le dominer de sa taille mais c'était sans compter sur le ouistiti chargé d'une mission qu'il comptait bien remplir correctement. Armé d'un taser de poche pour les cas extrêmes, il le dégaina avant d'envoyer des décharges dans le corps du vendeur. Ce dernier tomba immédiatement au sol, frétillant comme un poisson en manque d'eau.
— À toutes les personnes voulant approcher de trop près, vous subirez le même sort que cet abruti au sol.
Les humains présents semblaient effrayés et retournèrent à leur occupation, ne voulant pas finir paralysés, tandis que les quelques animaux ou être surnaturels n'étaient point intéressés par la situation qui se déroulait.
Reprenant sa place de surveillance, le primate fuma tranquillement un cigare, tout en écoutant les bruits extasiés du criminel.
Dans la cabine d'essayage, la faucheuse prenait un malin plaisir à torturer le tatoué jusqu'à ce qu'il la supplie de passer à l'action.
— Tu es bien trop pressé chéri, ce n'était qu'un avant goût de ce que tu peux avoir. Il est hors de question que je m'envoie en l'air ici. Je te propose qu'on se retrouve dans quelques minutes quand la nuit sera tombée, dans la ruelle à côté du magasin.
— T'es une coquine toi, j'aime ça ! Je t'attendrai avec impatience, poupée.
Il se revêtit aussi rapidement que possible puis disparut hors du magasin comme si sa vie en dépendait.
La faucheuse sortit doucement de la cabine d'essayage, le sourire aux lèvres, déjà excitée de ce qu'elle allait faire.
Roger se rangea son taser, enfila sa veste en cuir.
— Prête pour l'un des crimes le plus satisfaisant de ta vie Dalia ?
— Oh que oui ! Il va voir ce qu'il va prendre ce pédophile !
Elle éclata de rire, suivi du primate qui passa tout de même en caisse pour payer les vêtements de sa patronne.
Les deux sortirent du magasin sous les regards ébahis des clients et vendeurs, comme si la situation était irréelle.
Après avoir jeté les sacs de shopping à l'arrière de la voiture, Roger se cacha à l'entrée de la ruelle pour surveiller, tandis que la faucheuse s'avança jusqu'au cul de sac où l'attendait le criminel.
— Je suis là, mon beau.
Il se précipita sur elle, l'embrassant fougueusement. Elle répondit à son baiser à contre-coeur tout en laissant ses mains se promener sur le corps de l'affreux bonhomme.
Quelques minutes plus tard, alors qu'il se trouvait en boxer devant elle, elle lui broya brutalement les testicules, ce qui le fit hurler.
— T'aimes ça salopard ? Avoue que tu kiffes avoir mal ! C'est pour tous les enfants dont tu as ruiné la vie !
— Non, lâche-moi pétasse ! T'es malade !
La faucheuse le coinça contre le mur pour qu'il ne puisse plus bouger, avant de serrer un peu plus. Décidant qu'il était enfin temps de reprendre son apparence, elle redevint un squelette en robe courte, avec une moitié de visage.
— Regarde-moi bien dans les yeux, petite vermine. Regarde avec qui tu joues le gros porc depuis tout à l'heure.
Relevant la tête, l'homme cria, effaré.
— Bordel, mais t'es qui ?
— La mort, bébé.
Elle le lâcha pour le faire croire qu'il pouvait lui échapper, mais avant même qu'il ne fasse un mètre, elle lui trancha le corps en deux, de haut en bas. Le corps tomba au sol comme deux vulgaires tranches de pain de mie. Les bruits de liquides s'éclatant sur le bitume résonnèrent comme une douce mélodie dans le creux des oreilles de Dalia.
Elle ne put se retenir de rire, d'un esclaffement profond et heureux.
La faucheuse regarda le sang sur sa faux, l'essuya avec une once de mélancolie puis rangea son arme, avant de rejoindre Roger.
— Est-ce que tu sais à quel point la sauvagerie que tu viens d'avoir me fait bouillonner de l'intérieur ?
— J'ai cru que rien n'allait t'émoustiller aujourd'hui !
Ils se regardèrent d'un regard entendu. Ces deux-là allaient bien s'amuser en rentrant dans leur royaume.
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