La faucheuse tue le premier traître.
Quelques jours s'étaient écoulés depuis que Dalia avait revu Azazel, et son comportement semblait toujours aussi dangereux. Quelque chose de minime avait changé à l'intérieur de Dalia et pourtant presque tout dans sa façon de se comporter avait été transformé. Elle se montrait plus dure et méfiante envers tout le monde, y compris ses protecteurs et Lucifer, faisant en sorte d'être le plus souvent possible seule enfermée dans sa chambre.
Il était impossible de la raisonner, elle n'écoutait personne et les accusait de lui vouloir du mal.
Son entourage proche se demandait ce qu'Azazel avait bien pu lui mettre en tête comme bêtises pour qu'elle ne soit plus la douce et gentille Dalia.
Ce que personne ne savait, c'est que la faucheuse pouvait communiquer avec Azazel par la télépathie, un sort avait été préparé par un des traîtres du royaume, afin qu'Azazel puisse discuter avec Dalia, une fois qu'elle serait enrôlée de son côté.
Le squelette glissait doucement vers la folie, entre son côté humain qui s'imposait de plus en plus, et tout ce qui lui tournait en tête à propos du lien qu'il avait avec Azazel, il ne savait pas qui croire et qui ne pas croire.
— Dalia ? Tout va bien, ma douce ?
La concernée tenta de se redonner de la positivité pour répondre à Azazel.
— Tout va bien, ne t'inquiète pas.
— Ne me mens pas, tu sais que je ressens parfaitement tout ce qui se passe en toi. Il y a plusieurs solutions pour faire taire ce qui te dérange.
— Lesquelles ?
— Trouver et tuer les traîtres.
— Mais enfin ! Tu me pousses à briser ton pacte !
Azazel ne put s'empêcher de rire.
— Techniquement, il n'y a que moi et les autres directement concernés qui peuvent briser le pacte. Et en te donnant des indices, je ne le brise pas puisque c'est à toi de trouver seule. Et puis, j'ai déjà eu ce que je souhaitais, ta confiance, notre lien. Je n'ai plus grand chose à perdre si jamais le pacte est pulvérisé.
Dalia resta silencieuse quelques secondes. Avait-elle entièrement confiance en lui ? Non, mais elle pensait que son créateur ne pouvait peut-être pas être capable de la trahir. Enfin, elle l'espérait. Azazel avait peut-être changé en la retrouvant ?
— Quelles sont les autres solutions.
— La déshumanisation.
Une sensation puissante et inconnue parcourut les os de Dalia.
— C'est super dangereux Azazel !
— Oui, mais ne fais pas l'innocente, c'est une idée à laquelle tu penses depuis la fameuse trahison avec ton primate et le centaure !
Un point pour lui, il n'avait pas tort, Dalia songeait sérieusement à cette option et se voyait même demander dans quelque temps de se faire déshumaniser.
— C'est dangereux, mais fortement utile. Cela pourra te permettre de ne plus te battre avec ce côté humain qui est revenu subitement alors que tu l'avais refoulé depuis tellement longtemps ! Tu seras plus performante lors de tes crimes et tu réfléchiras moins à ce qui est futile !
— Mais justement Azazel, chaque détail compte, si je tue mon côté humain avec lequel j'avais tout de même réussi à trouver un équilibre pendant un certain temps, je pourrai très certainement être hors de contrôle, et que Lucifer m'exécute !
— N'oublie pas que nous sommes liés, tout est amplifié, à commencer par les pouvoirs et la force ! Si Lucifer tente de te tuer, je le saurais et je pourrais l'en empêcher !
Dalia réfléchissait à l'ampleur et aux conséquences que ce lien pouvait réellement avoir, elle ne sut pas détecter la profondeur et l'intention même de ce que cachait Azazel.
— Je peux même te prouver que Lucifer ne te tuera pas si tu tues quelqu'un dans le royaume tout de suite.
— Alors là, n'essaye même pas de me défier sur un sujet pareil, t'es un grand fou !
Le démon rigola, ce qui fit trembler quelques cellules dans le cerveau de Dalia.
Puis sans qu'elle ne comprenne comment, ni pourquoi, un flot de sensations et d'humeurs négatives s'emparèrent d'elle.
— Azazel ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que tu fais ? Bordel !
Dalia sentit ses pupilles se dilater, sa vue se troubla, devint noire, puis rouge.
— Je vois rouge, putain, arrête Azazel ! Arrête !
— Laisse-toi faire, Dalia. Relax.
Sa panique disparut, laissant place à une rage explosive.
Elle se leva rapidement, en étant presque arrachée à son lit. Elle prit enfin le contrôle de ses jambes, se dirigeant vers le réfectoire commun à tout le royaume des morts.
Elle vit à l'opposé de la salle, la proie sur qui elle son dévolu, une chèvre aquatique nommée Katharina. Cette dernière mangeait tranquillement dans le coin marin, accompagnée de nombreux autres êtres magiques vivant dans l'eau.
— Katharina, tes sabots et toi allez mourir !
Prenant son élan, la faucheuse survola les tables, grâce à un pouvoir dont elle n'avait jamais connu l'existence.
La chèvre aquatique n'eut pas le temps de comprendre, que Dalia fit craquer sa nuque avant de lui couper la tête et de la lancer le plus loin possible dans la pièce, atterrissant devant l'assiette de Lucifer.
Tout le monde s'était écarté de Dalia, ne voulant pas subir le même sort, même si, tout être présent dans le réfectoire pouvait être la prochaine victime.
Un brouhaha incroyable se fit entendre quelques secondes, jusqu'à ce que Lucifer crie avec une voix des plus effrayantes.
— Dalia Curson ! Ici ! Immédiatement !
La voix du patron fit éccho dans la salle, ce qui fit taire absolument chaque être, sauf Azazel, dans la tête de Dalia.
— Oh, oh, le grand méchant patron semble vouloir montrer le bout de son nez rouge
Il ricana.
— Ta gueule, Azazel, c'est de ta faute.
Dalia s'avança le plus lentement possible à travers le réfectoire, afin de pouvoir communiquer avec le démon depuis sa tête. Sa vue avait retrouvé les bonnes couleurs.
— Ce que tu as ressenti, et l'être que tu as tué, ce n'est pas un hasard, et je ne t'ai pas guidée. J'ai seulement amplifié ce que tu ressentais déjà en toi. La pulsion qui a suivi t'a naturellement guidée vers un traître.
Pendant que Dalia faisait la fin du chemin la menant à Lucifer, des flashs et des images passèrent dans sa tête, et elle comprit que la chèvre était effectivement un être qui ne méritait pas de vivre dans le royaume.
— Je peux tout expliquer, Lucifer. Crois-moi, elle le méritait.
— T'as plutôt intérêt d'avoir une bonne explication, et valable.
Lucifer avait le visage tendu, ses yeux habituellement rouges étaient noirs, montrant dans quelle fureur il se trouvait. Sa voix se faisait plus tranchante et profonde, plus effrayante.
Avant même que Dalia ne se mette à expliquer, et sans que personne ne s'en rende compte, Lucifer prit la liberté d'hypnotiser la faucheuse afin qu'elle ne dise uniquement la vérité.
— Cette stupide chèvre aquatique, Katharina, s'est servie de moi grâce à ses pouvoirs de séduction afin d'endormir une partie de mon cerveau, pour avoir diverses sortes d'informations sans que je ne me rappelle de sa présence. Puis après avoir eu ce qu'elle voulait, à plusieurs reprises, elle plaçait volontairement les sensations de privation d'oxygène, puis de noyade dans mon corps, pour que mon côté humain entame un nouveau combat en moi, afin de me faire perdre la tête et potentiellement que tu m'exécutes quand j'aurai perdu le contrôle. Elle faisait partie des traîtres !
Une nouvelle fois, le réfectoire fit résonner un cri unanime des êtres surnaturels.
Lucifer interrogea plus en profondeur Dalia, sans se soucier de tout le monde environnant. Il voulait montrer que ses pouvoirs et son autorité fonctionnaient sur qui que ce soit.
Après quelques minutes, il rendit à Dalia sa liberté en éliminant l'hypnose de son organisme.
— Que tout le monde aille dans sa chambre, sans traîner, et n'en ressorte pas tant que je ne l'aurai pas ordonné !
Lucifer ayant crié des ordres, le réfectoire se vida en même pas cinq secondes et le silence réapparut.
— Retourne dans ta chambre, Dalia. Il est temps que la confiance accordée à chaque être ici, soit remise en queston, une nouvelle fois.
— Le méchant Lucifer est de retour ?
— Apparemment.
Azazel rit de nouveau dans la tête de Dalia, ronronnant ensuite à quel point il avait raison, jusqu'à ce que la faucheuse ne décide de couper la communication, trop agacée par son ex démoniaque.
Annotations