— Madame Dalia Curson est-elle entièrement sobre à présent ?

Cette dernière ronchonna du ton employé par l'ogre. Elle savait pertinemment qu'il voulait jouer les gros durs devant Lucifer, ce qui ne la rendait pas de bonne humeur.

— Ouais, ouais, je suis sobre et je peux même sentir le mal de tête humain !

— Bien fait pour toi, ça t'apprendra à ne pas prendre au sérieux tes responsabilités, sale idiote !

Lucifer fronça les sourcils, voyant que son garde prenait bien trop la confiance à son goût, il le remit dans le droit chemin.

— Le sale idiot ici c'est toi, ce n'est pas parce que tu es un garde que tu peux traiter les prisonniers de cette façon, et encore moins la faucheuse, surtout devant moi. Je te rappelle, si jamais ta mémoire ne fonctionne plus correctement, que c'est moi le grand patron et que je peux faire tout ce que je veux, incluant te virer et te faire bouffer par les nombreux cochons qui n'attendent que de manger ! Alors, fais en sorte d'être irréprochable où je te remplacerai, sans aucune hésitation.

Lucifer le fixa de ses grands yeux rouges, appuyant ses paroles par un regard menaçant.

— Maintenant, tu prends tes clés et tu fais sortir Dalia, Miguel et Roger.

L'ogre obéit sans broncher, mais son visage fermé laissait voir les traits de colère se former peu à peu.

Les trois ex-prisonniers suivirent Lucifer jusqu'à dans son bureau, dans un silence pesant.

— Installez-vous.

Lucifer se posa dans son fauteuil de bureau luxueux. Fixant son ancien trio de tueurs, il soupira par la suite, vraiment blasé que la situation se soit terminée de cette façon.

— Je commence par remercier Dalia, pour les compliments que j'ai reçus hier lorsque tu étais bourrée, je suis ravi de savoir que je suis à ton goût.

Il fit un sourire carnassier, tout en lançant un regard discret mais diabolique au primate. Après tout, Lucifer aussi avait le droit de s'amuser, et rien de mieux que de voir un être se laisser guider par la jalousie.

Dalia n'osa affronter le regard de son patron, gênée par la situation et les souvenirs lui revenant en tête.

— Je suis désolée Lucifer. J'ai été inconsciente et une fois de plus pas sérieuse du tout, j'en assumerai les conséquences. Hélas l'alcool a fait ressortir un peu plus mon côté humain et j'avoue ne pas me sentir confortable avec l'idée d'avoir sorti de telles phrases hier.

Lucifer rit de bon coeur.

— J'ai énormément réfléchi à ton sujet Dalia, et tu sais à quel point tu es en danger. Pas seulement parce que je suis ton patron, mais parce que tout notre monde est menacé, par de nombreuses menaces invisibles pour le moment. Je ne peux cependant pas me permettre de t'enlever la vie et ta mission de faucheuse, parce que tu as été et tu seras sans doute la seule et unique faucheuse qui pourra sauver les mondes aussi bien, tu es la plus performante de toutes celles qui sont passées avant toi. Et bien que tu ne sois pas toujours à la hauteur de la perfection, ton côté humain est un détail qui ne te facilite pas du tout la tâche. C'est pourquoi, je m'engage à t'aider à rester le plus possible dans le droit chemin. Je me porte cautionnaire et assumerai tes erreurs futures, en espérant bien sûr que tu n'en feras plus.

— Tu ne sais pas à quel point je te suis reconnaissante pour ce geste et cette confiance Lucifer, vraiment ! Je ferai tout mon possible pour ne plus te décevoir et être aussi proche que possible de la perfection !

Les deux se sourirent tandis qu'à côté de Dalia, Roger et Miguel avaient du mal à croire que cette scène se déroulait vraiment sous leurs yeux.

Lucifer prit ensuite la parole, en regardant les anciens prisonniers.

— Quant à vous messieurs. Vous avez eu environ une semaine de cachot, mais la sanction me paraît plutôt légère au vu de ce que vous avez fait. C'est pourquoi je vous mets de corvées ménage dans tout le royaume, y compris nettoyer la porcherie.

Roger sauta sur sa chaise, totalement indigné.

— Comment peux-tu nous traiter de la sorte ? !

— Comment peux-tu abandonner et couper tous les liens avec Dalia de la sorte ?

Lucifer haussait les sourcils, son sourire carnassier toujours présent sur son visage rouge.

Le primate se rassit après que le centaure le lui demanda calmement.

— Et qu'en est-il de ses deux nouveaux stupides protecteurs ? Puisqu'ils sont privilégiés, je suppose qu'ils ne vont pas avoir une grande sanction.

— Roberto et José passent en ce moment même des examens complets physiques, mentaux et de capacités multiples pour savoir s'ils sont totalement aptes à sécuriser Dalia. Et pour aussi savoir s'ils font partie ou non des traîtres de notre royaume.

— C'est vraiment n'importe quoi ! Pour un patron de la justice, je trouve que tu n'égalises pas vraiment les peines correctement Lucifer !

Ce dernier soupira, blasé par le comportement jaloux du primate.

— Cesse tes gamineries Roger. Si tu veux revenir rapidement sur le terrain, tu ferais mieux de te calmer immédiatement.

Le ouistiti allait répliquer mais Lucifer lui ferma la bouche, comme il l'avait fait la veille à Dalia.

— Miguel, aurais-tu d'autres informations sur les personnes nous voulant du mal ? Ou sur quelque chose d'autre ?

Le centaure se racla la gorge.

— Pas vraiment. Mais c'est avec plaisir que j'aiderai, quelle que soit la façon.

Lucifer était satisfait de voir qu'au moins Miguel était calme, obéissant et volontaire, cela changeait du comportement rebelle du petite primate haut comme trois pommes.

— Bien, vous pouvez disposez messieurs. Des gardes vont vous guider pour votre mission de la journée.

Les deux anciens prisonniers sortirent rapidement pour ne pas agacer Lucifer.

Le grand patron se reconcentra sur Dalia, qui était restée muette depuis sa dernière interaction.

— Tu vas devoir reprendre contact avec Azazel, pour savoir le plus d'informations possible concernant ton lien avec lui et avoir des indices sur les traîtres qui se cachent dans notre royaume.

Dalia soupira, elle ne voulait guère revoir Azazel, quelle que soit sa forme, humaine ou non.

— Je sais que tu voulais être tranquille après votre rupture, mais il est plus important que jamais de devoir être proche de lui, quitte à simuler, nos vies sont toutes en jeu s'il a pactisé avec les mauvaises personnes, pour de mauvaises raisons.

— Je sais, je sais. Mais j'ai peur que mon côté humain prenne le dessus face à l'apparence humaine plutôt plaisante qu'il incarne. Et puis ce lien, je le sens de plus en plus en moi, c'est difficile de l'ignorer.

— C'est pour cette raison qu'être alliée avec lui pourra peut-être t'aider à calmer la douleur et l'intensité du lien. On pourra demander à des êtres magiques, une fois qu'on les aura identifiés comme innocents, qu'ils t'aident.

— La magie n'est que temporaire, et je suis persuadée qu'Azazel peut comme il le souhaite manipuler un bon nombre de choses en moi, maintenant que je connais une part de vérité.

Lucifer soupira, la situation était plus que délicate. Dalia avait raison, Azazel était un sacré manipulateur, rien ne pouvait garantir la vérité ou la sincérité dans ses paroles. Impossible d'anticiper quoi que ce soit, impossible de déjouer les plans. Il fallait se jeter dans la gueule du loup et voir ce que ça donnerait par la suite.

— Bonne chance Dalia, n'oublie pas que tu es forte, rusée et intelligente. On trouvera de quoi apaiser la situation.