Mort
Je suffoque dans ce corps étouffant
J'aimerais ne plus jamais voir l'image que me renvoie mon miroir
Je voudrais quitter ce corps comme s'il était un vêtement
Le rouler en boule et l'abandonner au fond d'un tiroir
Être enfin libre de quitter ce mouroir
M'évader de ce monde de peines et de tourments
Les jours se suivent comme les maillons d'une chaîne
Morne monotonie qui me tient prisonnier
Toujours les mêmes journées
Toujours la même envie de crever
Une seconde sans la haine
Puis retomber encore plus bas
Attendre avec impatience le trépas
Quand je souris je mens
Porter ce masque quotidiennement
Mon existence est vaine
Ma seule envie c'est de me les ouvrir
Me noyer dans l'eau céruléenne
Corde au cou autant mourir
Pour ne plus subir mon désarroi
Ou me jeter du haut d'un beffroi
Je sais pas pourquoi je suis en vie
Saute le pas, qu'attends-tu pour mettre fin à tes souffrances ?
Cette voix qui toujours m'a suivie
Qui me hante jours et nuits
Accompagnée d'une odeur rance
Peut-être celle de ma mort prochaine
Quand aura disparu cette sensation d'impuissance
Et quand je n'éprouverai plus ni amour ni haine
Je ne les différencie même plus
Que sont les sentiments quand on ne pense plus qu'à Elle ?
Que chaque jour me suit le regard d'Hel
Ma vie est un enfer qui depuis longtemps m'a vaincu
Est-ce par habitude que j'y ai survécu ?
Elle m'aura à l'usure un jour je craquerai
J'ignore d'ailleurs pourquoi ce n'est déjà fait
Voilà que la mort m'appelle
Elle m'ouvre les bras
Comme elle l'a déjà fait tant de fois
Et comme toujours j'hésite à avancer vers elle
Ma main droite pose le flacon de liquide vaisselle
La gauche sort un couteau de l'eau savonneuse
Le métal contre ma peau est aiguisé et froid
Une goutte de sang s'écrase au sol, puis deux, puis trois
Me voilà en train d'embrasser la Faucheuse
Ma main tremble comme à chaque fois
Et je me défile comme à chaque fois
Et le couteau vole à travers la pièce une nouvelle fois
J'ai échoué encore une fois
Mes larmes se mêlent aux sang sur le parquet
Mes poings frappent le sol, désespérés
Puis je me lève et sors dehors
Espérant me détacher de ce cauchemar éveillé
Il n'y a que l'air frais et les volets fermés
Qui viendra donc me ramener à bon port ?
Me sortir de cette eau trouble
Ne surtout pas couler à pic
Me délester de cette encouble
C'est aux portes de la mort que la vie
M'a promis qu'elle pouvait être magique
Si on se bat pour concrétiser nos envies
Ce monde noir pourrait être utopique
Mais ce souffle brûlant est éphémère
Le voilà déjà parti décoiffer d'autres terres
La mort une nouvelle fois m'enserre
Encore et toujours je retombe dans cet abîme
Quand recommencerais-je ?
Je n'en peux plus de retomber dans ce piège
Pour me sentir vivre je m'envenime
La souffrance court dans tout mon être
Mon sang en est acide, mon haleine putride
Je ne suis plus moi mais un spectre
Un mort encore vivant couvert de rides
Je tente d'exister à défaut de vivre
Et comme d'habitude je finis avec une bouteille, ivre
Avachi par terre abandonné et pitoyable
Un déchet, un résidu d'humanité
Qui brûlerait de rencontrer enfin le diable
Alors qu'il n'y a autour de moi que des démons
Qui me rappellent sans cesse les fantômes de mon passé
Qui me rappellent sans cesse ma peur de l'avenir
Tandis que le présent est griffonné au brouillon
La mort pose de nouveau son regard sur moi, je la vois venir
Va-t-elle cette fois-ci m'emporter ?
Non encore une fois, c'est le sommeil qui m'arrache à mes pleurs
Je plonge dans une nuit agitée de détresse et de heurts
Pour me réveiller demain toujours malheureux
Recommençant éternellement ce cercle vicieux
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