Le petit défaut
Un nouveau début ne devrait jamais commencer par le doute. Alors dis-moi quelque chose, déploie ta langue, fais vibrer tes cordes vocales qui font vibrer mes souvenirs en attente de toi.
- Bonne soirée.
Tu exposes ton dos. Je transforme la scène, je m'en fiche, je n'ai pas besoin de toi. Tu te tournes, tu me dis que tu ne veux plus jamais partir, juste rester là, combler mon vide car tu es l'Amour. Je ne veux pas l'échec, pas changer, pas déjà, j'en ai besoin. Tu es ma drogue. Accomplis-moi.
La porte claque. La cruche craque. Les joues débordent. Le poids pèse. Les genoux tombent. Le corps s'étale. La respiration ralentit. La solitude s'endort.
Qu'est-ce que je dois faire pour te prouver notre coexistence ? Des jours et des jours de déchirement, et tu viens juste chercher des affaires, petit à petit, comme une saleté de cancer qui détruit de l'intérieur en revenant toujours.
Douze jours de chimio d'amour. Aucun effet pour l'instant. Le patient numéro 28741 ne montre aucun signe d'amélioration. Il reste en observation pour le moment, au cas où il tente l'opération chirurgicale autonome de trop.
Quand je ferme les yeux, je me vois t'aimer. Sur un boulevard ou dans un restaurant, tu sais bien, ceux-là, les fameux, qui nous ont fait, tu vois ? J'écoute à nouveau tes mots pour moi. Le vide n'est pas là, tout va bien dans le meilleur des mondes possible, c'est ça ? Oui, alors tu m'attrapes par la main, et tu me fais tout oublier, tout. Toutes les choses que je n'ai jamais finies, mais que toi tu y crois, ou croyais, je ne sais pas, encore. Tous les dessins pas coloriés, tous les textes pas terminés, les peintures inachevées et les listes incomplètes. Tes cheveux dans ma bouche et ta bouche sur la mienne.
Et le rêve meurt, la réalité me morcèle.
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