Anaïs-je
La figure du cycle est morte depuis longtemps. Qui y croit encore ? Bien sûr qu'on peut penser que tout est cyclique, il s'agit juste d'une question de niveau d'abstraction. On peut toujours mettre un cube dans un saladier. Par exemple : la vie s'enchaine commeun cycle si l'on considère que l'on vit puis que l'on meurt. Mais pourquoi serait-ce si simple ? Ou plutôt, pourquoi regarder de si haut ce qu'on vit de si bas ? D'ailleurs, des hauts et des bas, des milieux et des tropiques, des cieux et des musiques, nous vivons même dans nos failles spatio-temporelles incarnées dans nos pensées. Alors... Ne me dites plus que je refais toujours les mêmes erreurs, que je suis le même schéma : non, chaque Amour que j'ai porté avait une essence propre. Non, je n'éprouve aucun plaisir sadomasochiste à souffrir de la fin. Et quelles fins ? Toujours différentes. J'ai essayé de jouer les Madame Irma. Deviner mes prochains soucis. Après le "trop d'engagement", le fameux "tu ne grandis pas assez vite" ou dernièrement "tu brûles toutes les étapes", j'en viens à me dire que je serai mieux seule. Thomas ou Kévin, je ne sais plus. Il faut peut-être juste apprendre à se contruire indépendamment des autres. Mais en suis-je capable ? En ai-je le courage ? Est-ce que je peux tenir, me supporter ? Non, c'est impossible. Je connais ces gens-là, ils sont responsables de leurs maux sans personne à qui déléguer la faute. Ils finissent par vraiment s'en vouloir puis on les voit picoler pour tenter d'oublier. Mais non merci, j'ai assez donné étant étudiante, et j'ai besoin d'un cerveau fonctionnel. Des clichés ? Peut-être...
Que nous-dit Anaïs la doctoresse ? On ne sait jamais, peut-être qu'une thèse en philosophie peut servir dans la vraie vie. Mais absolument pas. Elle donne des voies théoriques mais absolument pas pratiques... La psychologie s'adapte mieux à mon cas. Et j'ai vite laissé tomber, car j'ai l'impression d'avoir des dizaines de maladies et de devoir être internée. Non non... être différente n'a jamais amené à être folle alliée... Je crois ? Donc la doctoresse ne dit rien, elle est paumée, elle sait juste plein de choses, et ce qui l'intéresse au plus haut point est plutôt complètement déprimant. Le postmodernisme nous pousse déjà en plein dans un polyamour iréel et les autres nous envoient dans la vie sans amour... Chouette avenir. Laissez-moi aimer comme Anaïs, voilà tout ce que je me demande.
J'ai donc le choix entre Anaïs, Kévin et Thomas et mon droit à l'erreur s'estompe avec le temps. J'ai vraiment besoin de faire quelque chose de ma vie, besoin de changer pour revivre l'espoir d'un meilleur.
Laissez-moi le temps de comprendre.
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