dB 44
Quelques matins à l’aurore indécente, j’oublie volontairement mes lunettes et croise sur mon chemin la monture du réel couronnée de chimères. En vers de fer au cœur du béton, Strasbourg me somme : DÉFENSE D’AGUICHER. Je lui avais pourtant gueulé lundi de ne pas m’aimer. Même que l’écharpe grognait et quand le vent s’agace, mon pas se laine. La plante s’efface, ne reste que l’empreinte, drôle tache de vadrouille. La ville envoie des signes et je ne les perçois pas quand je porte mes verrières alors je quitte souvent mon appartement de transit à poil de taupe. Me dis qu’alors, il n’est pas nécessaire de boire pour y croire.
DÉFENSE D’AGUICHER. Le genre d’épigraphe à me tatouer parce que ça fait sauter les rideaux et les chats avec, cramer les fonds de carriole qui sentent le plein frais, ça fait danser les escadrilles de corbeaux en guérilla saveur fast-food de poubelle publique. Rappelle-toi alors le monde décadent et la courbe de ta fesse en pyjama blanc qui l’attirait, comme il attendait du regard que le mur soit seul en ta présence. Hier soir, j’avais l’estomac ballonné par tous ces milliers de cubi de nausées qu’on trouve dans les grands couloirs.
J’ai demandé à Lucienne et Yvette ce qu’elles savent de 2025. Elles m’ont répondu « Non, merci, ça va comme ça. ». Il n’y a pas moins démentes que les Mamies Blues qui portent la croix sans savoir qui prier. D’ailleurs quand l’aiguille les défonce, elles brusquent rudement le dictionnaire. Voilà, Gamine, Gamin, oublie tes lunettes, retiens que si on ne t’entend pas, faudra crier et crois-en les cœurs ridés, va t’en se faire foutre le plus-que-parfait et le présent qui déconne, parce qu’il faut surtout avoir du sens sur les mains, un jour ou l’autre. Un jour ou ce sera l’autre qui t’affichera DÉFENSE D’AGUICHER et là, le feu est une promesse impossible à dégager. Il souffle le La, l’empreinte s’efface, ne reste plus que l’horloge en salon de Beau Mur et le pas soufflé, drôle tache de vadrouille.
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