Harpocrate

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Cher.es lecteur.ices, le glas des Clocheux résonne. J'ai pris énormément de plaisir à partager mes écrits avec vous, beaucoup de plaisir mais peut-être ai-je crains aussi votre regard car j'ai été encore plus honnête ici que ce que j'avais pu partager auparavant. J'ai tenté cette année d'écrire plus en accord avec mon cœur et me suis permise quelques débordements, quelques gribouillages... J'espère ne pas avoir trop emmêlé vos pinceaux.

Le glas des Clocheux résonne, c'est aussi bientôt celui de mon externat de médecine. En ce 11 avril 2025, il ne me reste plus que deux mois avant la fin de mes six longues années d'études. À l'occasion, je vous ferai un retour sur cette expérience très singulière. Je pense qu'il y a énormément de choses à raconter mais qu'on pose rarement de vrais et bruts mots sur ce qu'il s'y passe. L'externat est un monstre dégueulasse sous le lit après lequel on n'ose pas crier car on en a honte. Voilà. Ce serait mentir de dire qu'on en sort indemne. Pour être tout à fait honnête avec vous, j'aurai résisté jusqu'au bout au doux murmure des antidépresseurs mais aujourd'hui, je crois qu'on a trop tiré sur ma corde et que ce nœud autour de mon cou tend à me faire peur. Parce que j'écris sur mon quotidien ici et qu'il est rarement teint d'une candide gaieté, on pourrait croire que je suis un cas isolé et que ma sensibilité m'écorche plus que d'autres. Pourtant, j'ai accompagné plus d'un co-externe à la pharmacie pour renouveler sa Sertraline, incité plus d'un.e ami.e à consulter pour vomir son angoisse et sa souffrance morale, j'ai eu les yeux pour qui pensait qu'il fallait des oreilles et j'en sors terrifiée.

Pour qu'il y ait tout de même un mot de fin à ce périple, je souhaite vous transmettre le serment que j'aimerais prêter d'ici quelques années, en espérant que la rigidité de mon école saura ouvrir une fenêtre pour que je puisse y glisser ma plume et ma voix, telles que je souhaiterais qu'elles soient lues et perçues - la médecine n'est pas toujours une école de pensée libre, malheureusement.




Je jure, par Hygie, Panacée, Iaso et Acéso, par toutes les déesses, les prenant à témoin, que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivants :

1. De mettre les malades au centre de ma pratique et d'utiliser tout le régime à leur avantage. Je ne remettrai jamais volontairement une drogue qui causerait une injustice au malade qui requiert mes soins mais, en mon jugement et celui de mes pairs, j'accepterai si la loi le permet d'atténuer la souffrance du malade selon les termes qu'il entend.

2. De considérer les élèves de mes maîtres et maîtresses à mon égal et de leur enseigner cet art, de leur transmettre sans salaire ni contrat les préceptes, les leçons orales et tout le reste de mon savoir qui m'aura été donné suivant la loi médicale et nulle autre. Et, s'il en est le besoin, je leur viendrai en aide comme je viens en aide aux malades, selon ma capacité et mon jugement.

3. C'est dans la justesse que je passerai ma vie et sans naïveté que j’exercerai mon art, sans me parjurer ni me croire capable de plus que ce que mon savoir et mon savoir-faire ne me le permettent. Je ne chercherai pas la gloire ni ne demanderai plus de récompense que mes actes ou ma pensée n'en méritent.

4. Dans quelque maison que j'entre, j'y pénètrerai pour l'utilité des malades et tout ce que j'y verrai ou entendrai concernant la vie de ces gens, ma bouche ne le divulguera pas. Si cela ne doit jamais être répété, je tairai également ce qui peut être porté à mon oreille hors de ma profession, considérant que de telles choses sont secrètes et que le silence est mon devoir. Cependant, je jure aussi de faire obstacle à toute injustice volontaire ou involontaire et à tout acte corrupteur dont j'aurai la connaissance.

Si j'exécute ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art. En revanche, si je le viole et me parjure, puissé-je avoir un sort contraire.




Sur ces dernières paroles, je vous souhaite cher.es lecteur.ices une douce journée et j'ose espérer vous retrouver dans mon prochain recueil sur mon quotidien qui ne sera guère différent ce que vous avez pu lire ici : Vou[s]te veule[nt].


Au revoir !

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