Pauline Jefferson

2 minutes de lecture

Iris ne disait plus mot et Mike s'interrompit. Quelque chose n'allait pas chez son amie. Elle n'était pas dans son état normal depuis le matin, il l'avait remarqué dès qu'elle était arrivée à la bibliothèque, habillée d'un survêtement kaki, comme si elle revenait tout juste de son footing matinal sans avoir pris le temps de se changer. Il n'était pas dans les habitudes d'Iris d'oublier une commande ou de rouler vite au point de percuter un animal. Ne plus savoir quel jour de la semaine nous étions pouvait arriver à tout le monde, mais Mike avait été surpris de la réaction exagérée de la jeune femme en découvrant la date. Peut-être la pleine lune était-elle en cause, mais c'était faire peu de cas du sang-froid habituel d'Iris. Son  quotidien immuable lui donnait une attitude très paisible et des réactions rarement passionnées. De plus, Iris n'était pas une écervelée. Mike s'inquiétait. Il avait préparé une surprise pour Iris, un livre de fantasy qu'il avait lui-même beaucoup apprécié, et il désirait également tenter sa chance une fois de plus en invitant son amie à l'afterwork du quartier. Mais il préféra la laisser se reposer, et raccrocha poliment.

Iris entendit alors la sonnette retentir dans l'entrée de son cottage, et elle alla ouvrir en se demandant qui cela pouvait bien être. A la porte, sa voisine Pauline Jefferson lui tendit son courrier :

- Excusez-moi, j'ai vu votre courrier sur le trottoir, alors le voici...

- Merci madame Jefferson, c'est gentil de votre part.

- Vous alliez sortir, je vois, je vais donc vous laisser...

A cet instant, Iris prit conscience qu'elle ne s'était pas changée et qu'elle était toujours en tenue de sport. Elle regardait son pantalon de jogging d'un air curieux quand Pauline poursuivit :

- Vous allez bien ?

- Je crois...

Puis Iris se rappela les mésaventures de Pauline :

- C'est à vous de demander cela. Dans quel état est votre cuisine ?

- Une catastrophe ! Mais venez voir par vous-même !

Et Pauline fit mine de repartir chez elle tout en invitant de la main Iris pour qu'elle la suive. Iris n'était jamais allée chez personne de son voisinage, et elle fut surprise de cette invitation informelle. Elle n'avait pas d'argument à invoquer pour ne pas accepter, elle suivit donc avec curiosité sa voisine. Juste une petite palissade blanche la séparait de l'univers de Pauline, mais il ne lui était jamais venu à l'esprit de discuter avec elle ou de l'inviter à boire un café. En fait, Iris ne connaissait rien de sa voisine, si ce n'est qu'elle vivait seule et semblait appartenir à Greyspawn Drive autant que Greyspawn Drive lui appartenait. On pouvait facilement croiser Pauline debout près de la clôture de ses voisines pour échanger des potins et des ragots, un mug à la main. A son arrivée dans la rue trois ans plus tôt, Iris avait régulièrement vu les commères du quartier faire des messes basses en regardant d'une manière incorrecte et moqueuse dans la direction de son cottage. Puis les mois se sont écoulés et les voisines trouvèrent une autre raison de bavarder, car on se lasse de l'absence de nouveauté. Iris semblait vivre sans surprise. Les mystères s'éteignent s'ils ne sont pas nourris.

Annotations

Vous aimez lire Ayla ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0