Regardez elle est là.

Ma peur.

Ma plus grande peur.

Cette peur qui m'était pourtant si familière. J'avais même finis par m'y habituer. Elle venait de temps en temps se lover dans mon cœur pour le faire s'accélérer. Mais assez rarement. Alors j'avais eu le temps de m'y habituer, de l’appréhender. Dans les moments où j'étais seule, je savais m'en détacher et vivre sans elle.

Mais pas ce soir.

Ce soir elle était allée trop loin.

Elle était trop près de moi. Elle a voulu m'arracher quelque chose. Elle me maintenait les chevilles, elle me clouait au sol. Impossible de bouger mes jambes : elles étaient devenues trop lourdes.

Le cœur battant, j'ose lancer un coup d’œil sous la porte de son antre. Son ombre se déplace dans toute sa grotte. Elle fait des allés-retours de droite à gauche.

Elle me cherche. Mais elle ne me trouvera pas.

Derrière cette grande porte en bois, rien ne peut m'atteindre. C'est la meilleure cachette de cet enfer. Un carré en bois massif. Assez grand pour que je puisse m'accroupir dans un coin sans avoir besoin de plier mes jambes. Mais je le fait quand même. Les genoux contre la poitrine, je reste vigilante.

Un bruit me sort de mes pensées : elle s'approche. Les orteils tout pliés, je me recroqueville un peu plus sur moi. Si elle me voit, tout va recommencer.

La peau de mes cuisses va me brûler. Ma voix va s'échapper en supplications inutiles. Mes doigts vont tenter de tirer tout ce qu'ils peuvent pour m'extirper ce moment. Tout sera douleur et déchirement.

Mais je déglutis difficilement, la peur est devant ma cachette.

Elle sait.

Elle sait que j'ai choisi cet endroit par instinct. Par habitude.

La porte bouge! Mes doigts se contractent. Mon cœur se stoppe net. Ma gorge se serre et laisse un dernier mot s'échapper : « Non! ».

La porte du placard souvre en grand sur notre chambre à coucher.

Il m'a trouvée.