L'explorateur
Une naine rouge observe, de sa terne lumière pourpre, les restes éventrés d’un navire oublié. Il dérive dans le vide stellaire, comme une âme en proie au doute. Il tourne, sur lui-même, dans les étoiles, depuis des milliers d’années.
Une vie fourmillante, autrefois, battait en son cœur, en ses artères. Explorateur d’un infini en mouvement, il n’est plus qu’un débris sans émoi. La vie éphémère l’a quitté, mais les corps inhumains flottent toujours dans le froid dévorant. Les rayons carmins de l’étoile se brisent sur les abords des plaies béantes qui dévoilent ses entrailles. Les ombres dansent et s’effilent, suivent les rotations systémiques, comme d’obscurs pantins, reflets d’une vie oubliée. De vieilles consoles inutiles vomissent des fils multicolores qui s’étendent, langoureux serpents immobiles. Sous le regard de l’étoile rouge, l’épave se prélasse.
D’où venait-il, où voguait-il, ce vaisseau qui n’a plus de désir ? Perdu dans l’inconscience du temps qui passe, l’ancien explorateur est devenu l’un des indicibles mystères qu’il chassait, à une époque aujourd’hui diluée dans le passé.
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