En cuisine...
Elles me susurrent aux narines, le parfum doré d’un babillage dans le beurre jaspé qui pétille à plaisir : leurs lamelles translucides frissonnent, s’ourlent de friselis sépia, défaillent dans des soupirs acidulés, blondissent pour caraméliser l’antre de la cuisine comme pour mieux se faire pardonner les larmes versées sous le couteau qui les a dénudées. Leur repentir mijote à feu doux jusqu’à l’orgasme, au creux de la petite casserole de cuivre, la bosselée polie par le ballet de la cuillère de bois orchestré tant de fois par la main de maman. Tout près sur la table, la chair attend… qu’on la grille à cœur, qu’on la nappe de tout petits croissants confits et odorants…
Un murmure m’invite doucement :
- Maman, on va passer à table, réveille-toi ! »
Ma fille me regarde en souriant, m’aide à me lever :
- Tu sais, je ne me suis pas cassé la tête : j’ai sorti deux plats du congélateur ! On les passera au micro-ondes.
Je secoue mes cheveux où flottent encore des rubans enivrants et passe à table dans la cuisine aphone.
Adieu sauce aux échalotes langoureusement versée sur l’onglet grésillant !
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