De ma petite taille, je suis étouffé par le bruits et la masse de toutes ces personnes autour de moi. Elles sautent, elles hurlent, elles dansent, elles rient et s'embrassent.

De ma petite taille, je ne vois pas la raison qui leur provoque cette folie joyeuse mais je la connait. Ma grand-mère me l'a déjà raconté des dizaines de fois.

De ma petite taille, je lève la tête pour la voir. Elle se laisse, imperturbable, guider par la foule et observe la route. Ils arrivent, nous entendons les clameurs renchérient au loin.

De ma petite taille, je ne suis pas imperturbable et je me fais écraser par cette bande excitée. Je le suis pourtant tout autant car comme elle, je les adule et je les idolâtre, ces héros qui font leurs preuves chaque jour.

De ma petite taille, je suis frustrée. Les clameurs de louanges arrivent à nous et je ne veux surtout pas les louper. Après tout, ils sont ceux qui nous ont débarassés des monstres, fléaux de notre monde.

De ma petite taille, je tente de trouver rapidement un espace en hauteur et de m'y rendre. Ils sont apparus du jour au lendemain. D'abord en petit nombre et puis ils ont rassemblé des volontaires et ont repoussé les monstres qui nous cantonnaient dans nos villes et venaient nous cueillir lorsqu'ils avaient faim.

De ma petite taille, je grimpe sur un amas de caisson. Ma tour de fortune n'est pas très stable avec ce raz de marée en dessous de moi mais cela ne fait rien, je résiste et me cramponne. Je les vois ils arrivent, chevauchant fièrement leur chevaux, qui hennissent et qui piaffent, ressentant l'excitation de la foule.

De ma grande taille, je cris bravo à tout va et fais des signes de mains. L'un deux me répond. Je suis aux anges.

De ma grande taille, je les vois continuer leur route à travers la foule. Et reprenant mon souffle, le coeur battant et les joues rouges, je me promet de devenir l'un de ces héros que j'adule.

De ma grande taille, j'aperçois ma grand-mère, inquiète, qui me cherche alors je prends sur moi, regarde une derrière fois en direction de mes héros et redeviens petit de taille.

" - Bon sang ! Mais où étais-tu passé !? Me gronde ma grand mère.

- J'ai pris de la hauteur pour les voir mamy. Leurs visites sont tellement rares ! As-tu vu leur allures ? L'un deux a répondu à mon signe et aussi...

- Oui mon petit, j'ai vu tout cela. Allez viens rentrons fêter cela chez nous.

- Comment tu as dit qu'elle s'appelait cette route déjà ? Je sais que c'est en rapport avec un animal, petit par sa taille mais grand par sa chasse.

- La traversée des belettes, petit, car c'est par cette route que les premiers chasseurs sont partis en chasse, tels des belettes affamées".