SANS SUITE 6/ Jour 2 : Action ou vérité (1)

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En sortant du complexe, nous empruntons un chemin pavé et bordé d’arbres avant d'arriver à la plage. Enchantés par l'ambiance cosy qui y règne, des groupes de gens sont réunis autour de feux sauvages et profitent de la seule lueur des petites flammes. Certains boivent juste un verre en discutant et riant, d'autres font griller des marshmallows. Nous trouvons un foyer abandonné en pierres. Les braises sont toujours rouges et n'attendent que quelques brindilles pour s'exprimer. John et Sybille s'enfoncent sous les arbres d'où on perçoit leurs éclats de rire.

Nos sandales, abandonnées sur le sable près de la glacière remplie de bières, nous nous approchons de l'eau. La seule idée de me baigner dans une mer sombre me terrifie, si bien que le maillot de bain ne m'a pas semblé utile. Mes hurlements à chaque algue ou poisson qui me frôlerait, provoqueraient l'hilarité générale, c'est certain. Je préfère laisser croire que la température est trop basse pour moi. Leandra profite de mon excuse et nous retournons toutes les deux près du feu. Lukas et Angie nagent sûrement, car on ne les entend pas. Après avoir déposé le petit bois dans l'âtre, John et Sybille les rejoignent au pas de course. Ils s'amusent comme des fous ; nous percevons leurs cris et leurs rires tandis qu'ils chahutent.

Alors qu'ils reviennent vers nous, je croise le regard de Lukas. Je dois baisser rapidement la tête pour qu'il ne lise pas mes pensées sur mon visage. Hélas, mes yeux glissent sur son corps encore une fois et marquent une courte pause sur ses jambes dénudées. Il doit passer des heures à muscler son corps pour qu'il soit aussi parfait ! John détourne enfin mon attention quand il distribue les boissons. Il propose alors un petit jeu, un mélange d’action ou vérité avec cap ou pas cap. La soirée risque fort de prendre une drôle de tournure avec des adultes pour seuls participants et les sujets qui seront inévitablement abordés. Les sourcils froncés de Leandra confirment mon sentiment de méfiance et elle annonce aussitôt son refus de participer, usant de son statut de femme mariée et du respect de sa vie privée. Son désistement du nous servir d'exemple, à Sybille et moi, enfin, à moi surtout.

Le premier tour est quelque peu amusant, car nous restons sages et choisissons l'option vérité. Les questions ont pour but principal de tâter le terrain, de savoir jusqu'où il va être possible d'aller, les limites à ne pas dépasser. John, Angie et Lukas sont libres de tout engagement. Sybille est ouverte à toute proposition. Coincée depuis de nombreuses années dans un mariage qui battait de l'aile, elle a repris goût à la vie depuis son divorce et profite de sa liberté retrouvée. Forcément, mon silence prolongé déplait à Lukas :

— Carly, je suis certain que tes airs de Sainte cachent en réalité la tigresse qui sommeille en toi. Je serais curieux de savoir ce qu'en pense ton compagnon...

— C'est un sujet que je ne souhaite pas aborder.

— Pourquoi ? Tu as des choses à cacher ? s'obstine-t-il en m'adressant son regard de glace.

Visiblement, l'aisance et la finesse ne font pas bon ménage. Les tremblements s'emparent de ma machoire.

— Bravo pour ta délicatesse.

Je ne crie pas, je ne lui hurle pas dessus, pas plus que mes yeux ne se posent sur lui. Ils plongent au contraire dans ceux de ma meilleure amie, la seule à toujours me soutenir et à m'insuffler un peu de sa force. Je reprends rapidement le dessus sur mes émotions et c'est d'une voix éteinte mais ferme que j'apporte ma réponse :

— Pour mettre les choses au clair tout de suite, et clore le sujet une bonne fois pour toutes, je suis veuve. C'est tout ce que vous avez besoin de savoir.

Une courte pause et mon visage fermé met Lukas, sa soeur et son pote au défi d'insister. Leur silence et leurs têtes baissées me rassurent. Je reprends la parole et change de sujet. :

— Bien, c'est à qui de jouer ?

John entame un nouveau tour, désireux de ne pas laisser la mélancolie ou la gêne s'installer.

Sybille se voit obligée de révéler l'endroit le plus insolite où elle a eu des rapports sexuels : chez des amis, dans leur cabane de jardin. Agacée par mon faux cri outrée, elle m’assure que cette expérience s’est déroulée alors que nous ne nous connaissions pas encore, puis elle demande ensuite à John de quelle manière il séduit les femmes. Par manque de temps, il hérite bien souvent de celles que son pote délaisse et qui souhaitent rester assez proche de lui pour se rappeler à son bon souvenir. Il apprécie cet avantage, car de cette manière, il partage le lit de femmes vraiment très belles. Lukas est questionné sur le type de femmes qui le fait craquer, mais il déclare n'avoir pas de genre en particulier. Ben voyons ! Ce type à l’égo surdimensionné ne peut que se montrer en compagnie de jeunes femmes classes ou sexy, de taille mannequin, aux lèvres pulpeuses et à la poitrine parfaite. Des femmes qui passent leurs journées à prendre soin de leur corps, de leurs cheveux et de leur garde-robe. Angie avoue son attirance pour les hommes plus âgés qu'elle, et je suis contrainte d'admettre que je trouve Lukas plus séduisant que John. Jusque-là, rien de bien méchant. Juste très indiscret.

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