SANS SUITE 38/ Jour 6 : Petit joueur
C’est au tour de Lukas. Toutes les suggestions ayant été effectuées, les papiers sont remis dans le saladier et mélangés.
— Les yeux bandés, manger une banane avec la nominée. Ce serait avec plaisir, mais je n’ai plus très faim.
— On a des fraises, mon potto, ce sera moins bourratif. La nominée ? Ça va être intéressant !
— Angie. Non !
Sybille au second tirage. Lukas l’interroge du regard, elle décline l’offre :
— Je suis certaine que nous avons tous envie de voir de quelle manière Carly et toi vous débrouillerez.
Il hésite, mais finit par me fixer de ses pupilles pétillantes. Leur bleu est si profond, si sombre ! On dirait l’océan, la nuit, dans lequel se reflètent les étoiles. Je frissonne quand le souvenir de notre étreinte cette nuit-là me revient à l’esprit. Sa voix me sort de mon rêve. Il s’est déjà tourné vers moi, une grosse fraise dans la main. Il n’attend pas mon accord pour la glisser entre mes dents ; il sait qu’il n’en a pas besoin. À mon tour, je pivote pour lui faire face. J’ai chaud. Ma raison ne survivra pas à cette nouvelle épreuve. Je prends une profonde inspiration et approche mon visage du sien. Je sens déjà son souffle et suis obligée de marquer une pause, pour inspirer à nouveau et reprendre mes esprits ; je suis sur le point de cracher le fruit pour me jeter sur sa bouche entrouverte, qu’impatient, il colle à la mienne. Puis avec douceur, il plante ses dents dans la fraise. Il finit par la couper et l’avale sans mettre le moindre écart entre nous. Je l’imite. Il se lèche les lèvres, effleure les miennes au passage ; je fais pareil. Sa langue attend et s’enroule brusquement autour de la mienne. Sa main pousse dans le bas de mon dos. Je quitte ma chaise et m’assied sur ses jambes. Ses doigts pressent mon dos, les miens rapprochent encore son visage, sa bouche, sa langue. Je ne suis pas assez proche. Je me déplace encore, colle nos bassins. Un soupir rauque lui échappe, nos souffles agités se mélangent. Mes mains passent sous son tee-shirt, s’y accrochent et tirent dessus. Je ne le sens pas encore assez près de moi. Je veux sentir sa peau. Il lève les bras et râle quand le maillot passe sur son visage, avant de s’envoler plus loin. Il pose ses mains sous mes fesses et me soulève avant de se mettre debout. Mes jambes entourent sa taille, elles le serrent, pour ne permettre aucun millimètre de distance. J’entends des murmures quand nous franchissons le seuil du salon. Ma tête et mes oreilles bourdonnent de nos respirations haletantes. Dans le couloir, Lukas me repose au sol ; il se presse contre moi. Nos lèvres ne se sont pas quittées, c’est impossible. Nos doigts se mêlent ; il monte mes bras au-dessus de nous, et les maintient avec fermeté, avant de se jeter sur mon cou.
— Lukas, lâche-moi, j'arrive à articuler d'une voix cassée.
Mes mains libérées se ruent sur son sexe dur. Elles s’attaquent à son jean ; les boutons sautent en un temps record. Ses doigts brûlants effleurent l’intérieur de ma cuisse, frôlent ma féminité, alors que l’autre pétrit ma fesse. Il nous bascule sur le mur opposé, juste à côté de la porte de sa chambre. Au moment où il l’ouvre, sa bouche revient sur la mienne pour se confier :
— Trop long d’ouvrir la moustiquaire.
Je suis d’accord avec lui. Plus le temps de rien, de toute façon. La seule chose qui compte, c’est mon corps en feu. Mon corps qui le réclame de toutes ses forces. Le contraste entre l’air frais de la pièce et ma température interne m’apporte de nouvelles sensations. Il me dépose avec délicatesse sur le lit avant d’enlever son pantalon ; j’en profite pour passer ma robe au-dessus de ma tête. Ses cheveux sont hirsutes, son visage est couvert de sueur et ses yeux ne sont plus que deux fentes brillantes dans la pénombre. D’une violente pression sur les épaules, il me renverse sur le lit et se jette sur moi. Sa bouche affamée s’écrase sur la mienne, puis ses dents me mordillent le lobe de l’oreille. Ma main entoure son érection, à travers le caleçon. Il est mouillé ! Mon excitation monte encore d’un degré, si tant est que cela soit encore possible. Ses doigts effleurent mon string trempé. Il râle ; moi aussi.
— Je veux t’entendre, Carly. Je veux qu’ils t’entendent tous.
— Tais-toi et agis !
Il tire d'un coup sec sur le morceau de tissu qui se déchire, ce qui m’arrache un cri de surprise, mais aussi de plaisir. Je me redresse et l’aide à ôter son caleçon. Mais quand il veut me rallonger, je me rebelle et réussit à m’assoir sur lui. Mes doigts s’enroulent autour de son membre pour le guider entre mes cuisses, mais il résiste encore :
— Pas de protection, ce soir ?
— Qu’en as-tu fait ?
— Dans la commode, sous mes caleçons.
J’en prends un, le déballe, et le lui enfile avant de me rassoir sur lui et de trouver ses lèvres. Nos sexes se cherchent, se frôlent, jouent. Je n’en peux plus, mes mains s’emparent de sa verge, lui montrent le chemin et alors qu’il retient son souffle, juste au bord, je suis traversée de merveilleux frissons. Mes bras encerclent son cou, les siens sont enroulés autour de ma taille, et nos langues, nos respirations s’unissent. Il grogne, je gémis. Je veux descendre encore sur lui, l’insinuer en moi, plus loin, mais il me retient. C’est à son tour de me guider, de cette manière qui me rend folle, millimètre par millimètre. Je suis au bord de la rupture, et quand il dérape, qu’il ne me pénètre non pas d’un millimètre, mais au moins d’un centimètre, mon corps explose et je laisse échapper un râle bruyant. Quand il s’enfonce complètement, il m’arrache un nouveau cri de plaisir, auquel il ne résiste pas puisqu'il grogne au moment où son corps est secoué de tremblements. Alors que nous reprenons notre souffle, il m’observe, circonspect. Je connais ce regard. Je ne l’aime pas. Pire, je le déteste !
— Ne me fais pas ça, Lukas. Pas encore une fois.
Il sourit. Il adopte un air innocent.
— Te faire quoi ? Jouir ? Tu ne veux plus ?
— Tu sais très bien de quoi je parle.
— Nous avons un accord, je te rappelle. Qu’en fais-tu ?
— C’est écrit où ? Je n’ai rien signé.
— C’est vrai. On y remédiera demain. Enfin, si tu veux. L’idée venait de toi.
Il s’étend sur le lit et tire sur mon bras pour m’inviter à m’allonger près de lui, la tête sur son épaule. Après quelques minutes de réflexion, je romps le silence :
— Je crois que tu te prends trop la tête. Il nous reste trois jours. De quoi as-tu peur, Lukas ? Je ne vais pas te persécuter. Je n’ai pas l’intention de te demander ton mail ou ton numéro de téléphone. De toute façon, tu ne me les donnerais pas. Alors contentons-nous de prendre du plaisir ; je te demande juste de me respecter en dehors de nos parties de jambes en l’air. Qu’en penses-tu ?
— Je vais essayer. Tu sais, le petit jeu de John m’a ouvert l’appétit et j’ai envie de nouvelles expériences.
— Lesquelles ?
— Hum, par exemple, te filmer avec deux hommes. Mickey et John ne seraient pas contre.
— Tu m’as bien regardée ?
— Tu as dit que c’était l’un de tes fantasmes.
— Ouais, et ça le restera. Par contre, je n’ai pas parlé de film !
Il me regarde avec sérieux, puis son visage se fend d’un large sourire et il éclate de rire. Il se moquait de moi ! Ok :
— Qu’est-ce qui te fait dire qu’ils seraient d’accord ?
— John l’a dit et tu as eu l’air d’apprécier sa langue. Quant à Mickey, il te dévore des yeux et le masser ne t’as pas laissée indifférente. Je me trompe ?
Nous y voilà. Ne rentre pas dans son jeu. Il cherche une excuse pour provoquer la dispute.
— Tu en as pensé quoi ? je l'interroge, curieuse.
— Je viens de te le dire, Carlyane. Tu as aimé ça.
— Ce n’est pas ce que je te demande.
— Réponds d’abord à ma question : est-ce que je me trompe ?
— J’aurais préféré que ce soit toi. À toi, qu’as-tu éprouvé ?
— Rien. C’était amusant, excitant, et ça m’a donné l’idée que je t’ai suggérée.
Menteur ! Tu attendais quoi comme réponse, ma pauvre fille ?
Mode provocation ? À mon tour.
— Au moins, moi, j’ai accepté mes nominations. Et toi, petit joueur ?
— Merde, Carly ! Je n’allais pas laisser ma sœur m’ôter « sensuellement » un vêtement ou encore me lécher le torse ! Encore moins manger un fruit à sa bouche !
— Et Sybille ?
— C’est elle qui a refusé ! Tu veux jouer à ça ? On y va ! Remets-ta robe.
— C’est bon, Lukas, laisse tomber.
Ça va encore dégénérer. J’ignore quelles sont ses intentions, et j’ai le sentiment qu’il vaut mieux en rester là. Il enfile son pantalon.
— Dépêche-toi ! me presse-t-il.
La porte est déjà ouverte quand il m’hurle dessus. Je repasse ma robe, le regard noir. Il est furieux. Il se précipite sur la terrasse, où je me hâte de le rejoindre. Il fonce sur mon amie, lui saisit le visage des deux mains et l’embrasse avec précipitation. Elle le repousse, mais il insiste. John se redresse et s’interpose :
— Lukas ! À quoi tu joues ?
— Je suis toujours un petit joueur, Carlyane ?
Il n’attend pas ma réponse pour refaire le chemin en sens inverse jusqu’à sa chambre, dont la porte claque avec une telle violence que les murs en tremblent. Male à l’aise, je m’adresse pourtant à mes amis, qui semblent espérer une explication. Surtout Sybille.
— C’était bien de tenter une réconciliation ; mais c’était perdu d’avance.
Après avoir ricané, Angie s’apprête sans doute à m’envoyer l’une de ses remarques cinglantes quand la voix de Lukas, venue du couloir, l’interrompt :
— Tu en as encore pour longtemps ? Nous n’avons pas terminé notre conversation !
— Il vaut mieux que j’y aille. Désolée pour tout ça.
Sybille n’est pas d’accord :
— Carly ! Ne me dis pas que tu lui obéis au doigt et à l’œil ! Tu n’as pas à faire ça. Tu n’es pas son petit toutou !
— Ne t’inquiète pas pour moi, Sybille. Merci quand même.
Il trépigne d’impatience et de colère devant sa porte, dont il s’écarte pour me laisser entrer.
— Bonne nuit, Lukas.
Je me réfugie dans ma propre chambre. Aucun bruit. Pas de panneaux de placo qui claquent. Je me détends, ressors à pas de loup pour me rendre dans la salle de bain où je passe un peu d’eau fraiche sur mon visage avant d’aller me coucher.
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