SANS SUITE 8/ Jour 2 : Action ou vérité (3)

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Après cet interminable trajet, nous atteignons enfin notre terrasse. Le portillon grand ouvert, les stores redressés, Lukas s'assied sur la première chaise en bois, m'invitant à grimper sur lui. Aussi impatiente que lui, je me pose sur son sexe dur que je sens malgré l'épaisseur de son jean. Je me frotte contre lui, et profite de sa tête rejetée en arrière pour embrasser son cou à pleine bouche. C'est quand il tire sur ma robe pour me l'enlever que je réalise encore une fois l'endroit où nous sommes. À mon tour, je le prends par la main, déverrouille la porte d'entrée et le conduit dans le couloir, où je marque une hésitation ; sa chambre ou la mienne ? Ma curiosité l'emporte, alors j'esquisse un pas vers son repaire.

— Non. Mes draps ne sont pas...

Il a l'air gêné. Le souvenir de la femme de la veille me revient et en effet, l'idée ne m'inspire guère. Coincée entre mon partenaire et ma porte qui s'ouvre brusquement, je suis propulsée dans la pièce. Heureusement, les bras musclés de Lukas me protègent d'une chute aussi ridicule que douloureuse. Je me libère pour allumer une lampe de chevet. Ce soir, la lumière tamisée me permettra d'observer toutes les expressions qui traverseront ce magnifique visage, de me perdre dans ce regard sombre et d'apprécier chaque parcelle de son corps.

Il quitte son tee-shirt, me dévoilant ses muscles effilés. Je reviens vers lui et caresse ses pectoraux, tandis que ses lèvres et sa langue se jettent sur mon cou, provoquant des vagues de désir à chaque contact. Ma main taquine son érection sur l'épaisse étoffe du jean, alors que l'autre essaie de trouver un passage entre son ventre et sa ceinture. Ses abdos se contractent lorsqu'il frémit et s'appuie contre le miroir de l'armoire. Je déboucle sa ceinture et déboutonne son pantalon, puis m'éloigne. Il se déshabille et il ne lui reste plus que son caleçon, j'enlève ma robe, et ne conserve que mon string pour seul bouclier. Un unique pas nous sépare ; je le débarrasse de son dernier vêtement et revient me serrer contre lui.

Il se tourne vers le mur et j'entends le bruit d'un sachet qu'on déchire. Un préservatif ! Heureusement qu'il est plus prévoyant que moi ! Il me soulève légèrement pour coller son sexe au mien et j'enroule mes jambes autour de lui. Puis il nous déplace, ouvre la moustiquaire et me dépose au milieu du lit, où il me rejoint pour se positionner au-dessus de moi.

Nos respirations sont haletantes, son regard exprime le désir, mais l'incertitude aussi. Ses doigts remontent l'intérieur de mes cuisses et frôlent mes lèvres, en bas. Le volcan en attente gagne encore en intensité et je contracte tous mes muscles pour l'empêcher d'exploser. Lukas soupire d'aise et sourit, rassuré. Je me détends légèrement, et sans me quitter des yeux, il me pénètre. Lentement, millimètre par millimètre. Je ne vais pas tenir. C'est trop bon. Pourtant j'en veux plus. Non, non ! Mes muscles se contractent et le plaisir m'envahit, me secouant de violents spasmes. Je m'agrippe à ses bras et parviens à rouvrir les yeux à temps pour voir ses traits crispés et son regard perdu. Je ne comprends pas. Je ne l'ai pas senti jouir en moi. Enfin, un profond soupir s'échappe de sa bouche et il se laisse retomber à côté de moi.

— Lukas, et toi ? Je... je suis désolée ; je n'ai pas pu me retenir.

Il a glissé sa main sous mon oreiller et me fait face.

— Moi non plus.

Ce sourire. Il est merveilleux. Si seulement cet homme pouvait se montrer toujours aussi charmant. Demain, son égo réapparaîtra et me fera regretter amèrement son propre égarement. L'homme avec lequel je viens de m'abandonner est d'ailleurs déjà partit et je crois que Cro-Magnon ne va pas tarder à ressurgir. Je ne le chasse pas, je n'en ai pas envie, mais je n'ai pas oublié sa confidence : il se réveille toujours seul...

Un mouvement sous mon cou me tire de je ne sais quel rêve. Je distingue la faible lueur de la lune à travers les volets. Quelle heure peut-il bien être ? Trop tôt pour se lever, c'est certain. Je me recroqueville sous ma couette, mais décidément, quelque chose sous mon oreiller gêne mes cervicales. C'est alors que je me souviens. Lukas ! Non, que ferait-t-il encore là ? Ma main rencontre son bras et mon genou va cogner... J'espère que je ne lui ai pas fait mal. Visiblement, il s'est écarté juste à temps. Il est bien là. Réveillé, en train de m'observer, un léger sourire amusé flottant sur les lèvres.

— Je pensais que tu étais retourné dans ta chambre.

— J'en avais l'intention, mais, la flemme...

— Je vois. Bah, fais comme tu veux. Bonne nuit.

Je lui tourne le dos, sans ça, je vais lui sauter encore une fois dessus. Ses yeux brillent de malice et je refuse d'attendre ou d'espérer quoi que ce soit venant de lui. Mieux vaut que je dorme, car la nuit va être courte et la journée longue demain. Lukas m'en empêche, il a d'autres projets. Ses doigts s'amusent à démêler mes cheveux et son autre main monte et descend le long de ma colonne vertébrale. Les petits pincements dans mon ventre achèvent de me réveiller et je me déplace pour le regarder et répondre à ses caresses.

Soudain, il se lève et récupère son jean, abandonné sur le carrelage. Il m'avait promis de se venger après mon défi. Bravo, je ne m'y attendais pas. Pourtant, il provoque ma perplexité quand il laisse son pantalon retomber. Mince, j'avais encore oublié le préservatif !

Il reprend sa place sur mon lit et mon regard s'éternise sur ses lèvres qui s'entrouvrent. Son souffle chaud vient réchauffer ma peau parcourue de frissons et j'attrape son visage de mes deux mains pour l'empêcher de bouger quand je l'escalade pour l'embrasser. Ses doigts trouvent mes joues à leur tour mais impatients, ils glissent le long de mon corps pour saisir mes fesses et me coller à lui avec empressement. Il cherche à me pénétrer. Non, pas encore. Je veux faire durer le plaisir. Je me frotte contre lui, encore et encore, roule des hanches, lentement, puis plus vite, de plus en plus vite. Il râle, puis tourne la tête pour exprimer sa frustration :

— On recommencera après, si tu veux. Mais pour l'instant, je n'en peux plus !

— Non. Attends. Je te promets que ce sera encore meilleur.

— Ok. On fera comme tu veux la prochaine fois. Si tu continues comme ça, je vais jouir dans quelques secondes.

— Alors vas-y. Laisse-toi aller.

Au moment où ses yeux se ferment, quand sa bouche se crispe et que son corps est secoué par de violents tremblements, j'autorise enfin son sexe à me pénétrer. Les sensations provoquées par nos deux corps qui se confondent m’entrainent à sa suite dans l’euphorie et il se met alors à crier, à jurer, étouffant les petits soupirs que je ne peux contenir. Haletants, nous restons silencieux quelques instants.

Je n'ai pas envie qu'il parte. Mon réveil à ses côtés était des plus agréables et j'aimerais renouveller l'expérience. Je n'ose pas le regarder quand je me lance :

— Tu vas rester ?

Il ne répond pas immédiatement, sans doute en préparation d'une réponse cinglante. Pourtant, je ne décèle aucune méchanceté dans le ton qu'il emploie :

— Tu sais que je me réveille toujours seul. C'est comme ça, je ne peux pas dormir avec quelqu'un qui remue à côté de moi. Rien que sa respiration me gênera.

Excuse bidon, c'est une évidence. Je ne sais pas ce que j'espérais. Après cette plutôt bonne soirée, je préfère ne pas insister, ne pas prendre le risque de provoquer sa colère et mon stress. Un gros mensonge lui laissera croire à mon indifférence :

— Je comprends. Bonne nuit. À demain.

Je lui tourne le dos et attends patiemment qu’il s’en aille, mais il ne bouge plus et sa respiration a repris un rythme normal. Je virevolte vers lui pour lui rappeler qu’il doit quitter mon lit pour constater qu'il s'est endormit ! Bon, je n’ai plus qu’à faire pareil si mes nerfs fatigués acceptent de laisser la place au sommeil. Après tout, il y a bien longtemps que je n’avais pas fait l’amour à deux reprises la même nuit. Je m'assoupis avec le pressentiment qu'il va se montrer fort désagréable après ça.

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