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Se débarrasser d’un parasite hypnique, voilà donc ce qu’Ellie devait faire pour survivre à ses cauchemars. Comment allait-elle s’y prendre, c’était une autre histoire. Zachary lui assurait qu’ils trouveraient, qu’il restait suffisamment de temps pour mettre au point un plan. Même si sa présence lui apportait un peu de réconfort, Ellie n’avait pas vraiment envie de retourner se coucher de sitôt.
Ils avaient fini par quitter le parc, devenu désert et frisquet dans l’air du soir. D’un commun accord, ils retournaient chez Ellie. Sous la lumière des réverbères, l’impression d’être engluée dans des toiles de sommeil saisit encore une fois la jeune femme. La rue était étrangement peu animée à cette heure de la soirée. Ils repassèrent devant le café qui, par chance, était encore ouvert.
- J’ai besoin de caféine, déclara Ellie.
Le souvenir de son pauvre café renversé sans ménagement accentua son envie.
- Je te prends quelque chose ?
- Non, merci, répondit Zachary. Je t’attends ici.
Elle haussa les épaules et pénétra dans le café chaleureux. En ressortant avec le même breuvage que plus tôt dans la journée, elle se retrouva seule. Zachary n’était plus là. En tournant sur elle-même pour le chercher, une désagréable impression de déjà-vu prit racine dans son ventre.
- Zacha…, commença-t-elle à appeler, mais elle ne put terminer sa phrase.
Une douleur lancinante dans le bas des reins la fit tomber à genoux. Elle hoqueta et laissa tomber, pour la seconde fois, son gobelet de café glacé. Un rire rauque, juste derrière son oreille, la fit sursauter. Ellie tourna vivement la tête et tomba nez à nez avec Zachary. Ou du moins ce qu’il restait de lui. Son visage était méconnaissable ; ses traits se liquéfiaient, se mêlaient les uns aux autres en ne laissant qu’un masque affreux dépourvu d’expression, comme fondu au chalumeau. Il se pencha vers elle, riant toujours, et poignarda Ellie dans le ventre. Elle s’effondra au sol, son visage ruisselant de larmes, le corps en feu. Lorsque le monstre sans visage se pencha vers elle, Ellie hurla de toute ses forces.
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