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Je ne devrais pas faire ça.

Et à la minute où je pense cela, ses mains qui glissent sur moi me court-circuitent toute raison. Bug interne. Error 404.

Je ne devrais pas faire ça. Pourquoi ai-je furieusement envie de ce qui m'est moralement interdit ? Pourquoi ne suis-je pas en mesure d'arrêter cette catastrophe ?

Je pense à l'autre. Elle ne mérite pas ça. Pourquoi me mué-je en ce connard infâme, année après année, relation après relation ? Pourquoi semble-t-il impossible pour moi d'avoir une relation saine, stable et sans embûches ? Non, résolument, je ne devrais pas lui faire ça.

Au moment où je pense « arrêter », il y a ses lèvres sur les miennes. Au moment où je pense « connard », il y a sa langue qui chatouille ma carotide. Au moment où je pense « relation saine », il y a son gémissement qui vibre sur ma peau. Et ma raison qui se carapate à nouveau.

Je fais l'expérience de l'incontrôlable, et c'est autant flippant que grisant.

Ne fais pas ça.

Tu veux le faire.

J'ai ces deux envies, radicalement opposées, et elles se télescopent avec moi en épicentre. Je fais le mauvais choix, oh, je sais que je fais le mauvais choix. Je n'ai aucune excuse à ce choix. Je suis faible, je suis lâche, je suis définitivement un connard.

Mais il y a ses mains, bon Dieu de bon Dieu. Ses mains sur moi, là. Je ne sais pas les repousser. Je ne veux pas les repousser. Je veux qu'elles continuent à parcourir mon corps, je veux qu'elles soient partout à la fois, je veux leur douceur et leur fermeté sur chaque parcelle de moi.

Il y a sa bouche, sa putain de bouche qui tatoue ma peau comme un tampon-encreur. Et à chaque tatouage, je pars un peu plus loin dans l'abîme de l’indécence.

Il y a son corps tout entier contre moi, sa peau qui se confond avec la mienne, son odeur, son goût. Je la parcours de tous mes sens. Je la caresse et elle ondule magnifiquement sous ma paume ; je la respire et elle frissonne sous mon souffle ; je la goûte et elle gémit sous mes baisers. Elle est douce, elle est salée, elle est délicieuse. Bordel de Dieu, par quel miracle pourrais-je arrêter ce moment d'extase ?

J'étouffe mes propres bruits, parce qu'il m'est comme interdit d'exprimer un quelconque contentement à ce que nous faisons... n'est-ce pas ? Déjà que je me permets des actes amoraux, je n'ai pas le droit d'en éprouver du plaisir. Pas le droit. Absolument pas. Ferme-la.

Et voilà qu'elle abat l'ultime atout. D'une voix lascive, elle laisse échapper mon prénom. Bordel de bordel. Mon prénom. Il résonne comme une invitation à fracasser les dernières barrières que je tente, inutilement, de maintenir érigées. Je perds pied. MON PRÉNOM, PUTAIN.

Je veux l'entendre encore. Je DOIS l'entendre encore. Je veux qu'elle le répète, à l'infini, pendant que je lui fais tout ce dont je rêve pour elle. Ce dont je rêve avec elle. Il n'y a plus qu'elle. Le reste du monde n'existe pas. À peine si moi, j'existe. La morale, la décence, l'exemplarité n'existent plus non plus. Balayés, envolés, sacrifiés sur l'autel de cette union pécheresse.

Ma voix s'échappe en écho à la sienne. Elle sourit en l'entendant. Ce sourire m'éblouit. Il est une œuvre d'art. Voilà, on y est : les deux derniers de mes sens se saturent d'elle. Elle m'occupe entièrement.

Je n'ai plus qu'un désir, intense, puissant, enivrant : je veux qu'elle jouisse sur mon prénom.

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