Semaine 5 : Renard à Lunette

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Ça faisait bien une vingtaine de minutes que Louis parlait avec son ami Foxy, un renard portant une paire de lunette à bordure noire .

Ils avaient tous les deux abordé plusieurs sujets en ce cours laps de temps, comme la rupture de Louis avec sa copine, le non-avancement de la carrière de Louis et enfin les problèmes de Louis avec son père.

Foxy adopta un comportement anthropomorphe en se levant sur ses pattes arrières. Il se mit à effectuer les cents pas dans la chambre de son camarade. C'était un signe de réflexion de la part du renard.

Il retira ses lunettes pour les nettoyer de sa queue avant de les remettre. Puis, en allumant une cigarette, il s’adressa à Louis :

  • Tu sais mon pote, je crois que pas mal de tes soucis ont un rapport avec un seul et même truc.
  • Ha oui ? répondit l’intéressé.
  • Ouais : le fait que tu t’acceptes pas.
  • Comment ça ?
  • Tu le sais très bien.
  • Ho nan, pas encore… gémit Louis en plaçant d’un coup sec sa tête dans ses deux mains.
  • Hé si. Tu es gay mon pote, tu aimes les mecs. Faut que tu vives avec un point c’est tout

Louis envoya un regard scandalisé à Foxy, comme si son ami venait de commettre l’irréparable. Il ne se fit pas prier pour contester :

  • C’est n’importe quoi ! Pour la dernière fois, je ne suis pas homo !

Foxy, qui venait de tirer une bouffé de sa cigarette, ne put s’empêcher de toussoter de la fumée en éclatant de rire. Pas d'un rire moqueur, mais plutôt d'un esclaffement d’indignation. En temps normal, le renard rusé lâcherait l’affaire et passerait à autre chose. Mais pas cette fois. Ce soir, il allait bien faire entendre raison à son ami.

Il contre-attaqua donc :

  • Mais Louis, t’es plus avec Alexia parce qu'elle t'attirait pas. Exactement comme toutes les filles avec qui t'es sorti.

Louis grimaça. Foxy n’avait pas tort, bien qu'il refusait de l’admettre. Dans sa tête, donner raison à son ami équivaudrait à se mettre un couteau sous la gorge. Pas un à bout rond, mais un véritable hachoire.

Alors il rétorqua :

  • C’est parce qu’Alexia et les autres, c’étaient pas les bonnes !
  • Mais tu t’entends parler ? Il y a une différence entre ne pas trouver l’amour et ne pas être attiré par les vagins. Si tu n’arrives pas à l'accepter, c’est parce que ton père, ce connard d’alcoolique raciste, t’a conditionné pour détester les gays, pour pas les accepter.

Louis cria alors :

  • ETRE GAY C’EST UN CHOIX ! UN CHOIX MONSTRUEUX QUI VOUS ENVOIE DIRECT EN ENFER ET QUI !...

Il se tut. Il venait de se rendre compte que c’était son père qui hurlait à travers lui. Ces mots n’étaient pas les siens. Foxy remarqua cette constatation dans les yeux de Louis, ce qui le fit sourire. Il était sur la bonne voie :

  • Voilà, fais sortir ton père de toi. C’est qu’un abruti de réac coincé dans les années soixante-dix. Qu'est-ce je raconte, dans les années quarante. T’as pas besoin de lui. T’as pas besoin de son approbation. Si il peut pas t’accepter comme tu es, qu’il aille se faire foutre. Basta mon gars.

Louis commençait à comprendre à quel point Foxy avait raison, mais il ne démordait pas :

  • T’as raison, c’est un con. N'EMPÊCHE QUE JE SUIS PAS GAY !!

La non-acceptation colérique de Louis fusionait à présent avec un étrange entrecroisement de tristesse et de lacitude.

Foxy s’impatienta : sa lassitude muta en un énervement :

  • Ho ça suffit ! Avoue-toi le, une bonne fois pour toute !
  • NAN !
  • Tu te souviens de la fois où tu matais avec gourmandise la bite d’un bodybuilder dans un magasine de cul ?
  • Je regardais juste si la mienne était aussi grande …
  • Pendant plus d’un quart d’heure ?
  • HAAA !
  • Et la fois ou tu t’es tripoté devant un marathon à la télé ?
  • Mais euh ... Je matais euh.. les filles ! Balbutia Louis.
  • C’était un marathon masculin, il n’y avait aucune fille !
  • HO TA GUEULE ENFOIRÉ, cria Louis, les larmes aux yeux, ARRÊTE DE ME TORTURER !
  • Alors avoue-le !
  • OUI BON D’ACCORD, T’AS GAGNÉ, JE SUIS GAY, T’ES CONTENT ?!

Louis, après quelques secondes, réalisa ce qu’il venait de dire. Il avait avoué qu’il était homosexuel pour la première fois. Et il se sentait… Bien !

Plus important encore, il se sentait normal.

Toutes ses peurs concernant son père qui le frapperait de toutes ses forces s’il le découvrait s’étaient envolées.

Et cette idée de monde qui le rejetterait s'en était étrangement allé elle aussi.

Le monde n’était pas son père, il le resentait à présent. En réalité, il en avait conscience depuis un bon moment. Mais sauter le pas était trop compliqué, inenvisageable.

Et ce soir, Foxy avait réussi à crocheter ce solide verrou mental.

Le renard, satisfait, tourna le dos à son ami qui n’avait plus besoin de lui. Puis, en se dirigeant vers un des murs de la chambre, il se mit à lentement disparaitre. Louis, avant que son ami ne parte, lui lenca :

  • Foxy ! Merci ! Est-ce que je te reverrais ?

Avant d’avoir complètement disparu, foxy murmura à son ami :

  • Seulement si tu reprends du crack.

PS : Merci d'avoir lu cette petite nouvelle ! Je n'ai pas l'habitude d'écrire de post criptum dans mes textes, mais celui ci me semble nécessaire pour préciser qu'un cours passage de ce texte est fortement inspiré d'un épisode de south park. Voili voilou, bonne journée ou soirée à vous !

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