Gênée, Lya serra les dents dans un sourire crispé, les poings sur ses genoux. Sans être une musicienne, cette musique était atroce. Mais elle ne voulait pas faire de la peine à Wil, qui jurait à moitié parce que ses doigts palmés lui donnaient beaucoup de fil à retordre sur la guitare.

Elle avait aussi une furieuse envie de rire devant sa maladresse. Mais elle avait peur de le vexer.

Son corps se figea au son strident de d'autres cordes pincées, jusqu'à ce qu'enfin, le calvaire cesse. La jeune femme n'était pas vraiment habituée au vacarme, en grandissant aux côtés de Karel. De plus, elle n'avait jamais été une adepte de ce genre d'attention.

Wil mit un genou à terre en lui tendant une rose entre ses palmes abîmées. Lya savait à quel point ces zones de chair étaient sensibles, et n'osait imaginer la torture qu'il s'était infligée. Cela se voyait sur le sourire forcé qu'il tirait, contenant une envie de hurler.

— Pour toi, mon amour ! déclara-t-il.

Lya ne tint plus et perdit le contrôle. Elle explosa de rire en se tenant ses côtes devenues douloureuses. Elle manqua de tomber de sa chaise tant sa crise de rire semblait ne pas vouloir s'arrêter.

— Ah... C'était atroce, c'est ça ? demanda Wil, penaud et rougissant d'embarras.

Lya lutta pour se calmer, essuya une larme au coin de l'oeil. Elle lui prit la rose en lui offrant un sourire. Autant pour trouver des gants.

— Oui, atroce et absolument pas mon genre. "Mon amour" est de trop aussi. Par contre, merci pour la rose, elle est magnifique et ça me fait très plaisir.

— J'avoue, bredouilla Wil. Ce n'est pas mon genre non plus. En plus d'être horriblement gênant.

Le rire illumina le regard de Lya et elle l'embrassa. Elle l'aida à se redresser, caressant ses doigts abîmés.

— Viens, il faut soigner ça. Quelle idée aussi, d'utiliser de tels instruments avec des mains pareilles !

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