Lya rejoignit son frère assis sur le matelas artisanal qui servait d'espace confort. Leurs parents avaient dû s'absenter pour le travail, et elle comptait bien en profiter. Elle déposa une autre lanterne sur le sol, alluma la bougie à l'intérieur. Elle arrangea le grand matelas et tira de grands draps blancs autour d'eux.

Karel l'observait, intrigué. Lya s'installa en tailleur face à lui et lui montra une page au hasard d'un livre qui lui avait été prêté.

— Tu savais que l'on pouvait dessiner avec des sortes de signes ?

Karel secoua doucement la tête, perdu sur les mots de sa soeur. Lya lui montra une des illustrations.

— Regarde.

Elle imita la position des mains et des doigts indiqués, et Karel vit apparaître l'ombre d'un animal sur les rideaux. Cela lui arracha un sourire amusé et signa à Lya qu'il avait déjà compris où elle souhaitait en venir avec ce jeu, que ce n'était pas la peine d'en faire davantage. Il venait de comprendre qu'elle cherchait encore un moyen de le faire relativiser sur son handicap et la langue des signes qu'il utilisait, mais que rares comprenaient. Ou se donnaient les moyens de comprendre, plutôt.

— On peut raconter plein de choses avec les mains et sans les mots, insista Lya. Il suffit d'avoir un peu d'imagination ! Et si on essayait ? Allez ! Pour me faire plaisir ! Sinon, on va s'ennuyer comme des rats morts toute la nuit !

Karel la regarda avec tendresse avant d'acquiescer enfin. Alors les ombres défilèrent au milieu des rires, notamment lorsque, emportés par leurs histoires, leur imagination transformait les animaux en créatures loufoques.

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