Il arrive que la mort s’insinue dans la vie de chaque personne. Cette fatalité crée alors un manque, une absence. Il arrive même que l’espoir se précipite en nous et donne la force de vivre. Après cette épreuve, nous connaissons notre limite du supportable. Il faut alors se reconstruire, sans eux. Refaire notre avenir, réorganiser notre futur. Nous réapprenons à vivre sans leurs voix, leurs contacts, leurs sourires. Comme si une part de nous était partis avec eux. Il manque une note à une mélodie parfaite. Notre carapace est fracturée.

 Chaque année, la date arrivera toujours trop vite et filera toujours aussi vite. Une histoire d’un jour, qui nous fait espérer que leurs vies sont à présent mieux que la nôtre. Chaque année, cette période paraîtra toujours plus noire que les précédentes et les suivantes. Chaque année, nous pleurerons jusqu’à ce que nos larmes inondent nos pensées. Mais chaque année, nous nous souviendrons d’eux.

 Aujourd’hui, et au bout de dix ans, je ne me souviens plus du rire de ma grand-mère. De son sourire chaleureux qui remplissait mon cœur de joie. De ses câlins si réconfortants qu’il me permettait de m’endormir. De ses poupées tricotées qu’elle m’offrait chaque Noël. J’aurais aimé les avoir gardés, comprendre l’importance qu’elles auraient eue maintenant. Et ne pas les avoir détestés chaque année pensant que c’était le pire des présents.

 Mais aujourd’hui, cela fait quatre ans pour une famille que j’aime vraiment. On ne peut jamais vraiment comprendre cette douleur tant que nous ne l’avons pas vécu. Et je ne pourrai jamais les comprendre non plus, même en l’ayant vécu. Alors je préfère lui montrer que je suis là, à cette fille et future femme qui a tant besoin d’espoir en ce jour. Alors, à toutes ces personnes qui ont déjà connu cette absence, la seule chose que je rajouterai : A la vie.

Le 5 Mai 2020.