La couronne nocturne
Alors qu’il souriait il y a encore quelques secondes, les larmes ruissellent soudainement le long de ses joues. C’est bien son nom, enfin plutôt celui de son pays, que le présentateur américain a crié. Cette France qu’il représentait depuis deux semaines à Séoul, en Corée du Sud. C’est alors un raz-de-marée émotionnel qui s’abat sur le jeune homme de vingt-six ans. La foule est à la limite de l’hystérie et montre sa joie après l’annonce du résultat. Après la remise de l’écharpe, le cœur de Maxime s’emballe quand il sent la couronne être posée sur sa tête par le vainqueur de l’année précédente. Ce magnifique objet, symbole du règne qui l’attend. Après avoir salué le public, les membres du jury et bafouillé quelques mots au présentateur, le Français est encerclé et acclamé par les soixante-seize autres candidats qui sont unanimement fiers de sa victoire. Loin des stéréotypes et clichés de la beauté masculine, loin d’être le plus confiant en soi et loin d’être vu comme le potentiel gagnant par les sondages, Maxime vient d’être sacré Mister Galaxy. Les yeux et les joues rouges mais heureux, respirant avec difficulté, il ne réalise toujours pas ce qu’il vient de se passer.
Soudain, un bruit nouveau mais désagréable survient dans cette spirale de bonheur et d’émotions diverses. Maxime tente de percevoir d’où vient celui-ci. Des spectateurs en colère qui contestent les résultats ? De plus en plus fort, le vacarme ne cesse pas. Désormais, tout devient flou. Le jeune homme semble s’évanouir et… Cela pour mieux se réveiller et éteindre son réveil qui lui rappelle agressivement qu’il est en retard mais aussi que tout cela n’était qu’un rêve. Au revoir la victoire, la couronne, l’écharpe, la célébrité, les voyages et la confiance en soi. Bonjour le miroir de la salle de bain, les cernes, les complexes, la désillusion et la routine.
- Je suis beau ! Je m’aime ! Je suis heureux ! répète Maxime, le sourire forcé, en se regardant. Pas de carrière internationale pour moi mais une journée de plus à la caisse d’un supermarché.
A peine le temps de se préparer, il claque la porte de son studio en se jurant que la nuit prochaine il préférerait un cauchemar. Le réveil ne serait que meilleur.
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