L'hôtel de Johany était petit et d'une salubrité douteuse. A son arrivée, il avait balbutié quelques mots dans un anglais approximatif à l'accueil. La laotienne à qui il s'était adressé n'avait pas compris un mot de son charabia, il s'était répété trois fois pour se faire comprendre. Heureusement, il n'était pas difficile de deviner son but lorsqu'il débarquait dans un hôtel, mais c'était pour inclure le petit-déjeuner dans sa réservation qu'il avait eu du mal à s'exprimer.

Il avait mangé un sandwich au thon à l'aéroport puis était directement entré dans le premier hôtel qu'il avait vu. Il avait seulement sorti sa trousse de toilette, une serviette de bain et un tee-shirt pour dormir, avait fait sa toilette et s'était ensuite couché sans attendre.

Le lendemain matin, le soleil le réveilla. Il n'avait pas pensé à fermer le store la veille, ni à tirer les rideaux, il car il faisait nuit lorsqu'il était arrivé.

Un peu déboussolé, il regarda autour de lui sans reconnaitre sa chambre. Son coeur s'emballa de panique un instant, avant qu'il ne se remémore son voyage. Il avait l'impression qu'il s'agissait d'un rêve particulièrement long qu'il avait fait dans la nuit.

Il se leva, un peu sonné et la bouche pâteuse. En regardant par la fenêtre, il vit la rue qu'il avait emprunté de nuit la veille pour venir. Des voitures, des camions, des tuk-tuk et des vélos passaient sans arrêt.

Il descendit prendre le petit-déjeuner qu'il avait peiné à réserver en arrivant et apprécia les découvertes qu'il fit. Une assiette pleine de fruits qu'il ne connaissaient pas et un jus de mangue lui furent servis en plus du beurre, de la confiture et du pain bien occidentaux.

Il goûta au pitaya, le fruit du dragon, qu'il trouva un peu pâteux mais très esthétique, ainsi qu'au fruit du Jackier, qu'il apprécia beaucoup. Il mangea de la papaye pour la première fois également, des mangoustans et des ramboutans. Lui qui avait toujours eu peur de l'inconnu, se surprenait à aimer découvrir de nouvelles senteurs et des goûts particuliers, différents de ceux auxquels il était habitué.

Une fois rassasié et les papilles ravies de leurs découvertes, il décida de se promener dans les rues de Vientiane.

Il régnait un vacarme assourdissant dans la rue bondée lorsqu'il sortit, et il songea à la circulation de Paris, dont il avait l'habitude. C'était sans doute pour cette raison qu'il n'avait pas été dérangé par le bruit extérieur dans la nuit.

Sa balade ne fut pas très agréable, il longeait la route sans trottoir et manqua de se faire renverser une douzaine de fois avant d'admettre qu'il ferait mieux de rentrer.

Le décalage horaire de six heures commençait à faire effet. Johany bailla longuement sur le chemin du retour et ne fut pas mécontent de rentrer dans sa chambre d'hôtel, où le bruit de la circulation était un peu ténu.

Il avait prévu de partir en bus à Luang Prabang après le repas du midi, mais fit plutôt une sieste. Le bouillon de légumes et de citronelle, ainsi que le bol de riz qu'il avait ingurgités à treize heures lui tinrent au ventre jusqu'au soir. Puisqu'il n'avait pas quitté l'hôtel à dix heures comme il avait prévu de le faire, il décida d'y rester pour la nuit, puis de prendre le bus pour Luang Prabang le lendemain matin.