Chapitre 4
Johany rentrait du travail, exténué. Du trottoir d'en face lui parvint une mélodie entraînante. Il s'agissait d'un accordéoniste qui s'évertuait à attirer l'attention des passants pressés, en jouant tous les plus grands airs. Johany eut de la peine pour lui, ignoré à en être presque méprisé. Personne ne prêtait attention à sa musique. Il fallait dire que des musiciens à Paris, il n'y en avait pas qu'un !
Johany avait fait trois ans de piano, étant petit, mais ce loisir ne lui avait pas vraiment plu.
Il n'avait jamais eu de véritable passion. En CM2 ses parents l'avaient inscrit dans le club de judo du quartier, mais au bout de la troisième séance, il avait allégué une douleur insupportable dans le bras et avait arrêté l'activité. Il avait dit, pour contenter ses parents exaspérés : "Je n'aime pas ce sport, je trouve ça trop brutal. La preuve : je me suis fait mal dès la troisième séance !"
En réalité, il avait détesté devoir "se battre et se donner en spectacle" devant tout le monde... Et surtout avoir l'impression de se faire humilier en perdant contre plus jeune que lui. En CM2, Johany était petit et gringalet, pas vraiment le judoka idéal.
Depuis ces deux expériences avec les activités extrascolaires, il n'avait plus rien testé.
Pourtant, il était envieux en voyant tous les passionnés de basket, de football ou de guitare. Il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une pointe de jalousie devant les férus de poésie, les accros au ping-pong.
Il ne rêvait que d'avoir une passion qui lui tienne à cœur, lui aussi. Un passe-temps qui occuperait les heures vides qu'il passait dans son appartement, à se languir des feuilletons télé dont les saisons avaient fini d'être diffusées. Une pratique favorite parmi le reste de sa vie. De quoi combler ses journées de soupir...
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