Chapitre 12
Le jour se levait sur la ville déjà animée.
Johany s'était réveillé à cinq heures, encore perturbé par le décalage horaire. Persuadé qu'il ne parviendrait pas à se rendormir, il décida de patienter jusqu'à l'heure du petit-déjeuner.
Il fit sa toilette et ordonna ses affaires en vue de son futur départ, puis ouvrit le seul livre qu'il avait apporté, un roman d'aventure, comme s'il espérait trouver des parallèles entre sa vie et l'intrigue du roman.
A huit heures, il descendit à l'accueil, le traversa pour rejoindre le restaurant. Trois clients prenaient déjà leur petit-déjeuner et une odeur de café flottait dans l'air.
Le jeune homme s'installa et évita de commander des fruits. Désormais, la seule pensée de manger du fruit du Jacquier l'écoeurait. Il espérait néanmoins que la sensation disparaitrait au fil des jours, car il avait constaté que les laotiens se nourrissaient beaucoup de fruits.
Il avait d'ailleurs pris une photo d'un étal sur un marché*.
Johany tirait sa valise derrière lui en quittant l'hôtel, vers dix heures. Il comptait passer la journée à visiter la ville et commencer ses recherches. Après tout, l'objet principal de son voyage n'était pas le tourisme.
Ses parents adoptifs lui avaient dit, quand il était plus jeune, que sa mère s'appelait Lucie Barthès, qu'elle était une bonne amie à eux vingt ans plus tôt, qu'elle rêvait de voyage et de terres inconnues. Mais en creusant le sujet au fil des années, il avait aussi appris qu'elle comptait partir à Luang Prabang après avoir confié Johany à ses amis. C'était la dernière trace qu'ils avaient eu d'elle.
C'était pourquoi le jeune homme avait décidé de commencer ses recherches au Laos. Il comptait passer du temps à Luang Prabang pour tenter de trouver des informations sur sa mère, même s'il savait qu'il avait très peu de chance d'obtenir un quelconque indice de la trace de son passage vingt ans plus tard.
Il errait dans les rues de la grande ville, en espérant tomber sur l'office du tourisme. Avant de partir, il était sûr d'avoir pensé à tout, mais il avait oublié une chose : prendre un forfait internet et téléphonique pour l'étranger. Il se retrouvait donc sans moyen de communication jusqu'à trouver une borne wifi. Ce n'était pas que ses amis tenteraient de l'appeler, ni qu'il aurait besoin de réserver ses hôtels ou restaurants, mais avoir Google Maps lui aurait été utile pour se déplacer.
- Hem... Excuse-me, sir ? bégaya-t-il avec son accent français.
Le vieil homme qu'il venait d'arrêter dans la rue ne semblait pas comprendre l'anglais. Johany tenta donc sa chance une nouvelle fois auprès d'un groupe de cinq jeunes femmes. Son estomac se contracta mais il lutta contre la panique qui l'envahissait à la vue d'autant de filles et les héla :
- Sorry ladies, I'm looking for the office of tourism, could you help me ?
Sa voix avait un peu tremblé mais avait été assez forte pour que les filles l'entendent et s'arrêtent en souriant.
- Oh, the tourist office ? dit l'une d'elle, une laotienne d'une vingtaine d'années d'une grande beauté. Yes, follow us !
- Heu... What ? You want me to go with you ?
Et Johany suivit les filles qui gloussaient en lui jetant des regards en coin, tandis qu'ils marchaient en groupe au bord de la chaussée.
- We can take a tuk-tuk, we will arrive faster, suggéra l'une des laotiennes.
- If you want, no problem, approuva Johany, qui n'était encore jamais monté dans un tuk-tuk.
Ils en arrêtèrent un, les filles demandèrent au conducteur de les emmener à l'office du tourisme et trois d'entre elles montèrent derrière en pouffant, tandis ce que les deux autres restaient sur le trottoir. Johany grimpa à la suite des trois premières et cala sa valise entre ses jambes.
- They don't want to come ? demanda-t-il aux trois jeunes femmes en désignant les deux filles, qui repartaient à pied dans une autre direction.
- No, and it's perfect, répondit la fille qui lui avait adressé la parole en premier. Because otherwise, we would have been too many !
Johany n'avait pas tout compris, mais il hocha la tête en signe d'assentiment. Il les remercia pour leur aide sans savoir formuler qu'il était désolé de séparer leur groupe, puis sortit son téléphone pour prendre une photo, tandis que leur convoi prenait de la vitesse**.
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