Chapitre 7
Plus les jours passaient, plus Johany se sentait désespérément enfermé dans une routine malfaisante. Un quotidien qu'il commençait à détester. Sa solitude le hantait, il lui arrivait parfois de ne pas vouloir rentrer chez lui ; il s'était mis à haïr son appartement.
En réalité, il avait honte de lui-même. S'il se trouvait une copine, il se sentirait sûrement mieux. Mais il avait honte de penser qu'il ne pouvait pas aborder de filles. Il avait honte de sa grande timidité, il avait honte de tout le temps se cacher, il avait honte de ses réactions face au saucier du restaurant dans lequel il travaillait, il avait honte d'avoir sans cesse peur de tout...
Il fallait qu'il se prouve qu'il valait quelque chose, ou sinon il risquait bien de tomber en dépression, tout seul dans cet appartement minuscule et miteux qu'il détestait.
Au collège, il avait été harcelé. Au lycée, cela avait presque empiré, sauf en terminale, où il avait pu profiter d'une année de répit. Lorsqu'il était entré dans le monde du travail, ses supérieurs le méprisaient. Ils le voyaient comme un faible, parce qu'il avait toujours ce petit regard craintif, cette démarche mal assurée, ces épaules affaissées et ce dos voûté, en position de victime.
Johany se sentait de moins en moins à l'aise dans cet appartement vide et gris. Il ne cessait de ressasser ses pires souvenirs et malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à faire taire la petite voix qui, dans son esprit, tentait encore de le rabaisser.
Il sentait au plus profond de lui qu'il avait besoin de sortir, voir du monde, découvrir de nouvelles choses. Il avait surtout ressenti le besoin de connaitre sa mère biologique, lorsqu'il avait retrouvé sa photo dans le grenier de ses parents adoptifs.
A présent, elle trônait en première place sur sa table de chevet. Le sourire de sa mère semblait irradier d'une puissante lumière, qui éclairait le cœur de son fils et le poussait à s'accomplir en partant à sa recherche. Cette ébauche de sourire dégageait un espoir nouveau, que Johany n'avait jamais ressenti auparavant. Lorsqu'il était triste, il regardait le portrait de sa mère, qui semblait le porter avec tout son amour.
Pourtant, cette photo ne lui suffisait pas. Ce n'était pas ce sourire, bien que merveilleux, qui allait combler la place d'une mère.
Johany avait l'ardente ambition de la retrouver, de lui apprendre qu'elle avait toujours ce fils dont elle n'avait aparemment jamais voulu entendre parler depuis son départ.
Il voulait la revoir, lui prouver, ainsi qu'à lui-même, qu'il n'était pas si timide, pas si idiot, et qu'il était capable de quelque chose.
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